|
|
Des changements au service
d’un développement
|
|
Par Zara Nazarian,
Secrétaire générale internationale
Chère consœur, cher confrère,
Cette édition d’infolettre vous parvient avec quelques jours de retard par rapport à sa date habituelle de parution. Ce retard s’explique par la volonté de tenir compte des modifications que le Bureau de l’UPF internationale vient tout juste d’apporter aux conditions d’adhésion à notre organisation. Nous sommes heureux d’annoncer que les critères d’adhésion à l'Union de la Presse francophone qui constituent le socle de son professionnalisme et de sa crédibilité, ainsi que les frais accompagnant les adhésions, deviennent plus souples et plus adaptés à des contextes sociogéographiques variés. Ils laissent en même temps plus d’autonomie aux sections nationales pour fixer et gérer les cotisations de leurs membres.
Pour la première fois dans son histoire, l’accès à l’UPF est officiellement ouvert aux étudiants en journalisme et communication. Nous avons ainsi voulu répondre aux souhaits émis à de nombreuses reprises par certains de nos membres qui regrettaient ne pas pouvoir intégrer les jeunes collègues au sein de leurs sections respectives. Nous avons également modifié les conditions d’adhésion des membres institutionnels, afin de donner davantage de souplesse à nos consœurs et confrères travaillant dans différents types de média.
Les changements cités ci-dessus s’inscrivent dans la logique de renouvellement et d’expansion de notre organisation, commencée depuis quelques années déjà, mais ralentie pour cause de la pandémie.
Parallèlement à ces changements, nous sommes heureux de poursuivre nos activités scientifiques en continuant le cycle de conférences régionales introduites à la rentrée 2022 par notre rencontre aussi chaleureuse que réussie à Bari, à l’initiative de la section italienne. C’est à la fin de ce mois que nous donnons rendez-vous à nos membres et collègues présents à Paris pour une conférence-débat sur la liberté de la presse dans l’espace francophone (renseignements : direction@presse-francophone.org).
Ainsi, malgré son âge respectable, l’UPF est plus active et plus rajeunissante que jamais !
Rejoignez-nous !
Avec mes amitiés pour chacune et chacun,
Zara Nazarian
|
|
UPF : Lancement de la campagne d'adhésions 2023
|
|
|
La campagne d'adhésion/renouvellement pour l'année 2023 est lancée.
Les demandes sont à envoyer à vos sections respectives qui se chargeront de les centraliser et de les valider en amont avant l'envoi au secrétariat international à Paris. Ces demandes seront ensuite validées par le secrétariat général.
Pour les pays qui ne disposent pas de section nationale, les demandes sont à envoyer de façon individuelle à Paris à l'adresse suivante : union@presse-francophone.org.
L'UPF ne vit que par et pour ses adhérents. Nous vous attendons nombreux pour 2023.
TELECHARGER LE BULLETIN D'ADHESION /
https://mcusercontent.com/3c6ca9fcb7350e140c279ae97/files/7ad83e54-1093-3a29-bcf5-477c906562e1/Fiche_renouvellement_adhesion_2023.doc |
|
|
|
|
|
Conférence de l'UPF à Paris
|
|
L'Union internationale de la presse francophone continue son cycle de rencontres régionales. Après le colloque du mois de septembre à Bari (Italie) sur les "défis de l'information en Europe aujourd'hui et demain", c'est à Paris que l'UPF internationale organise une conférence-débat sur "la liberté de la presse dans l'espace francophone".
La rencontre de Paris se déroulera dans les locaux de la représentation Wallonie Bruxelles en présence du Délégué Général, M. Marc Clairbois qui prononcera un mot de bienvenue.
Participeront aux débats : Anne-Cécile Robert, présidente de l'UPF internationale et directrice des éditions et relations internationales du Monde diplomatique, le journaliste franco-américain Harold Hyman et le journaliste franco-italien Alberto Toscano, également président de la section italienne de l'UPF. La conférence sera ponctuée des témoignages de sections de l'UPF à travers l'espace francophone.
|
Elle marquera le lancement des nouvelles activités de l'UPF internationale qui a renouvelé ses instances dirigeantes au mois de juillet dernier, sous la présidence d'Anne-Cécile Robert.
Cette première conférence à Paris ainsi que sa thématique entrent dans la droite ligne de la vision tracée par la nouvelle équipe dirigeante de l'UPF.
"L’UPF, comme aussi bien l’univers médiatique que le monde francophone, affronte des défis inédits qui confirment l’intuition de ses fondateurs quant à la nécessité d’organiser la presse francophone et rendent plus pertinente encore son action.
Plus que jamais, la liberté d’expression et celle de la presse, au cœur des missions de l’UPF, sont menacées à travers la planète alors que grandissent les tentations autoritaires et guerrières", soulignait la présidente de l'UPF internationale sur ces mêmes colonnes.
|
|
LA VIE DES SECTIONS
Le journalisme entrepreneurial au service
de la jeunesse géorgienne
|
|
Lundi 31 octobre, mardi 1er et mercredi 2 novembre, l’UPF-Géorgie a organisé à Tbilissi, conjointement avec l’OIF (Organisation internationale de la francophonie), une formation de deux jours et demi consacrée au journalisme entrepreneurial. L’occasion pour les jeunes (et moins jeunes!) étudiants ou journalistes géorgiens d’aborder la possibilité de médias parallèles au paysage médiatique, relativement polarisé, de leur pays. Une traduction simultanée français-géorgien a été mise en place, durant toute la durée de l’événement.
La formation s’est tenue à l’Université de Géorgie et a été orchestrée par le journaliste français Laurent Couderc, basé à Bucarest (Roumanie) depuis une vingtaine d’années et créateur-rédacteur en chef de son propre média « Regard ». Fort de son expérience personnelle, Laurent a réussi à démontrer qu’il est possible encore aujourd’hui de sortir des sentiers battus et de donner un sens à la profession de journaliste, tout en restant indépendant et fidèle aux valeurs que l’on souhaite véhiculer.
C’est une petite quarantaine de personnes, principalement des étudiants, qui sont arrivées lundi matin à l’Université de Géorgie, pour le début de la formation.
|
Sur les deux jours et demi qu’a duré l’événement, ils ont eu l’occasion d’en apprendre davantage sur le fonctionnement des médias classiques, la prédominance des réseaux sociaux (et ses dangers), l’importance de prendre son temps lorsque l’on délivre une information, le respect de son audience ainsi que la possibilité de quitter les schémas classiques.
À travers des exemples concrets de médias indépendants qui ont vu le jour en Géorgie, malgré un schéma économique compliqué (5 chaines de télé détiennent plus de 80% des parts de marché), les participants ont pu échanger avec des acteurs locaux (Sova News et Grlzwave) qui se battent tous les jours pour délivrer une information de qualité et non-aseptisée à la population géorgienne.
Sortir des médias « mainstream » n’est pas chose aisée. Aller vers un modèle privé c’est prendre le risque de s’entourer de partenaires financiers qui n’ont pas forcément les mêmes idées éditoriales que vous. Tant de contraintes et difficultés auxquelles Laurent Couderc a tenté de répondre, à l’aide de cas précis et illustrés par des témoignages de grands journalistes internationaux. À la fin de la formation, tous les participants se sont vu remettre un petit certificat.
L’UPF-Géorgie, tout juste créée en juin dernier, se réjouit de cette première coopération avec l’OIF et du succès de cette formation comme premier événement, qui s’annonce de bon augure pour la suite.
Pour l’UPF-Géorgie, Guillaume Moulaert
Président de section
|
|
« Le Coing d’Or », une tradition d’automne de la francophonie moldave
|
|
Les prix de la 16e édition du concours de rédaction en français « Le Coing d’Or » ont été remis le 22 octobre 2002 à l’Université d’Etat de Chisinau, capitale de la Moldavie. Créé en 2006 par la section moldave de l’UPF, ce prix est destiné à récompenser des lycéens ou étudiants capables de rédiger en français une composition sur un thème donné puis de la défendre oralement face à un jury d’enseignants et de journalistes.
Après une présélection rigoureuse, dix candidats - huit lycéennes et deux lycéens - ont participé à la finale de l’édition 2022 et ont rivalisé sur le thème « Guguta, le petit prince moldave a grandi ». Le choix de ce personnage bien connu de la littérature moldave pour enfants, imaginé par l’écrivain Spiridon Vangheli, aujourd’hui âgé de 90 ans, illustre l’originalité de la contribution de la Moldavie à la culture francophone et mondiale. Déjà traduit en 40 langues, cette œuvre peut être comparée à bien des égards au Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry, ce que n’ont pas manqué de faire plusieurs des participants au concours.
Après une introduction du professeur Ion Gutu, président du jury, les neuf finalistes ont présenté leurs travaux respectifs. Et si plusieurs ont en effet insisté sur les analogies et les différences entre les personnages de Guguta et du Petit Prince, d’autres ont imaginé ce que le petit héros moldave aurait pu devenir en grandissant et quelle profession il aurait choisi pour le bien de son pays.
Grâce à ses partenaires, la Communauté moldave de Suisse, le gouvernement helvétique à travers la représentation en Moldavie de la Direction de la coopération au développement (DDC), le bureau à Chisinau de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), le jury a pu remettre quatre prix en récompense des meilleurs travaux. Le grand prix a ainsi été décerné à Milena Sîli, lycéenne dans la ville de Soroca, qui a imaginé que Guguta devenait ingénieur en France pour résoudre les problèmes énergétiques de la Moldavie. Le premier prix est revenu quant à lui à Iulian Plop, également lycéen de Soroca, qui a fait du petit héros de
|
légende un instituteur devenu ambassadeur de tous les enfants du monde.
Le deuxième prix a été décerné à Nicoleta Budeanu, lycéenne de la ville d’Ungheni, qui a souligné, après avoir comparé Guguta et le Petit Prince, que l’enfant qui subsiste à l’intérieur de chaque adulte, est notamment une garantie de ce que les valeurs nationales ne disparaissent jamais. Le troisième prix est revenu à Beatriz Zgavordei, autre lycéenne de Soroca, qui a illustré de ses propres dessins l’évolution de Guguta devenu professeur.
Un prix spécial a enfin été remis par un représentant de la section suisse de l’UPF à Veronica Barbacari, lycéenne d’Ungheni, pour la spontanéité de sa présentation. Elle fut en effet la seule à ne lire aucune partie de son exposé, ni sur papier, ni en paraphrasant un texte présenté à l’écran. Il est à noter que tous les finalistes venaient de villes de province et pas de la capitale.
Les représentants étrangers présents lors des présentations orales ont été impressionnés par l’excellent niveau général du français parlé par les candidats. Tant du point de vue de la richesse du vocabulaire que de la prononciation, les jeunes moldaves se sont exprimés d’une manière que nombre de leurs homologues de pays francophones pourraient leur envier… Outre leur mérite propre, cela souligne aussi la qualité de l’enseignement du français dispensé en Moldavie.
A l’heure où la langue anglaise continue – pour le moment – à « gagner des parts de marché » en Moldavie comme dans la plupart des pays européens, les participants au concours « Le Coing d’Or » ont démontré que la langue que nous avons en partage a encore de beaux jours devant elle, et peut-être même davantage selon la tournure que prendra la géopolitique mondiale.
Philippe Stroot
|
|
Participation active de l'UPF Tunisie
au Sommet de la Francophonie à Djerba
|
|
L’UPF Tunisie participera au Sommet de la Francophonie à Djerba. La section tunisienne de l'UPF sera accompagnée par un groupe d’étudiants membres des clubs de la presse francophone à l’IPSI (Institut de Presse et des Sciences de l’Information).
Les étudiants en journalisme feront la couverture du Sommet et des différentes activités parallèles, notamment celles programmées dans le cadre du Village francophone et du Forum économique.
|
Ils produiront des articles, des podcasts et des vidéos, en plus de la diffusion d’un bulletin quotidien et l’animation d’une émission radio spéciale en direct du Sommet.
Cette initiative est organisée par la section tunisienne de l'UPF en collaboration avec l’IPSI (Institut de Presse et des Sciences de l’Information) et l’IFT (Institut français de Tunisie).
L'UPF internationale sera représentée au Sommet par sa présidente, Anne-Cécile Robert, et sa secrétaire générale, Zara Nazarian. Au programme de leurs activités à Djerba figure notamment la participation à un débat en direct aux côtés de l'Organisation internationale de la Francophonie dans le cadre des animations du village de la Francophonie.
|
|
UPF-Djibouti : Atelier de formation
à la rédaction et la réalisation vidéo
|
|
L’Union de la Presse francophone de Djibouti, en collaboration avec l’UNICEF, a lancé le 8 novembre, à l’Institut des Etudes Diplomatiques de Djibouti, les travaux d’un atelier de formation des jeunes sur la rédaction d’articles de presse et la réalisation de courtes vidéos.
La cérémonie de lancement de cet atelier qui dure trois jours a vu la participation d’une vingtaine de jeunes djiboutiens bénéficiaires.
Le Président de l’UPF Djibouti M.Kenedid Ibrahim Houssein a rappelé la bonne collaboration qui existe entre son organisation et l’UNICEF qui par le passé ont organisé conjointement plusieurs activités dont entre autres le prix national des médias pour les droits des enfants, la semaine de la presse dans les collèges et Lycées. Il a remercié l’UNICEF pour ce partenariat et la confiance accordée à l’UPF-Djibouti.
Abordant la formation des jeunes sur la rédaction d’articles de presse et la réalisation de courtes vidéos, le président de l’UPF Djibouti a indiqué que l’objectif est de mieux outiller les jeunes pour qu’ils puissent acquérir les bases de l’écriture et les techniques de base de la réalisation audio-visuelle. Il a souligné que " l'atelier comprendra également une partie pratique. A la fin de cette formation les jeunes auront produit un nombre d’articles, vidéos et photos qui seront présentés dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de l’enfance le 20 novembre prochain ".
De son côté la représentante de l’UNICEF à Djibouti Mme Beate Dastel a indiqué que « pour l’UNICEF, les jeunes sont des partenaires et des agents de changement qui peuvent influencer positivement les questions qui affectent leur vie, individuellement et collectivement. »
|
« C’est dans ce cadre que nous appuyons des initiatives telles que celle organisée aujourd’hui par l’UPF, ayant pour objectif de vous donner des outils qui vous permettront de produire aujourd’hui et plus tard de contribuer à l’amélioration des conditions nécessaires pour que chaque enfant présent à Djibouti puisse s’épanouir dès son plus jeune âge. », a-t-elle déclaré.
S’adressant aux participants à cette formation elle a précisé : « Vous allez travailler sur une thématique qui a un impact direct sur les droits de l’enfant à savoir le changement climatique. Comme vous pourrez le voir lors de cet atelier, le changement climatique est une réalité globale qui touche des millions de personnes à travers le monde et les conséquences risquent de s’accroitre si rien n’est fait. Et vous pouvez contribuer à améliorer les changements climatiques et l’environnement par votre engagement et l’imagination d’actions innovantes. Votre rôle est important ».
Mme Beate Dastel a conclu son intervention par ces propos : « Cet atelier proposé par UPF-Djibouti avec le soutien de l’UNICEF vous offre une opportunité grâce à ce que vous allez apprendre et aux produits que vous allez réaliser à la fin de ces trois jours de contribuer aux efforts nationaux, régionaux et globaux pour faire face aux dangers du changement climatique. »
UPF-Djibouti
|
|
Chronique de Pierre Ganz :
La mort de Lola
et les journalistes
|
|
Un fait divers terrible a ému les français ces dernières semaines. Une collégienne de 12 ans, Lola, a été retrouvée morte tuée dans des conditions effroyables. L’affaire a occupé les médias plusieurs jours, et provoqué un débat politique.
L’objet de cette chronique n’est pas de revenir sur les prises de positions de politiciens et les manifestations publiques qui ont fleuri après l’assassinat de cette adolescente. Chacun est libre d’en penser ce qu’il veut. Mais la couverture de ce drame suscite quelques réflexions qui touchent à la déontologie du journalisme.
Le calvaire de Lola - enlevée devant chez elle, victime de sévices sexuels, étouffée, poignardée - est assez atroce pour qu’on n’en rajoute pas. Le risque est réel dans ce genre d’affaire de flatter le gout du morbide, de répéter ad nauseam des mots et des détails « choc » qui ne sont pas nécessaires à la compréhension des faits. Or certains médias ont rapidement émis des hypothèses que peu d’éléments étayaient. Des détails ont été montés en épingle. Un journal écrit qu’un témoin, non identifié, a évoqué « un trafic d’organe ». Cela devient par exemple dans un quotidien régional ce titre « Le corps de Lola, 12 ans, retrouvé dans une malle à Paris : un trafic d'organes ? ». Certes le point d’interrogation « couvre » l’auteur. Mais la rumeur circule et pas que sur les réseaux sociaux. C’est l’avocat de la principale suspecte qui réagira, demandant que cessent ces élucubrations sur une hypothèse qui « n’a jamais fait partie des débats et qui n’en fera jamais partie »
Sur une chaîne de télévision, un spécialiste des faits divers expose au début de l’enquête les données qu’il a recueillies. Dont la présence de deux chiffres, 1 et 0, sur le corps de la victime. Aussitôt il enchaîne : « Est- ce que c’est une espèce de meurtre satanique ?, c’est encore trop tôt pour le dire ». Si c’est « trop tôt pour le dire » autant ne rien dire. Car cette pure spéculation devient sur d’autres médias l’hypothèse « d’un rituel sur enfants » comme si elle était retenue par les enquêteurs. Et ces supputations sont confortées, crédibilisées, par les débats en direct consacrés à ce crime où elles deviennent des « faits » que des commentateurs omniscients décortiquent et commentent …
Faut-il rappeler que la déontologie du journaliste « tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles » (Charte d’éthique des journalistes français) , qu’elle invite « à publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent » (Déclaration des droits et devoirs des journalistes européens), et que « la notion d'urgence ou d'immédiateté dans la diffusion de l'information ne prévaudra pas sur la vérification des faits » (Charte d’éthique mondiale des journalistes ) ?
Les télévisions ont multiplié les interviews de camarades de collège ou de petits voisins de Lola. Certaines ont flouté les visages, filmé les pieds de leurs jeunes interlocuteurs, d’autres pas. Espérons que dans ce dernier cas les journalistes avaient recueilli l’accord explicite d’un adulte pour interroger et montrer des mineurs. C’est la loi. L’intérêt informatif de ces témoignages - restituer l’émotion suscitée par le crime - peut s’entendre. Mais tout n’est pas possible pour les obtenir. La Charte d’éthique mondiale des journalistes a prévu ce cas de figure : « Le/la journaliste fera preuve d'une attention particulière à l'égard des personnes interrogées vulnérables » y lit-on. Il semble que cela ait été parfois oublié. Des habitants du quartier où vivait Lola s’en sont émus dans un communiqué, s’indignant « que des journalistes aient fait pression sur des enfants pour les interroger y compris en les poursuivant ».
|
Les obsèques de Lola ont fait l’objet d’une couverture intense. Directs répétés, interviews de proches ou de badauds à proximité de l’église. Là encore, compte-tenu de l’émotion suscitée par l’assassinat de Lola, de la présence de deux ministres du gouvernement dont le ministre de l’intérieur, l’intérêt accordé à ces funérailles se justifiait. Un compte-rendu a posteriori aurait sans doute mieux respecté le recueillement et la douleur des familles, et la dignité des téléspectateurs et auditeurs. Car on n’a pas échappé à un certain voyeurisme. Des auditeurs de la radio publique s’en sont émus. Ils ont jugé « déplacées et irrespectueuses » les diffusions des prises de paroles des proches de Lola, dont, a écrit une auditrice « les pleurs de la tante et la voix qui flanche de son frère. Ça a été un instant de malaise pour moi. Un voyeurisme qui m’a été imposé ». La direction de Radio France a reconnu que les extraits du « son des obsèques qui était mis à disposition des médias (…) auraient pu sans doute être mieux choisis ».
Des vidéos de la petite victime comme de la principale suspecte ont été diffusées à foison. Beaucoup étaient reprises sur les réseaux sociaux. Les proches de la victime ont-ils donné leur accord ? Et ceux de la principale suspecte, qui a droit elle aussi au respect de sa vie privée, quels que soient les faits qui lui sont reprochés ? La règle est d’obtenir l’autorisation d’utiliser ces documents même si le profil d’utilisateur n’est pas réglé sur "privé" ou "amis”. Ces nouveaux outils sont parfois l’occasion de dérives obscènes : on a vu un quotidien régional intégrer ce fait divers dans un quiz sur son compte Instagram, avec cette question : « quel âge avait Lola : 10 ans ? 12 ans ? 16 ans ? ». Preuve que les journalistes ne doivent pas abandonner ces supports aux spécialistes du marketing et de la chasse au clic, mais s’y investir pour imposer leur déontologie.
Enfin il y a eu les débats sur la principale suspecte. Elle est algérienne, et cela a été précisé par de nombreux médias. Il faut ici rappeler qu’un journaliste doit veiller, dit la charte mondiale d’éthique, à « ce que la diffusion d’une information ou d’une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés et fera son possible pour éviter de faciliter la propagation de discriminations fondées sur l’origine géographique, raciale, sociale ou ethnique, le genre, les mœurs sexuelles, la langue, le handicap, la religion et les opinions politiques ». En l’occurrence, cette précision, et celle sur le non-respect par la suspecte d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui lui avait été signifiée, ont contribué à déchainer une campagne de haine et de préjugés. Et inviter le porte-parole d’un parti politique d’extrême-droite pour commenter en direct la mort de Lola, comme on l’a vu, n’était sans doute pas le choix éditorial le plus pertinent ni le plus éthique.
Cette précision sur la nationalité de la suspecte n’apportait rien à la compréhension des faits qui lui sont reprochés. Personne ne s’est étonné qu’on ne précise pas quelques jours plus tard que l’assassin présumé d’une jeune femme dans la région de Brive, dans le sud-ouest de la France, était français. Réserver l’indication de la nationalité aux étrangers n’a aucune justification. C’est une mauvaise habitude de la presse de donner cette indication. On peut la changer. Un quotidien régional allemand, à Dresde, donne depuis plusieurs années la nationalité de tous les délinquants, par exemple ainsi : « Neuf personnes sont mises en cause pour violation de la loi sur les stupéfiants après une opération de police mardi, à proximité de la Wiener Platz. Les forces de l’ordre ont arrêté six Allemands, un Tunisien, un Marocain ainsi qu’un autre homme d’origine inconnue ». Selon un expert interrogé par le site spécialisé Arrêt sur Images, « après cette décision éditoriale, la crainte vis-à-vis de l'immigration s'est mise à diminuer dans les localités où le journal était diffusé ». Oui, les journalistes ne peuvent s’exonérer de toute responsabilité.
Pierre Ganz
|
|
Chronique de Jean-Claude Allanic :
Dites-le avec l’accent
|
|
« Tâche de ne pas faire une tache » me disait-on quand j’étais petit – c’était il y a longtemps. Et comme j’en faisais beaucoup, de taches, j’ai tâché de faire davantage attention. Jusqu’au jour où je me suis fait traiter de « tache » indélébile par un instituteur grincheux qui tâchait de m’apprendre le français.
À l’école, ce fut douloureux. Prenons la conjugaison du verbe « être ». Quand doit-on écrire « fut » ou « fût » – That is the question ? Le même instituteur grincheux m’expliqua que l’accent circonflexe était réservé à « nous fîmes » ou à « vous fîtes » mais que « je fis » n’en prend pas ; allez savoir pourquoi !
Autres questions existentielles : pourquoi « vous faites » et non pas « vous faisez », ce qui serait plus logique. Quant à « quand », quand l’écrire avec un « t » et quand l’écrire avec un « d » ?
Heureusement, on n’arrête pas le progrès. Pour ceux qui ne sont pas allés à l’école depuis très longtemps, sachez qu’une réforme de l’orthographe engagée en 1990 rend facultatif l’emploi de l’accent circonflexe sur les lettres « u » et « i » sauf si - les exceptions sont le charme de la grammaire - il y a un risque de confusion avec un homonyme. Les accents ne sont plus obligatoires sur « maîtresse » et « huîtres » mais restent indispensables sur « mûrs » et « jeûne ». Mais, c’est bien sûr !
Heureusement, à l’ère du 2.0 et des poussières, le correcteur d’orthographe de mon ordinateur, me mâche le travail. Je n’ai plus besoin de réfléchir. Par exemple, si j’écris bêtement - ce qui n’est pas mon genre : « Etait-je eureus ?», ses neurones informatiques détectent instantanément ce qui ne va pas. En une nano seconde, il a rectifié en me suggérant de remplacer « Etait-je » par « Saint-Jean » ; les voies de l’intelligence artificielle sont parfois impénétrables. Quant à « heureus », il m’a aimablement proposé le choix entre creuseur, erreurs (avec un s), lustreur ou museur. En tant que journaliste, je sais creuser, je sais commettre des erreurs et je comprends ce que sous-entend l’action de lustrer (genre, cirer les pompes).
|
Toujours prêt à me rendre service, mon PC m’a expliqué qu’un museur était une personne « enclin/-encline à muser, qui a l’habitude de musarder ». Dans les salles de rédaction, on dit « glander ».
Je reconnais que mon correcteur d’orthographe tâche de faire de son mieux, même s’il est incapable de faire la différence entre une tâche et une tache. Dans le fond, c’est rassurant. Ce qui n’empêche que lui et moi, nous sommes souvent fâchés.
Prenons le problème des accents sur les majuscules. Mon ordinateur prétend qu’il suffit de sélectionner la lettre de mon choix, puis d’aller sur format puis d’aller sur texte puis d’aller sur majuscules. Fastoche, comme dit ma petite-fille. Malgré tout, n’y aurait-il pas un chemin plus direct ? J’ai interrogé quelques confrères de la francophonie. Renaud Gilbert, ancien médiateur de Radio Canada, à qui j’ai demandé comment il faisait, m’a répondu qu’il suffisait de « peser » longuement sur la lettre choisie et qu’avec Alt Car (c’est quoi ça ?) pour obtenir de multiples options. « C’est pareil pour mon téléphone intelligent * » a-t-il aimablement précisé.
Faut croire que c’est moi qui ne le suis pas, intelligent. Car j’ai un autre problème avec les accents.
Quand j’écris un message à ma banque, son site n’accepte pas cette phrase banale : « virement à l’illustrateur » ; d’abord, parce que c’est bien trop long, ensuite parce que « seuls les caractères alphanumériques (lettres majuscules et minuscules sans accents) sont autorisés ». Renseignement pris, cela coûterait trop cher aux banquiers français de modifier leur logiciel.
Impossible est français. Mais, aux banquiers suisses rien n’est impossible. Notre confrère de l’UPF, Jean-Pierre Molliet, confirme que les sites helvétiques (francophones) n’ont pas de problèmes avec leurs accents. Heureux pays !
Pour conclure, il est bien évident que si vous relevez des fautes dans ma chronique, cela ne peut aucunement m’être imputé. Ce ne saurait être que la faute de mon ordinateur !
*smartphone en français.
|
|
FRANCOPHONIE
Remise à Hanoï des prix du 7e concours "Jeunes Reporters Francophones”
|
|
La cérémonie de remise des prix du concours "Jeunes Reporters Francophones 2022" a eu lieu le 4 novembre à Hanoï.
"Jeunes Reporters Francophones 2022" est un concours d’écriture journalistique à l’intention des jeunes, organisé annuellement par Le Courrier du Vietnam, le seul journal en langue française du Vietnam.
Fort du soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA), le concours bénéficie également de l’appui de l’Agence universitaire
|
de la Francophonie (AUF), de celui de la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Vietnam ainsi que du Groupe des ambassades, délégations et institutions francophones au Vietnam (GADIF). 58Présente à l’événement, la directrice générale de la VNA, Vu Viet Trang, a hautement apprécié les efforts du journal Le Courrier du Vietnam pour maintenir le concours annuel. Selon elle, le concours est une motivation et une inspiration pour les jeunes à aimer davantage le français. Le succès du concours justifie la diversification des formes de communication et de promotion de l'image du Vietnam auprès de la communauté francophone et des amis internationaux.
L'édition 2022, placée sous le thème “"La francophonie de l'avenir : les jeunes font entendre leurs voix", a reçu 95 œuvres de 199 candidats, groupes de candidats des quatre coins du pays et un certain nombre de jeunes ressortissants français. Le premier prix a été décerné à Ho Ngoc Vinh Nguyen. Le jury a attribué en outre un deuxième prix, un troisième prix, deux prix d’encouragement et six autres prix.-VNA
|
|
LIBERTE DE LA PRESSE
Impunité : la FIJ demande une Convention pour renforcer la sécurité des journalistes
|
|
À l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, le 2 novembre, la FIJ appelle les gouvernements, les journalistes et les groupes de médias à soutenir l'adoption d'une convention des Nations unies sur la sécurité et l'indépendance des journalistes et autres professionnel.le.s des médias.
Malgré ses bonnes intentions, le Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et l'impunité n'a pas été en mesure d'offrir "l'environnement libre et sûr pour les journalistes et les travailleurs des médias" qu'il promettait.
Au contraire, les journalistes continuent d'être attaqué.e.s, battu.e.s, détenu.e.s, harcelé.e.s et menacé.e.s pour avoir fait leur travail. Les menaces permanentes qui pèsent sur la sécurité numérique des journalistes, notamment les cyberattaques, le vol de données, le piratage et le harcèlement en ligne, menacent la sécurité des professionnel.le.s des médias, ce qui rend l'adoption d'un instrument qui obligerait les gouvernements à s'attaquer à l'impunité des violences visant les journalistes et le personnel des médias d'autant plus urgente.
"Nous manquons d'un instrument international contraignant qui obligerait les États membres à enquêter et à réagir aux attaques contre les journalistes", déclare Dominique Pradalié, Présidente de la FIJ.
La FIJ a déjà recensé 59 meurtres de professionnels des médias en 2022, soit 12 de plus qu'en 2021.
La Fédération pointe notamment des pays tels que l'Afghanistan, la RDC, Haïti, l'Inde, le Mexique, le Kosovo, le Pakistan, la Palestine, les Philippines, la Russie, la Turquie, l'Ukraine et le Yémen, où les niveaux de violence contre les journalistes restent les plus élevés.
|
La FIJ rappelle que, malgré les nombreux protocoles, directives et propositions pour enrayer l'impunité, neuf meurtres de journalistes sur dix restent impunis.
" La frustration est de plus en plus grande face au manque d'action et de volonté politique pour lutter contre l'impunité et soutenir des médias libres et indépendants. C'est pourquoi nous avons lancé une campagne mondiale pour l'adoption d'une Convention internationale dédiée à la protection des journalistes et des professionne.le.s des médias", a ajouté Dominique Pradalié.
La campagne a été officiellement lancée lors de la 51ème session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève le 30 Septembre.
La Convention met en évidence les faiblesses et les lacunes du droit international humanitaire et des droits humains, ainsi que l'absence de mécanismes d'application efficaces.
Le Dr Carmen Dragichi, qui a rédigé le projet de convention pour la FIJ, a déclaré : "Le projet de convention offre un cadre juridique consolidé pour la protection des journalistes. Il codifie les obligations jurisprudentielles sous la forme d'un traité, remplaçant les multiples sources juridiques par un instrument complet et accessible. Il clarifie ainsi la portée des obligations découlant des dispositions relatives à la liberté d'expression dans les conventions relatives aux droits de l'homme, en s'appuyant sur la jurisprudence internationale. Elle garantit également que les États souscrivent explicitement aux obligations insérées dans les décisions contre d'autres États, et aide les autorités nationales à comprendre leurs obligations, et elle facilite la surveillance internationale. [...] Elle confère également une valeur contraignante à des normes de droit souple largement acceptées mais inapplicables, ce qui accroît le respect des règles et la responsabilité."
Plus de 60 syndicats de journalistes et de médias, associations, médias et ONG du monde entier ont déjà apporté leur soutien à la convention.
FIJ
|
|
Harcèlement, censure et accusations
des confrères pro-régime : le quotidien
des journalistes en Iran
|
|
Régulièrement menacés et arrêtés, dénoncés par leurs collègues favorables au régime, les journalistes indépendants iraniens tentent envers et contre tout d'accompagner le mouvement de protestation né de la mort de Mahsa Amini pour un voile mal ajusté. Explications et témoignages.
L’Iran, considéré comme « la troisième prison au monde pour les journalistes » par l'ONG Reporters sans frontières (RSF), peut-il être un cas d’étude ? Comment y travaillent les journalistes qui ne se trouvent pas encore derrière les barreaux, ou qui ne sont pas poussés à l’exil ? Si les médias du monde entier couvrent à distance les manifestations qui agitent le pays depuis la mort en détention d'une jeune femme Masha Amini pour un voil mal ajusté ce mouvement social n’apparaît presque nulle part dans la République islamique, ni dans les quotidiens nationaux ou régionaux du pays ni à la télévision d’État.
Gare à ceux qui franchissent les lignes rouges. Depuis le début du mouvement, au moins 31 journalistes ont été incarcérés. Selon le dernier rapport de RSF, 27 journalistes sont toujours sous les verrous, notamment Nilufar Hamedi, l'une des premières à avoir révélé l'histoire tragique de la jeune fille, ou encore Elaheh Mohammadi, qui a couvert ses funérailles. « C’est comme s'il ne se passait rien dans les rues, aucune image des manifestations, absolument rien au sujet des victimes explique une journaliste sous couvert d'anonymat qui travaille pour l’un des quotidiens les plus populaires du pays. On ne fait que relayer les déclarations officielles qui ne sont que la répétition des infox diffusées soit par les agences proches des Gardiens de la révolution, soit par le bureau du Guide [Ali Khamenei]. Une version totalement erronée de ces événements. »
« Au sein de la rédaction, tout le monde sait que le moindre faux pas entraînera la fermeture du journal, et l'arrestation de l’équipe. Et cela s'applique aussi à nos comptes personnels sur Twitter et Instagram poursuit-elle. J’ai été menacée à plusieurs reprises parce que je refuse de reconnaître leur version des faits. » La même journaliste envoie via Telegram des captures d’image de son téléphone. En une matinée, deux coups de fil et des messages d’insultes et de menaces. « Cela vient du service de renseignement des Gardiens. Ils m’ont clairement dit ce matin : "si tu ne fermes pas ta gueule, nous viendrons te chercher". » À en croire d'autres témoignages, les Gardiens de la Révolution peuvent débarquer à n'importe quel moment. « Et si tu refuses de leur ouvrir la porte, ils la scient, cassent tout, et embarquent ton ordinateur, tes disques durs, et ton téléphone. Et puis, il suffit qu’ils y trouvent une photo des manifestations, ou qu’ils découvrent que tu as été en contact avec des journalistes basés à l’étranger, alors c'est foutu. Tu seras accusé d'espionnage. »
Propagande et cyberharcèlement
Un travestissement de la réalité à laquelle participent avec acharnement les journalistes pro-régime.
|
Le 31 octobre dans une émission télévisée, l'un d'entre eux, employé du quotidien Jam-e Jam, a accusé ses deux consœurs emprisonnées d’avoir « suivi des entraînements à des fins terroristes ». Sans preuve, il a repris les éléments de langage des services de sécurité iraniens selon lesquels l'origine de ces « émeutes » se trouveraient au sein de la CIA et du Mossad, les services secrets israéliens, et que certains journalistes ont « joué le rôle de sources primaires pour les médias étrangers », dont le but serait de « déstabiliser » la République islamique.
À cela s’ajoute le cyberharcèlement qui s'est accentué ces derniers jours. « Leur armée cybernétique cible systématiquement les journalistes. Des insultes jusqu'à la menace de mort, tout y passe. Mais aussi des campagnes de désinformation pour te décrédibiliser aux yeux de la population. Ils n’ont aucune limite, aucune retenue, surtout envers les femmes », souligne une autre journaliste qui préfère également rester anonyme.
Résultat, peu de reporters s'aventurent dans les rues alors que le pays vit au rythme des contestations quotidiennes. « J’étais à Kerman [dans le sud-est du pays] pour un procès. On m’avait accusé de diffamation pour un article dans lequel j’ai révélé la corruption au sein d’une entreprise minière liée aux Gardiens de la révolution, raconte Hassan Abassi, journaliste.
Le lendemain du procès, le 21 septembre, j’en ai profité pour couvrir une manifestation. Mais j’ai été arrêté dès que j’ai sorti mon appareil photo. Ils ont confisqué mon matériel pour m'empêcher de travailler. Mon avocat me suggère de ne rien réclamer car je risque d'être arrêté pour de bon. »
Face aux violations flagrantes de la liberté d'informer, plus de 500 journalistes ont signé une tribune, critiquant vertement les mises en scènes et l’approche sécuritaire du régime envers le peuple et la presse. Un acte inédit, la preuve que cette vague de contestations fait bouger les lignes. A l'image des journalistes citoyens qui font désormais ce que les journalistes professionnels indépendants ne peuvent accomplir.
« Ils nous demandent des conseils pour filmer et diffuser leurs vidéos sur le Net, précise un journaliste basé à Mashhad au nord-est de l'Iran. Ils nous informent aussi de ce qu’ils ont vu, des blessés qu’ils ont secourus, des arrestations dont ils étaient témoins. Ils sont incroyablement courageux, et une aide précieuse, même s’il faut être vigilant, car les services de renseignement font circuler beaucoup d’infox. »
Marianne
|
|
En RDC, la situation sécuritaire
des journalistes toujours préoccupante
|
|
La situation de la liberté de la presse en RDC « n’est ni meilleure, ni pire que ce qu’elle a toujours été », mais elle reste alarmante malgré le changement de régime en 2019, d’après l’ONG Journalistes en danger. JED demande aux autorités congolaises de reformer « sans délai » la loi actuelle en dépénalisant les délits de presse.
Mercredi 2 novembre, journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, l'organisation Journalistes en danger (JED) explique, dans un rapport, avoir enregistré 124 cas d’atteintes à la liberté de la presse depuis janvier en République démocratique du Congo.
Les 124 cas recensés incluent des menaces à l’endroit des journalistes, des arrestations arbitraires, des agressions et des enlèvements. Un journaliste a également été tué. Le tableau s’assombrit après des fermetures injustifiées de médias ou face à l’interdiction de plusieurs émissions.
L’an dernier, JED avait dénombré 110 cas d’atteinte à la profession et 116 cas en 2020.
|
Au cours des dernières semaines, des menaces et des pressions ont été exercées sur les correspondants de la presse internationale. Le gouvernement congolais a réduit de moitié la validité des accréditations. Désormais, elles doivent être renouvelées et payés tous les six mois.
Plus particulièrement, JED exprime ses vives préoccupations après une rafle organisée la semaine dernière par l’Agence nationale des renseignements (ANR). Elle visait Steve Wembi, collaborateur du New York Times, qui reste introuvable à ce jour. L’un de ses enfants a failli se faire enlever, mardi 1er novembre, au sortir de l’école à Kinshasa.
Pour JED, si sous Joseph Kabila, président de 2001 à 2019, les journalistes étaient tués, les médias fermés et internet coupé, avec Félix Tshisekedi, président depuis 2019, « c’est le journalisme qui se meurt ».
Et avec l'avancée du M23, plusieurs journalistes fuient la région de Rutshuru. La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a annoncé avoir évacué vers Goma une douzaine de journalistes. Selon Amadou Ba, chargé de la communication de la Monusco à Goma, la liberté d'expression est menacée dans l'est du pays.
RFI
|
|
Tunisie : Plus de 230 agressions contre
des journalistes en une année
|
|
Quelque 232 agressions contre des journalistes, dont 84 qualifiées de “graves”, ont été recensées en une année en Tunisie, selon l’Unité de monitoring du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
151 de ces 232 agressions ont été commises par “des parties officielles”, ajoute cette unité dans son rapport annuel publié jeudi 3 novembre 2022 et couvrant la période du 15 octobre 2021 au 15 octobre 2022.
Au total, 231 personnes ont été victimes d’agressions, dont 88 femmes et 139 hommes. Trente-six sur les 232 agressions ont été commises dans l’espace virtuel, précise le SNJT.
La disparition du journaliste Sofiène Chourabi et du reporter-photographe Nadhir Ktari, en 2014 en Libye, a également été recensée.
Les journalistes agressés travaillaient en particulier sur des sujets politiques (77 cas), suivis de sujets à caractère social (42 cas), de sujets liés aux élections (39 agressions), de sujets à caractère économique (17 cas), de sujets à caractère sécuritaire (11 cas) et des sujets sportifs (11 cas).
Le Syndicat des journalistes appelle le gouvernement à condamner publiquement
|
les atteintes à la liberté de la presse et à la liberté d’expression et à éviter le discours d’incitation à la violence contre les journalistes.
Il réclame également le retrait des textes qui représentent “une atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de la presse”, en particulier le décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022 relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication.
Le Syndicat des journalistes insiste, aussi, sur l’importance d’adopter une approche participative dans l’élaboration de toute législation relative à la liberté de la presse et à la liberté d’expression et de respecter le droit des journalistes à l’accès à l’information.
Il souligne, en outre, la nécessité d’oeuvrer en vue de relancer le dossier de la disparition de Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, afin de connaître la vérité sur leur disparition.
Shems FM
|
|
Mali : l’une des principales chaînes d’information suspendue
|
|
La Haute autorité de la communication malienne (HAC) a décidé, ce jeudi 3 novembre, de suspendre pour deux mois Joliba TV news, après des propos critiques
Jeudi 3 novembre, la Haute autorité de la communication malienne (HAC) a suspendu pour une durée de deux mois l’une des principales chaînes d’information du pays après des propos critiques contre la junte au pouvoir tenus par l’un de ses journalistes vedettes.
L’instance argue dans sa décision « que les griefs reprochés à Joliba TV news constituent des manquements et violations graves et répétées aux dispositions substantielles du Code de déontologie du journalisme au Mali ». L’information a été confirmée par la direction du média concerné.
Mise en demeure
La chaîne avait été mise en demeure le 13 octobre, en raison d’un éditorial du 30 septembre de Mohamed Attaher Halidou qui comportait, selon la HAC, des « propos diffamatoires et des accusations infondées concernant l’instance de régulation, la Haute autorité de la communication, l’état de la liberté d’expression au Mali et les autorités de la transition ».
« L’intolérance prend de l’ampleur dans notre pays. La liberté d’expression est en danger, la démocratie avec.
|
Nous sommes dans la dictature de la pensée unique », avait notamment déclaré Mohamed Attaher Halidou dans son éditorial qui suivait le retour triomphal du Premier ministre, Abdoulaye Maïga, de New York, où il avait prononcé un discours incendiaire contre la France et certains de ses voisins lors de l’Assemblée générale de l’ONU.
« Pour l’instant, les colonels au pouvoir gouvernent avec l’opinion de la foule et la foule par définition ne réfléchit pas », avait-il poursuivi. Il avait également enjoint la HAC « de jouer son rôle et tout son rôle pour faire face aux multiples dérives sur les réseaux sociaux ».
Entraves à la liberté d’expression
La mise en demeure de la chaîne avait provoqué de nombreuses réactions d’indignation parmi les journalistes maliens, s’inquiétant des dérives en matière de liberté de la presse et d’expression.
En août, l’ONG Human Rights Watch avait dénoncé les « détentions et harcèlement de personnalités critiques présumées » depuis que les autorités militaires ont pris le pouvoir lors de deux coups d’État en août 2020 et mai 2021.
Elle avait recensé les différentes entraves à la liberté d’expression depuis que les militaires sont au pouvoir : expulsion de journalistes, suspension de délivrance des accréditations pour les correspondants étrangers, « harcèlement » par des « commentateurs en ligne » de critiques du pouvoir, et estimé que cette « répression des médias et les détentions de critiques ont eu un effet glaçant sur la vie politique et l’espace civique ».
Jeune Afrique
|
|
L’ONU épingle une nouvelle fois les lacunes de l’Institut Fédéral pour la protection
et la promotion des Droits Humains (IFDH)
|
|
L’Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF) et l’Association de Promotion des Droits Humains et des Minorités (ADHUM) ont pris note avec satisfaction des observations finales du Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) (1) à l’occasion de l’examen du huitième rapport périodique de la Belgique qui a eu lieu le 14 octobre dernier. Deux paragraphes des observations finales du CEDAW concernent l’Institut fédéral des droits humains qui devrait jouer le rôle d’institution nationale des droits de l’homme (INDH).
« Le Comité se félicite de l’adoption en 2019 de la loi sur la création d’un Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains (IFDH) en mai 2019, qui assure une couverture complète des droits de l’homme au niveau fédéral. Il note toutefois que l’INDH n’a toujours pas été accréditée conformément aux Principes de Paris. Le Comité recommande à l’État partie de veiller en priorité à ce que l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains ait pour mandat de recevoir et d’examiner les plaintes et les requêtes individuelles, et à ce qu’il se conforme aux principes concernant le statut des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme (Principes de Paris).
Il recommande également à l’État partie de faciliter la demande d’accréditation de l’Institut fédéral auprès de l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme (GANHRI), de lui fournir des ressources humaines, techniques et financières adéquates et d’encourager sa coopération avec les organisations de femmes de la société civile. »(2)
Dans leur rapport alternatif, ainsi que lors de la réunion publique informelle du 10 octobre, l’APFF et l’ADHUM ont attiré l’attention des experts du CEDAW sur la situation de la minorité francophone en Flandre et sur l’absence d’organe compétent chargé de lutter contre les discriminations linguistiques. L’APFF et l’ADHUM ont plaidé pour : - « Permettre à l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains de recevoir et d’examiner des plaintes et requêtes individuelles » et pour :
|
- « Veiller à ce que l’institution nationale des droits de l’homme couvre tous les droits de l’homme sur l’ensemble du territoire, y compris au niveau fédéral et régional et assure la coordination entre les différentes institutions existantes ».
Trois autres comités de l’ONU ont également fait des recommandations en ce sens à la Belgique au cours des dernières années : le Comité des droits de l’homme (CCPR) en 2019 ; le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR) en 2020 et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) en 2021.
Par ailleurs, Michelle Bachelet, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, a adressé une lettre officielle à notre pays en février 2022. Dans sa lettre, la Haute-Commissaire salue la création, en Belgique, de l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains (IFDH) en tant qu'institution nationale des droits de l’homme, tout en plaidant pour que son mandat soit aussi large que possible et que l’institut soit autorisé à entendre et à examiner les plaintes concernant des situations individuelles.
Reste à espérer que ces appels répétés soient enfin entendus, alors que la Belgique s’apprête à siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. La Belgique ne se doit-elle pas de montrer l’exemple ? D’autant plus que l’accord de Gouvernement fédéral, du 30 septembre 2020, prévoit de mettre en place un mécanisme de traitement des plaintes. Ce qui n’est toujours pas le cas à l’heure actuelle !
Edgar FONCK
Porte-parole de l’APFF-ADHUM
- https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CEDAW%2fC%2fBEL%2fCO%2f8&Lang=fr
- Traduction non officielle
|
|
|
|
|
|
|