Les femmes très peu visibles dans les médias d'Afrique francophone

juin 20, 2019

Les femmes sont très peu visibles dans les médias, notamment audiovisuels, en Afrique francophone, où les experts invités, tout comme les présentateurs et journalistes vedettes sont majoritairement des hommes, selon une enquête rendue publique lors d'un salon professionnel à Abidjan.
L'enquête, à laquelle ont participé une centaine d'acteurs et d'actrices de l'audiovisuel dans toute l'Afrique francophone, indique que "61% des personnes interrogées estiment qu'il y a moins de 30% de femmes expertes invitées dans leur média", a détaillé jeudi la directrice de l'agence de communication Afrikacom, Séverine Laurent, lors de la 6e édition du Discop Abidjan (29-31 mai), un salon réunissant les professionnels de l'audiovisuel en Afrique subsaharienne.
Une quinzaine de questions portant sur la place des femmes dans les radios, télévisions, sociétés de production, la presse en ligne et la presse écrite, avaient été envoyées à plus de 750 personnalités des médias par la société américaine Basic Lead, organisatrice du Discop. Cent-sept personnes, dont 71% de femmes, ont répondu à ce questionnaire.

"Les médias font très peu appel à des femmes expertes. Et quand c'est le cas, on nous invite pour parler de maquillage, de coiffure, de mode, mais rarement pour parler d'aéronautique, de banque ou des sujets dits plus +sérieux+", a regretté Séverine Laurent, pointant des facteurs éducatifs et socio-culturels.
"On retrouve d'ailleurs ces mêmes problématiques en Occident", a-t-elle souligné.
Près de 60% des personnes ayant répondu au questionnaire estiment qu'il y a moins de 30% de femmes journalistes ou animatrices vedettes dans les émissions diffusées ou les articles publiés par leur média.

Mme Laurent a aussi évoqué le harcèlement des femmes. "J'ai été extrêmement choquée de voir que 14% des femmes du panel ont vécu du harcèlement physique et 36% du harcèlement moral dans le cadre de leur travail, de la part de leur supérieur hiérarchique ou d'un collègue de travail", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Elle espère sensibiliser le milieu de l'audiovisuel grâce à cette enquête.
"Beaucoup d'hommes ne sont pas encore conscients des limites entre la drague et le harcèlement, tout comme ils ne sont pas conscients des inégalités" en termes de rémunération, relève Séverine Laurent. Seulement 31% des hommes ayant répondu au questionnaire estiment que les hommes sont mieux payés que les femmes.
Le Discop organisera différentes journées consacrées aux femmes dans les médias dans le courant de l'année, notamment à Kinshasa, Brazzaville, Dakar et Abidjan.

Source : L’Express