Haïti : l’ONU préoccupée par l'usage disproportionné de la force contre les journalistes couvrant les manifestations

fév 22, 2021

Le système des Nations Unies en Haïti s’est dit préoccupé par l’augmentation des cas d’agressions contre les journalistes couvrant les manifestations qui secouent le pays depuis quelques semaines.

« Couvrir les événements en direct est au cœur du travail journalistique, qui est essentiel pour garantir la liberté de la presse et le droit à l'information », a déclaré l’ONU en Haïti dans un communiqué de presse publié dimanche par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

« Les Nations Unies condamnent toute attaque commise contre des journalistes et appellent les autorités ainsi que les acteurs politiques au respect de la liberté de la presse et du droit à l'information. Une presse libre et indépendante, à l'abri de toute censure et de toute coercition, est indispensable à l’essor de la paix, au respect de la justice et à la promotion des droits de l’homme », déclare le communiqué.

L’ONU exhorte les forces de sécurité « à revoir leurs pratiques et à se pencher rapidement sur les violences contre les journalistes et autres acteurs des médias, afin que tout abus et toute violation avérés fassent l’objet de sanctions à la suite d’enquêtes dument diligentées ».

L’ONU rappelle les recommandations aux autorités haïtiennes sur la gestion de foules formulées dans le récent rapport conjoint du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) sur les violations commises lors des manifestions de 2018 et 2019.

Selon la presse, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche 14 février à Port-au-Prince dénonçant la légitimité du maintien au pouvoir du Président Jovenel Moïse. Jovenel Moïse soutient que son mandat à la tête du pays court jusqu'au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une partie de la classe politique haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse est arrivé à terme le 7 février dernier. Ce désaccord de date tient au fait que Jovenel Moïse avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.

4,4 millions d'Haïtiens ont besoin d'une aide humanitaire

La semaine dernière, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU avait indiqué que le nombre de personnes dans le besoin en Haïti avait considérablement augmenté au cours de l'année écoulée, 40% de la population ayant besoin d’une aide humanitaire, soit 4,4 millions de personnes.

« Cette augmentation considérable est la conséquence d'une série de crises sociopolitiques qui ont eu un impact significatif sur les fragilités existantes et sur la résilience du peuple haïtien », a dit le porte-parole, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse jeudi dernier. 

« Les Haïtiens ont également été touchés par la propagation de la Covid-19 et par l’impact des catastrophes naturelles, comme la tempête tropicale Laura de l’été dernier », a-t-il ajouté. « L'insécurité a également augmenté dans le pays. Cela comprend les enlèvements, les affrontements entre gangs armés entraînant la mort de civils, l'incendie de maisons et le déplacement de personnes. Les manifestations et les grèves ont également continué de paralyser les services de base ».