UPF-GUYANE condamne fermement l’agression de deux journalistes

fév 05, 2019

Le 25 décembre, la rédaction souhaitait faire vivre Noël dans un quartier d'habitat spontané de Petit Lucas à Rémire Montjoly. Malheureusement ce reportage n'a pu se faire. Deux confrères Gaël Ho A Sim et Pierre Tréfoux ont été pris à partie par un groupe d'individus les obligeant à fuir.

Mais heureusement et c’est le plus important. La casse n’est que matérielle : une caméra détruite. Venue en plateau au JT Soir, la rédactrice en chef adjointe Corinne Bergeron apporte les explications suivantes :

« Nous saluons surtout le sang-froid dont nos deux journalistes ont fait preuve pour se sortir de ce guet-apens. Car c’est bien un piège qui leur a été tendu. Ils tournaient un reportage de Noël dans ce quartier d’habitat informel. Ils avaient déjà recueilli plusieurs témoignages des habitants. Et puis un groupe de jeunes, 18-20 ans environ, les a appelés, leur a fait signe de venir vers eux pour soit disant raconter leur Noël. En réalité ces jeunes les ont agressés gratuitement, semble-t-il, en tout cas on ne comprend pas pourquoi ils ont molesté le cameraman. Ils lui ont arraché la caméra avant de la détruire complètement. La bande se composait d’environ 10 personnes, qui avaient bu de l’alcool et qui se sont montrées très agressives. Nos collègues ont dû quitter précipitamment les lieux. Gaël Ho A Sim et Pierre Tréfoux, nous assurent qu’ils vont bien, même s’ils ont eu très peur. Nous avons porté plainte auprès de la gendarmerie de Rémire-Montjoly. »

Cet acte de violence n’est absolument pas représentatif des habitants du quartier, ont insisté les deux victimes, soulignant l’accueil qui leur a été réservé par ces derniers. C’est avec ces mots que le médias s’est adressé à son public : « Des familles qui, malgré la précarité, s’efforcent d’offrir un Noël à leurs enfants. C’est ce que l’on voulait vous montrer ce soir dans le journal. Malheureusement les images ont été perdues. A ce sujet, nos reporters ont apprécié l’attitude de deux autres jeunes du quartier, eux pour le coup très amicaux. Suite à l’agression, ils ont proposé leur aide pour tenter au moins de récupérer les images du reportage. Sans succès, la caméra a semble-t-il été jetée dans une étendue d’eau ».

Une plainte a été déposée à la gendarmerie de Rémire-Montjoly. Les deux journalistes se portent bien même s'ils ont eu très peur.

Cet épisode de violence à l'égard de ces deux journalistes a été immédiatement condamné par les professionnels des médias en Guyane dont l'Union de la Presse francophone de Guyane.

Dans un communiqué publié le 25 décembre, l’Union de la Presse Francophone de Guyane dénonçait « avec fermeté l’agression des journalistes Gaël Ho-Ha-Sim et Pierre Trefoux ».

Rappelant qu’en « moins de deux mois, trois confrères ont été agressés par des jeunes », l’UPF-Guyane s’interroge sur les motivations réelles de ces attaques répétées contre les journalistes.

« L’UPF-Guyane reste vigilante quant aux atteintes à la liberté d’informer d'où qu'elles viennent. Elle condamne avec vigueur ces faits de violence et appel à la retenue.
», souligne le communiqué.

L'Union de la Presse Francophone demande, par ailleurs, « le respect total de l'indépendance, du travail et de la libre circulation des journalistes en Guyane ».

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L’UPF Guyane répond à la CTG qui met en cause le travail des journalistes

L’Union de la Presse Francophone de Guyane dénonce une attaque inquiétante de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) au droit d’informer et à la liberté d’expression en Guyane.
Suite à un reportage diffusé le 19 décembre dans le journal télé de 19h30 de Guyane La 1ère, la CTG a diffusé le lendemain un communiqué de presse mettant gravement en cause la probité d’une journaliste de notre chaîne et celle des journalistes du Guyane de manière générale.
Que raconte ce reportage ?
Il évoque l’erreur faite par la société qui a fabriqué un totem de l'écrivain Léon Gontran Damas pour le lycée du même nom, totem sur lequel figure la photo d’un écrivain surinamien, Henri Frans de Ziel. L’erreur a été relevée par la romancière Françoise James Ousénien, qui s’en est inquiétée sur les réseaux sociaux.
La CTG reproche à notre consœur d’avoir donné la parole à Mme. James-Ousénien. Son statut de salariée d’une collectivité dirigée par une opposante du président de la CTG lui retirerait subitement tout droit d’expression. Or, il est de notoriété publique qu’elle est auteure et amatrice de littérature. De plus, elle a découvert une réalité : une erreur sur la photo du plus célèbre des écrivains guyanais.
Dans ce sujet, notre collègue précise bien que le totem a été « commandé par l’établissement » et « financé par la CTG ».
La CTG est propriétaire des murs et finance l’opération : ne peut-on pas s’étonner de l’absence de contrôle sur un ouvrage financé par ses soins ? N’est-ce pas légitime de se poser cette question ? La Guyane est-elle encore un territoire où les journalistes peuvent poser des questions de fond ?
Dans la conclusion de son communiqué, la CTG croit bon d’élargir son propos, en dénonçant des personnes qui « se servent de leur fonction au sein de médias locaux pour se livrer à des campagnes de désinformation et de manipulation de l’opinion publique au profit des personnalités politiques ou issues de la société civile qu’elles soutiennent, et ce au mépris de la déontologie la plus élémentaire ».
Ces propos constituent une insulte pour les équipes de Guyane La 1ère, et ils sont infondés : le président de la CTG et sa majorité s’expriment régulièrement sur les trois médias de notre chaîne, tout comme leurs opposants, dans le cadre du débat démocratique.
L’Union Internationale de la Presse Francophone de Guyane dénonce l’utilisation de moyens publics par la CTG pour stigmatiser nommément une journaliste dans l’exercice de son métier, et nuire à sa réputation.
L’UPF s’interroge sur les motivations réelles de ces attaques, et restera vigilante quant aux atteintes à la liberté d’informer d'où qu'elles viennent.

Remire-Montjoly, le 25 décembre 2018

Frantz Montoban
Président UPF Guyane