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Cap sur les 49èmes Assises
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Chère consœur, cher confrère,
C’est avec une immense joie que nous nous lançons dans les préparatifs des prochaines Assises tant attendues.
Reportées à deux reprises pour cause des conditions sanitaires, puis à la demande de notre partenaire, elles auront lieu les 25, 26 et 27 juillet prochain à Benguerir, à l’Université Mohammed VI Polytechnique - un endroit hautement moderne et autant accueillant que vous connaissez depuis notre Symposium sur le thème de « Médias, environnement et développement durable en Afrique », tenu au printemps 2017.
Cette année, nous nous réunirons pour discuter du « Leadership féminin au sein des médias, rôle des médias dans le renforcement du leadership des femmes » lors d' un événement international qui se déroulera sous un format mixte : en présentiel et par visioconférence.
Dans un contexte extrêmement changeant et dynamique, notre Union septuagénaire change aussi, en évoluant qualitativement et en adoptant de nouvelles pratiques.
Ainsi, cette année, à côté de nos membres et de nos invités francophones, nous allons accueillir quelques collègues journalistes anglophones. Cet élargissement est notamment dû à l’importance du sujet traité, car la question du leadership féminin est universelle pour toutes les sociétés, quelle qu’en soit la langue parlée.
Nous allons également travailler avec de nouveaux partenaires, dont le site Internet https://allafrica.com/.
Je suis persuadée que cette nouvelle ouverture deviendra une source fertile d’inspirations et de nouveaux projets à développer au sein de l’UPF.
Je vous reviendrai, d’ici notre rencontre, avec des informations et des mises à jour qui vous permettront d’en savoir davantage sur le programme et les invités d’honneur de l’événement à venir.
Les inscriptions aux prochaines Assises sont ouvertes et se termineront le 15 juin 2022.
Au plaisir de vous retrouver bientôt,
Zara NAZARIAN,
Secrétaire générale internationale
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A LA UNE
La journaliste de Radio Liberty, Vera Girich, tuée dans une attaque au missile à Kiev
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La journaliste de Radio Liberty, Vera Girich, a été tuée dans une attaque de missiles sur Kiev. Cette information a été communiquée par le collègue de Girich, Alexandre Demchenko, sur sa page Facebook. Selon lui, un missile russe a frappé la maison de la journaliste.
« C'est la petite voiture de Vera Girich, ma collègue de Radio Liberty. Il y a quelques années, elle nous a conduits à Nemishayevo, pour nous expliquer comment rechercher des informations dans les territoires occupés. Vera n'est plus là. Un missile russe précis a frappé sa maison, Vera est restée là toute la nuit et n'a été retrouvée que le matin. Personnellement, je ne me mets pas en colère et je n'ai pas envie de pleurer parce que cela doit être répété tous les jours. Je ne sais pas comment dire qu'une personne merveilleuse est partie », a écrit M. Demchenko, en postant une photo de la voiture de Girich.
Girich a rejoint le bureau de Radio Liberty à Kiev le 1er février 2018, précise le journal. Avant cela, elle a travaillé pour les principales chaînes de télévision ukrainiennes. « Le comité de rédaction de Radio Liberty présente ses condoléances à la famille de Vera Girich et se souviendra d'elle comme d'une personne brillante et aimable, une vraie professionnelle ».
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La frappe aérienne sur Kiev a eu lieu la veille, le 28 avril, lors des entretiens entre le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, dans la ville. Le maire de Kiev, Vitaliy Klitschko, a écrit sur son canal Telegram que deux roquettes ont touché des bâtiments dans le quartier Shevchenkivskyy de la ville. M. Klitschko a ensuite déclaré qu'une personne avait été tuée au cours de cette frappe (il n'a pas donné son nom) et que quatre autres avaient été blessées.
Le 29 avril au matin, le ministère russe de la Défense a admis que des frappes sur Kiev, prétendument effectuées par des « missiles de longue portée de haute précision », ont détruit les bâtiments de production de l'entreprise spatiale et de fusées Artem, a rapporté le ministère.
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ACTUALITES
Journée internationale du 3 mai : La liberté de la presse menacée par la hausse
de la désinformation, alerte RSF
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«Chaos informationnel» et désinformation alimentent aussi bien les tensions internationales que les divisions au sein des sociétés, alerte ce mardi RSF dans l’édition 2022 de son classement mondial de la liberté de la presse.
Elle n’est pas une évidence, elle est même de plus en plus fragilisée, heurtée par des dérives autoritaires. La liberté de la presse à travers le monde est plus que jamais menacée, y compris au sein des pays démocratiques.
Dans son classement annuel publié ce mardi, l’ONG recense que sur les 180 pays évalués, 73% se caractérisent par des situations jugées «très graves», «difficiles» ou «problématiques»
concernant la liberté des journalistes à travailler.
Une proportion identique à celle de l'année dernière, mais qui s’accompagne d’un nouveau record : dans 28 pays, la situation est «très grave», un chiffre jamais atteint, tandis que huit pays seulement affichent une «bonne situation», contre douze l’an passé. Le rapport de RSF met notamment en lumière le «chaos informationnel» et la désinformation qui alimentent aussi bien les tensions internationales que les divisions au sein des sociétés. Si la France progresse de huit places dans le classement, elle ne brille toujours pas à la hauteur de son rayonnement, puisqu’elle se hisse seulement à la 26e place.
«La montée en puissance des circuits de désinformation» dans les démocraties et le «contrôle des médias» dans les régimes autoritaires provoquent une «polarisation sur deux niveaux». «La création d’un arsenal médiatique dans certains régimes autoritaires prive les citoyens de leur droit à l’information mais contribue aussi à la montée des tensions internationales pouvant mener aux pires guerres», complète dans le communiqué le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Selon l’ONG, l’invasion russe de l’Ukraine illustre cette polarisation, une «guerre de propagande» ayant
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précédé l’envoi des troupes de Moscou (classé 155e) sur le territoire ukrainien.
De même, la Chine (175e) «utilise son arsenal législatif pour confiner sa population et la couper du reste du monde, en particulier à Hongkong», qui passe de la 80e place à la 148e dans le classement après la reprise en main autoritaire par Pékin. «C’est la plus grosse chute [dans le classement] de l’année, mais c’est pleinement mérité en raison des attaques constantes contre la liberté de la presse et de la disparition à petit feu de l’Etat de droit à Hongkong», réagit Cédric Alviani, à la tête de RSF pour l’Asie de l’Est.
La loi sur la sécurité nationale, promulguée en juin 2020 après une vague de manifestations pour les libertés à Hongkong, «a été massivement utilisée contre les journalistes, contre le journalisme et la liberté de la presse à Hongkong», ajoute-t-il, citant fermetures de médias et emprisonnement de défenseurs de la liberté de la presse.
«Fox Newsisation»
Au sein des Etats démocratiques, «la Fox Newsisation des médias pose un risque fatal car elle met en danger les bases d’une société harmonieuse et du débat public tolérant», ajoute Christophe Deloire, en référence à la chaîne conservatrice d’information américaine en continu. Les sociétés démocratiques se divisent en raison de la hausse des médias d’opinion «suivant le modèle de Fox News» et «l’étendue des circuits de désinformation, amplifiés par la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux». Cette polarisation interne a accru les tensions sociales et politiques aux Etats-Unis (42e), note RSF, comme en France.
RSF a utilisé une nouvelle méthode pour réaliser son classement, s’appuyant sur cinq indicateurs (contexte politique, cadre législatif, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité). Au bas de la liste figurent toujours la Chine, devant la Birmanie, le Turkménistan, l’Iran, l’Erythrée et la Corée du Nord. En haut du tableau, la Norvège conserve sa première place pour la sixième année consécutive, devant le Danemark et la Suède. RSF souligne également les espoirs apportés par des changements de gouvernement en Moldavie (40e) et en Bulgarie (91e).
Libération
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Liberté de la presse en Russie :
« Le journalisme est complètement détruit »
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Depuis le 5 mars, après le début de l'invasion de l'Ukraine, les journalistes accusés de diffuser des « informations mensongères sur l'armée » peuvent être condamnés à 15 ans de prison. Mardi 3 mai, en cette journée mondiale de la liberté de la presse, RFI fait le point sur sa situation en Russie où il semble ne plus en rester grand-chose.
Face aux menaces du Kremlin, aux fermetures forcées de nombreuses chaînes de télévision et de radio et aux blocages des grands réseaux sociaux connectés à l'Occident – Facebook, Twitter, Instagram, etc. –, beaucoup de journalistes russes ne peuvent plus exercer leur profession. Sergueï Buntman travaille pour la radio russe l’Écho de Moscou. Sa station a été interdite quelques semaines après le début de l’invasion de l’Ukraine.
Pour lui, ces nouvelles lois restrictives ont porté un grand coup à la liberté de la presse : « C’est tout à fait impossible, en tant que média officiel, d’essayer d’organiser des débats ou des discussions à propos des événements actuels. » L’agression de l’Ukraine a été un vrai tournant dans la manière dont il exerçait son métier : « Toute la machine de répression s’est mise en marche. Par étapes, on a fermé les médias comme l’Écho de Moscou ou Dojd. Les nouvelles lois qui prévoient des arrestations et des poursuites pénales sont de nouveaux coups portés à la presse. »
Malgré toutes ces atteintes à la liberté de la presse, beaucoup de journalistes continuent de publier en dehors des médias officiels. C’est le cas de Sergueï Buntman qui passe par la chaîne YouTube de l’Écho de Moscou pour continuer à informer la population. Une tendance confirmée par Stéphanie Lamy, spécialiste de la désinformation. Elle a écrit le livre Agora Toxica à ce sujet : « Il se monte des initiatives hyper intéressantes. Que ce soit avec des fenêtres publicitaires ou que ce soit avec les radios à ondes courtes qu'on a connu à l'époque soviétique. »
Sergueï Buntman se veut lui plus métaphorique dans la création de ces médias alternatifs : « En barrant ce fleuve d’informations, calme et professionnel, sont apparus des dizaines de petits ruisseaux crées par des journalistes. »
Le but selon Stéphanie Lamy ? « Atteindre différentes cibles de la population russe pour leur permettre de réfléchir de manière plus critique à ce qui leur est livré par le Kremlin. »
Mais si ces canaux sont accessibles relativement facilement, souvent à l’aide d’outils numériques comme les VPN, la population russe ne part pas forcément à la recherche de ces informations.
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Sergueï Buntman parle d’une sorte de complaisance dans la propagande : « C'est tout à fait possible de puiser l'information voulue. Mais "voulue" c'est le mot clef. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui n’en veulent pas. Ils trouvent un confort dans la propagande et dans l'information unilatérale qui passe à la télévision d'État. »
La population face à l’information
Il reste tout de même difficile de sonder la population russe sur sa volonté de s’informer. Stéphanie Lamy se refuse de parler d’un bloc homogène pour évoquer la population russe : « Vous avez, bien sûr, les élites. Ceux qui sont proches du Kremlin, qui savent très bien que certains éléments de langage sont de fausses informations. En parallèle, vous avez d’autres élites, elles, critiques du pouvoir. »
Enfin, Stéphanie Lamy dégage une troisième strate : « Vous avez une large part de la population russe, reculée et éloignée des centres du pouvoir, qui reçoit les informations comme elles ont été validées par le Kremlin. »
La chaîne de télévision Dojd, elle aussi fermée depuis le début de l’offensive russe, montre bel et bien qu’une grande partie de la population tente tout de même de s’informer avec des médias libres et indépendants. La chaîne YouTube de Dojd, qui diffuse depuis l’Europe, a rassemblé plus de 20 millions de téléspectateurs pour ses premières émissions début mars.
Sergueï Buntman, lui, est resté à Moscou pour faire son travail de journaliste : « On fait notre devoir. C’est une nécessité de continuer à faire notre profession. » Avec ses collègues, il met au centre de son travail l’éthique et la déontologie de son métier, ce qui peut paraître paradoxal selon lui : « Ces médias sociaux et populaires n’exigeraient pas un professionnalisme avec des informations vérifiées et vérifiables, contestées et contestables. Sur ces plateformes, il est très facile de devenir militant. Nous essayons de préserver la profession, c’est très important pour l’avenir parce qu’aujourd’hui, le journalisme est complètement détruit. »
Face à cette situation, Sergueï Buntman ne s’attend pas à pouvoir reprendre l’antenne de manière officielle, sur un canal national, tant que Vladimir Poutine sera au pouvoir.
RFI
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Journaliste, une profession dangereuse
au Mexique
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Que ce soit dans le contexte de la COVID-19 ou durant les guerres et les conflits, les informations fiables sont plus que nécessaires : elles sont vitales. Les journalistes jouent un rôle fondamental en nous fournissant ces informations. Ils les analysent, les vérifient et les diffusent, permettant ainsi aux individus de prendre des décisions éclairées.
Le journalisme constitue donc un bien commun que nous devons défendre et soutenir en tant que tel. Pourtant, alors même que les Nations Unies célèbrent le 10e anniversaire du Plan d’action sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, pour lequel l’UNESCO est fière de jouer le rôle de chef de file, les journalistes se trouvent confrontés à une situation qui évolue rapidement.
Comme le montre notre plus récent rapport sur les Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias, plus de cinq personnes sur six dans le monde vivent dans un pays où la liberté de la presse a reculé au cours des cinq dernières années. Durant la même période, près de 400 journalistes ont été tués, simplement pour avoir fait leur travail.
Les technologies numériques révolutionnent encore plus ce paysage. Elles ont permis des échanges d’information sans précédent, favorisant ainsi un journalisme sans frontières. Désormais, nous pouvons voir, à tout moment, ce qui se passe aux quatre coins du monde. Ces possibilités s’accompagnent cependant de nouveaux défis.
L’émergence des plates-formes en ligne soulève la question de la viabilité économique des médias indépendants et pluralistes, et bouscule les chaînes de valeur et les modèles économiques existants. L’ère du numérique amplifie également le risque, pour les professionnels des médias et leurs
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sources, d’être pris pour cible, harcelés et attaqués par divers moyens, par exemple la rétention de données, les logiciels espions et la surveillance numérique. Les manifestations de haine à l’encontre des journalistes ont grimpé en flèche, notamment envers les femmes journalistes. Il ressort de nos recherches que plus de 70 % des femmes reporters interrogées ont été victimes de violence en ligne. Et comme ces technologies font rarement l’objet de réglementations transparentes ou d’une obligation de rendre des comptes, les auteurs de ces violences agissent en toute impunité, en ne laissant souvent aucune trace.
Cela doit cesser. Les avancées technologiques doivent s’appuyer sur le respect de la liberté, de la confidentialité et de la sécurité des journalistes. Les réseaux sociaux, en particulier, doivent multiplier les efforts pour contrer la désinformation et les discours de haine généralisés, tout en protégeant la liberté d’expression.
L’UNESCO s’emploie résolument à atteindre ces objectifs. Pour faire face à ces nouveaux défis, l’Organisation a soutenu l’adoption de la nouvelle Déclaration de Windhoek sur l’information comme bien commun à l’ère du numérique, 30 ans après la première, à l’occasion de la Conférence internationale de la Journée mondiale de la liberté de la presse, organisée l’année dernière en Namibie.
Depuis, l’UNESCO travaille à la mise en œuvre de la Déclaration en favorisant de nouveaux principes de transparence pour les plates-formes en ligne, en menant des recherches sur les modèles économiques durables pour les médias, et en mettant davantage l’accent sur l’éducation aux médias et à l’information dans les systèmes éducatifs. Toutefois, il nous incombe à tous d’en faire plus pour gérer les risques et saisir les possibilités qu’offre l’ère du numérique.
En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, j’invite les États membres, les entreprises technologiques et la communauté des médias, ainsi que le reste de la société civile, à unir leurs forces pour établir une nouvelle configuration numérique qui protégerait à la fois le journalisme et les journalistes.
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Entre censures, menaces, arrestations
et tueries des journalistes, la liberté
de la presse en péril en RDC
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Être journaliste en République démocratique du Congo (RDC) n’est parfois pas une partie de plaisir. Alors que garanti par les textes légaux, la liberté de la presse est en péril dans ce pays où l’on assiste à des censures, menaces, arrestations et même tueries des journalistes dans certains coins.
"75 cas d’atteintes à la liberté de la presse depuis le 2 novembre 2021, c’est déjà trop !", fustige Tuver Wundi, point focal de l’organisation Journaliste en Danger (JED) dans une interview accordée à la RTBF ce mardi 3 mai. "Où allons-nous avec cette face de harcèlement dont sont victimes les journalistes ?", s’interroge-t-il.
Dans son rapport publié à cette occasion, JED fait mention de ces 75 cas sus-évoqués affirmant que depuis novembre dernier, 19 journalistes ont été arrêtés et 11 médias fermés par les services de sécurité. Une situation qualifiée de "frustrante", dans un pays démocratique.
"Les journalistes et les médias congolais restent exposés aux diverses pressions et censures, aux arrestations arbitraires et aux menaces directes et indirectes", s’insurge JED.
L’est du pays, ou la zone rouge
"La couleur est rouge, le tableau est très sombre", a poursuivi Tuver Wundi, parlant des provinces touchées par les violences armées, à savoir le Nord-Kivu et l’Ituri. Ces deux provinces de l’Est de la RDC ont été placées sous état de siège depuis pratiquement un an et la situation s’est empirée, d’après le constat de JED qui déplore le meurtre de 6 journalistes durant cette période dans les deux provinces.
La seule province du Nord-Kivu, 3 journalistes ont été tués en 2021 dont Barthélémy Changamuka, assassiné le 9 mai 2021, Héritier Magayane, tué le 8 août et Joël Mumbere tué le 14 août dans une attaque de son domicile, au cours de laquelle son épouse a été grièvement blessée, rapporte JED.
Le tableau est très sombre
Au-delà de ces faits, la persistance de l’impunité est celle qui fait le plus mal aux proches des victimes. Pour JED, "ces assassinats et beaucoup d’autres qui ont précédé, sont aujourd’hui le symbole de l’impunité des crimes commis contre les journalistes".
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L’organisation regrette que "les enquêtes annoncées au lendemain de ces assassinats et meurtres en vue d’identifier les auteurs et/ou commanditaires, ainsi que les mobiles de ces crimes n’ont jamais été diligentées".
Des arrestations sans procès
À ce jour, six journalistes sont en détention dans l’ouest du pays dont trois dans la prison de Bumba, en province de Mongala et trois autres à Mbandaka, dans la province de l’Équateur et cela sans procès. Trois médias audiovisuels sont aussi fermés dans le centre-sud de la RDC, ce qui pousse JED à hausser le ton et à exiger la libération de ces professionnels des médias et la réouverture de ces derniers.
La plupart de ces journalistes sont accusés d’avoir diffusé des "déclarations injurieuses" envers le vice-Premier ministre Congolais chargé de la fonction publique, Jean-Pierre Lihau.
Cette flambée des attaques contre les médias et les journalistes intervient pourtant 4 mois après la tenue des états généraux de la communication et des médias, organisés par le gouvernement Congolais à Kinshasa. Des promesses faites dans ces assises par le président Félix Tshisekedi restent lettres mortes.
"Le président s’était engagé dans son discours de clôture, à accompagner la dépénalisation des délits de presse et à garantir l’indépendance des médias", rappelle Journaliste en Danger.
Entre-temps, les quatre-vingts recommandations faites dans les états généraux de Kinshasa, aucune n’a été exécutée après quatre mois.
Pour rappel, le dernier rapport sur la liberté de la presse en RDC date du 2 novembre dernier dans lequel JED avait répertorié 116 cas d’atteintes pour la seule année de 2021.
RTBF
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Algérie : acharnement judiciaire contre
le journaliste Merzoug Touati
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Le 3 janvier 2022, Merzoug Touati a été condamné en Algérie à un an de prison ferme pour outrage à corps constitué et diffusion de fausses informations. Son seul tort est d’avoir exercé son métier de journaliste, en dénonçant les conditions d’incarcération d’un autre détenu, Mohamed Baba Nadjar.
Journaliste engagé, Merzoug Touati, à travers son travail, aborde les difficultés socio-économiques des citoyen·nes algérien·nes, la faillite des politiques publiques à l’échelle locale et nationale, et dénonce publiquement les atteintes graves aux libertés fondamentales dans son pays. Défenseur des droits humains, il a déjà été arrêté et incarcéré à plusieurs reprises ces dernières années.
Ce harcèlement et cet acharnement judiciaires sont révélateurs de la restriction des libertés et de la répression systématique que subissent les journalistes, les avocat·es et bien d’autres acteur·rices de la société civile algérienne, depuis le commencement du Hirak populaire en février 2019.
Incarcéré à la prison de Ghardaïa, qui se trouve à 700 km de son lieu de résidence, Merzoug Touati a entamé le 29 mars 2022 une grève de la faim ignorée par les services pénitentiaires. Le protocole de soins adéquat pour les grévistes de la faim lui ayant été refusé, le journaliste
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a finalement dû être hospitalisé d’urgence à l’hôpital de Ghardaïa. Il a été transféré depuis à la prison de Bouira.
La détention arbitraire de Merzoug Touati est la conséquence directe de l’exercice de ses libertés de conscience, d’opinion et d’expression. Elle a lieu dans un climat général de négation des libertés fondamentales individuelles et collectives en Algérie, touchant particulièrement les journalistes et les médias en ligne. Les mauvais traitements et intimidations physiques et morales dont est victime Merzoug Touati sont extrêmement préoccupants, et ne peuvent que rappeler le décès après une grève de la faim des détenus Mohamed Tamalt et Kamal Eddine Fekhar en 2016 et 2019.
Le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie, ainsi que 33 ONG algériennes, françaises et internationales appellent donc, à travers un appel urgent auprès des mécanismes spéciaux onusiens et africains, les autorités algériennes à libérer immédiatement le détenu Merzoug Touati, à cesser le harcèlement systématique exercé à l’encontre des journalistes et défenseur·es des droits humains et à garantir leur travail libre sans craintes de représailles.
Nos organisations expriment également leurs vives inquiétudes face à la multiplication des détentions arbitraires de journalistes, et invitent les autorités algériennes à cesser ces pratiques, respectant ainsi les conventions internationales relatives à la liberté d’expression et au droit à un procès équitable, ratifiées par l’Algérie.
FIDH
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Tunisie : Bras de fer entre les journalistes
et la tentative de la mainmise sur le secteur
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La presse tunisienne fait face à une menace imminente au milieu des agressions et les violations à l’encontre des journalistes tunisiens multipliées ces dernières années et la pratique de la politique d'impunité
"Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et elle ne saurait être limitée sans être perdue". Thomas Jefferson.
Proclamée le 3 mai en 1993 par l'Assemblée générale des Nations Unies, la Journée mondiale de la liberté de la presse, est célébrée en cette date aux quatre coins du monde pour sensibiliser à l'importance de la liberté de la presse et rappeler l'impératif de respecter et de faire respecter le droit de la liberté d'expression.
En Tunisie, les journalistes, malgré les intimidations, les multiples agressions et violations, sont déterminés à déjouer toute tentative de mainmise sur leur secteur, et réclament le respect du principe de la liberté, des médias et du droit de l'action syndicale, tout en dénonçant la pratique de la politique d'impunité, pour faire hisser la presse tunisienne dégringolant sur la scène médiatique internationale.
Mainmise sur le travail journalistique
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) réitère abondamment son appel à l'acquis incontestable de la révolution tunisienne de 2011, la liberté de la presse et de l’information au respect des droits fondamentaux du secteur, inscrits dans la Constitution et dans tous les traités et chartes internationaux, soulignant la nécessité d'adopter le principe de participation et de dialogue pour toute décision relative au secteur.
Depuis la révolution de 2011, la liberté de la presse a commencé à voir le jour en Tunisie, où le paysage médiatique s'est considérablement diversifié avec la naissance de certains médias et le développement d'autres, notamment les chaines télévisées, les radios et la presse électronique.
Dominés par des politiciens ou hommes d'affaires à intérêts politiques ou économiques, quelques organes de presse ont fait naître le pluralisme, phénomène contraignant l'indépendance et la liberté de la presse.
Outre ces facteurs, les journalistes tunisiens font face aux violations répétées du code d'éthique et de déontologie du métier, mais aussi aux multiples agressions policières sur terrain secouant le secteur malgré les condamnations du SNJT et plusieurs autres ONG internationales.
"Je considère que la situation des médias et de la presse à l'heure actuelle est difficile, étant donné que le secteur demeure mal organisé, malgré nos efforts déployés durant les dix ans, post-révolution", a déclaré Manel Mejri, journaliste à la radio dans une interview accordée à l'Agence Anadolu, en argumentant " l'accord-cadre qui a été conclu avec le gouvernement en faveur des journalistes depuis 2019 n'a pas été publié dans le Journal officiel de la République tunisienne".
La journaliste tunisienne a affirmé "le non-engagement du gouvernement a contribué à une détérioration significative des conditions de travail dans le secteur".
"Quant au climat des libertés, il a connu une régression avec les restrictions imposées à un certain nombre de confrères exerçant leur travail, notamment en poursuivant les journalistes au sens des chapitres des revues pénales au lieu d'appliquer les Décrets 115 et 116 à leur encontre", a-t-elle souligné.
La liberté de la presse et de l’information en Tunisie est garantie par la Constitution de 2014 et encadrée juridiquement par deux décrets-lois promulgués en 2011. Ce dispositif reste toutefois incomplet et n’assure qu’une faible protection aux journalistes.
Violations contre les journalistes... question d'impunité
De onze ans de carrière journalistique, le même âge que la révolution, se vante Khaoula Sliti, journaliste et présidente du syndicat à la radio privée Shems FM, qui regrette l'état actuel du secteur des médias et de la liberté de la presse, dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu "tout le monde s'accorde que la situation de la liberté de la presse en Tunisie a connu du recul particulièrement après le 25 juillet", avant de mettre
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en avant "la liberté de la presse qui s'associe à la liberté d'expression est un des acquis fondamentaux de la révolution tunisienne, cette révolution provoquée par les jeunes dont nous les journalistes, personnellement j'ai grandi dans un environnement où on consacre une grande importance à la liberté de la presse que nous avons tous défendue, qui fait face, malheureusement, à une menace imminente".
La Tunisienne met en exergue une des principales revendications exigées par les journalistes dans son pays "nous nous sommes exprimés à maintes reprises que ce soit via nos publications sur les réseaux sociaux ou à travers la position du SNJT, l'organe officiel qui nous représente, concernant notre droit à l'accès à l'information."
La journaliste précise "la circulaire numéro 19 qui restreint l'accès à l'information enfreint la liberté de la presse, aujourd'hui à cause de la politique de communication virtuelle adoptée intentionnellement par les structures officielle notamment la présidence de la République et la présidence du gouvernement, ont enfreint la liberté de la presse", avant de poursuivre en détails "la voix de la cheffe du gouvernement m'est inconnue, suite à son absence médiatique, le Président ne communique avec son peuple qu'à travers les vidéos, ce qui suscite notre intérêt à poser des questions et à avoir des explications".
"La présidence de la République et La présidence du gouvernement visent à faire du journaliste un récepteur passif sans pouvoir décortiquer l'information, demander des explications ou même poser de questions, nous exigeons par la suite le respect de notre travail journalistique" a mis en avant la syndicaliste.
En janvier dernier, Khaoula Sliti avait été, verbalement, agressée par le gouverneur de Ben Arous qui avait adopté un discours de diffamation alors qu'elle couvrait une visite de terrain effectuée par le ministre de la Jeunesse et des Sports et l’ambassadeur de la Chine en Tunisie pour prendre connaissance de l’état d’avancement du projet du complexe culturel et sportif à Ben Arous.
Lors de cet interview avec l'Agence Anadolu, Sliti revient sur l'incident en commentant "censée nous protéger légitiment, l'autorité, aujourd'hui, est auteur de violation, ce qui m'est arrivé avec le gouverneur de Ben Arous est un exemple concret, alors que je lui ai juste rapporté certaines critiques de la part des citoyens dans le cadre du respect de la déontologie du métier et en tout professionnalisme, j'ai été agressée et on m'a accusé de vouloir diviser les Tunisiens, d’être commanditée par un groupe politique, de toucher quelques dinars comme il avait dit en contrepartie de ma mission".
De ce fait, la journaliste avait déposé, le 3 février dernier, une plainte par l'intermédiation de l’avocat du Syndicat National des Journalistes Tunisiens, Ayoub Ghedamsi, "j'ai insisté à déposer une plainte parce que défendre le droit de la liberté de la presse est un devoir, et pour exiger le respect de mon droit en tant que journaliste, je me suis dirigé alors vers la justice à travers l'avocat du SNJT". Cependant, elle a été surprise que sa plainte déposée à l’encontre du gouverneur de Ben Arous, avait disparu.
Khaoula Slitia précise que le tribunal de Ben Arous a assuré à son avocat que la plainte a été transférée à la brigade de la garde nationale à El Aouina. Autorité, ayant nié avoir reçu tout document concernant l'affaire.
S’agissant du sort de sa plainte, Khaoula Sliti a regretté "ça m'a profondément touché de poursuivre les violations à mon encontre en me privant également de mon droit d’accès à la justice, je vais tenir bon et je ne céderai pas face à l'impunité, nous devons tous d'ailleurs résister et ne pas croiser les bras face à ce genre de pratique pour préserver la dignité des journalistes".
Agence Andalou
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Audrey Azoulay : Les avancées technologiques doivent s’appuyer sur
le respect de la liberté, de la confidentialité
et de la sécurité des journalistes.
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Que ce soit dans le contexte de la COVID-19 ou durant les guerres et les conflits, les informations fiables sont plus que nécessaires : elles sont vitales. Les journalistes jouent un rôle fondamental en nous fournissant ces informations. Ils les analysent, les vérifient et les diffusent, permettant ainsi aux individus de prendre des décisions éclairées.
Le journalisme constitue donc un bien commun que nous devons défendre et soutenir en tant que tel. Pourtant, alors même que les Nations Unies célèbrent le 10e anniversaire du Plan d’action sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, pour lequel l’UNESCO est fière de jouer le rôle de chef de file, les journalistes se trouvent confrontés à une situation qui évolue rapidement.
Comme le montre notre plus récent rapport sur les Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias, plus de cinq personnes sur six dans le monde vivent dans un pays où la liberté de la presse a reculé au cours des cinq dernières années. Durant la même période, près de 400 journalistes ont été tués, simplement pour avoir fait leur travail. Les technologies numériques révolutionnent encore plus ce paysage. Elles ont permis des échanges d’information sans précédent, favorisant ainsi un journalisme sans frontières. Désormais, nous pouvons voir, à tout moment, ce qui se passe aux quatre coins du monde. Ces possibilités s’accompagnent cependant de nouveaux défis.
L’émergence des plates-formes en ligne soulève la question de la viabilité économique des médias indépendants et pluralistes, et bouscule les chaînes de valeur et les modèles économiques existants. L’ère du numérique amplifie également le risque, pour les professionnels des médias et leurs sources, d’être pris pour cible, harcelés et attaqués par divers moyens,
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par exemple la rétention de données, les logiciels espions et la surveillance numérique. Les manifestations de haine à l’encontre des journalistes ont grimpé en flèche, notamment envers les femmes journalistes. Il ressort de nos recherches que plus de 70 % des femmes reporters interrogées ont été victimes de violence en ligne. Et comme ces technologies font rarement l’objet de réglementations transparentes ou d’une obligation de rendre des comptes, les auteurs de ces violences agissent en toute impunité, en ne laissant souvent aucune trace. Cela doit cesser.
Les avancées technologiques doivent s’appuyer sur le respect de la liberté, de la confidentialité et de la sécurité des journalistes. Les réseaux sociaux, en particulier, doivent multiplier les efforts pour contrer la désinformation et les discours de haine généralisés, tout en protégeant la liberté d’expression.
L’UNESCO s’emploie résolument à atteindre ces objectifs. Pour faire face à ces nouveaux défis, l’Organisation a soutenu l’adoption de la nouvelle Déclaration de Windhoek sur l’information comme bien commun à l’ère du numérique, 30 ans après la première, à l’occasion de la Conférence internationale de la Journée mondiale de la liberté de la presse, organisée l’année dernière en Namibie.
Depuis, l’UNESCO travaille à la mise en œuvre de la Déclaration en favorisant de nouveaux principes de transparence pour les plates-formes en ligne, en menant des recherches sur les modèles économiques durables pour les médias, et en mettant davantage l’accent sur l’éducation aux médias et à l’information dans les systèmes éducatifs. Toutefois, il nous incombe à tous d’en faire plus pour gérer les risques et saisir les possibilités qu’offre l’ère du numérique.
En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, j’invite les États membres, les entreprises technologiques et la communauté des médias, ainsi que le reste de la société civile, à unir leurs forces pour établir une nouvelle configuration numérique qui protégerait à la fois le journalisme et les journalistes.
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Le rachat de Twitter par Elon Musk,
une mauvaise nouvelle pour la liberté
de la presse selon la FIJ
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La Fédération internationale des journalistes (FIJ) condamne le projet de rachat de Twitter par Elon Musk. Celle qui est une des plus grandes organisations mondiales de la profession y voit une menace pour la liberté de la presse.
L'opération envisagée, qui a déjà obtenu le feu vert du conseil d'administration du réseau social, "menace le pluralisme et la liberté de la presse et crée un terrain favorable pour la désinformation", affirme la FIJ, qui représente 600.000 journalistes à travers 187 syndicats et associations de 146 pays.
Elon Musk, également PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et du groupe aérospatial Space X, "est connu pour avoir depuis longtemps critiqué les politiques de modération de contenus de Twitter et il a régulièrement appelé à ce que le réseau social soit moins réglementé", écrit la Fédération dans un communiqué.
"Le rachat par Musk de Twitter, qui rassemble plus de 400 millions d'utilisateurs à travers le monde, signifie qu'il sera désormais détenu par une seule personne au lieu de plusieurs actionnaires", souligne encore la FIJ qui s'inquiète de cette concentration de pouvoir.
Elle critique notamment la volonté d'Elon Musk d'"authentifier" tous les utilisateurs du réseau social, estimant que l'absence d'anonymat "remettrait sérieusement en cause la protection (...) de nombreux journalistes et sources à travers le monde" qui prennent des risques en affrontant des intérêts puissants.
La FIJ redoute également une moindre modération des contenus qui pourrait "augmenter la désinformation et menacer le journalisme de qualité".
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Une préoccupation exprimée également par Emmanuelle Patry fondatrice du Social Media Lab. Ce rachat constitue un «risque pour la démocratie" selon Emmanuelle Patry.
"Twitter est une extension du bureau des journalistes. C'est là qu'ils font la promotion de leur travail, expriment des idées ou trouvent des sources d'information. Cet espace doit être dûment modéré, tout en respectant la liberté d'expression. C'est un équilibre délicat auquel tout propriétaire de Twitter doit faire attention", déclare le secrétaire général de la FIJ Anthony Bellanger, cité dans le communiqué.
"Nous sommes préoccupés par le fait que les plans d'Elon Musk pour Twitter vont dans la mauvaise direction en exacerbant les possibilités d'attaquer les journalistes et en menaçant l'anonymat des utilisateurs", ajoute-il.
Le secrétaire général de l'organisation, Ricard Guitterrez rajoute que "le milliardaire n'a jamais hésité à utiliser Twitter par le passé pour manipuler l'information, influencer le cours des marchés et contrôler la couverture médias de ses affaires. Nous avons toutes les raisons de penser qu'il resserrera son influence sur le réseau social à son profit, sans égard pour l'intérêt public. Il est temps de réguler la possession des médias et des réseaux sociaux en sorte d'équilibrer la concentration de pouvoirs qui est dangereuse pour le pluralisme, le débat public et la démocratie."
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LA VIE DE L’UPF
UPF Cameroun ouvre le débat
sur les discours violents dans la presse
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A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la section camerounaise de l’Union de la Presse Francophone UPF a organisé une matinée de réflexion autour du
thème : «Lutte contre les discours violents et haineux : la presse peu(t)?».
La manifestation a eu le soutien du PNUD et du Comité International de la Croix-Rouge. C’est un moment d’échange sur le constat d’une généralisation de l’expression de la violence dans les médias avec les journalistes comme victimes, instruments ou acteurs naïfs.
Pour le Ministre de la Communication, ''Promouvoir l’émergence d’une presse crédible en extirpant des réflexes de la violence créée, exercée et entretenue par les réseaux sociaux, à travers ou contre les journalistes, est la gangrène qui fragilise les fondements de la profession de journaliste. "Nous faisons face à une multitude de voix d’accès à l’information, les nouveaux médias comme les sites d’informations, les blogs viennent influencer les anciens moyens d’information. Le public a le droit d’avoir une information crédible. '' a-t-il indiqué.
« Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Ainsi, la liberté de promouvoir les lignes éditoriales doit se faire dans le respect de l’éthique et de la déontologie du journalisme ; ceci pour éviter de faire répandre l’idée selon
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laquelle les journalistes tentent délibérément de cacher des informations, de manipuler et d’orienter l’opinion », comme l’a souligné Evelyne Owona Essomba, présidente de l’UPF Cameroun.
Pour le Pr Leka Essomba, Sociologue et Chef du département de Sociologie à l'université de Yaoundé 1, « Des personnes sans compétences parlent dans l’espace public... Internet est devenu comme un grand arbre à palabre dans ce village planétaire où tout le monde s’exprime à sa guise. Aujourd’hui les fraternités civiques perdent leurs dignités, le minimum de respect est bafoué. L'espace public est devenu une sorte de morgue à ciel ouvert où on montre des corps nus et des sangs de cadavres ; les journalistes participent à la violence par la reprise des propos désobligeants dans les médias traditionnels ».« Nous devons résister en dénonçant les discours haineux contre ceux qui veulent décrédibiliser ce noble métier », nous a confié Charles Ndongo DG de la chaine nationale au Cameroun (CRTV).
Cette célébration intervient dans un contexte où le journaliste est de plus en plus confronté aux réseaux sociaux. Il est important, selon lui, de faire le distingo entre médias et réseaux sociaux.
La rencontre a été largement suivi par les professionnels des médias camerounais. Les débats ont été diffusés en direct sur la page facebook de la section camerounaise pour permettre la participation du grand nombre des journalistes à l’échelle nationale du Cameroun.
A cette occasion, le « Manuel de Bonnes Pratiques en Journalisme », produit avec le soutien de l’UNESCO a été distribué à des institutions de formation en journalisme.
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UPF-Tunisie lance son site web
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La section tunisienne de l’UPF vient de mettre en ligne son site web.
Elle y présente ses membres, ses activités et ses projets. Une vitrine utile et surtout un lien de communication avec les professionnels des médias et les jeunes de Tunisie.
Relancée en 2019, à la suite d’une assemblée générale constitutive, UPF Tunisie a multiplié les contacts auprès du réseau francophone dans le pays.
Elle initié des projets de formation et de sensibilisation. Il en est ainsi des clubs de la presse francophone créées – dans un premier temps- au sein des Lycées et universités de la capitale Tunis.
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Les activités liées aux clubs de la presse francophone trouvent d’ailleurs un large écho dans le site web fraîchement lancé.
« L’UPF-Tunisie s’est, par ailleurs, engagée dans la promotion de la culture francophone auprès des élèves des collèges et des lycées », lit-on dans la note de présentation du site web.
https://upftunisie.org/
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Chronique de Pierre Ganz :
Vulnérabilité des sources (1)
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C’est une règle implicite du journalisme : il faut informer dans l’intérêt du public sans nuire à ses sources. Cette règle demande une attention toute particulière lorsqu’on est en contact avec des personnes vulnérables, précise la charte mondiale d’éthique des journalistes de la FIJ. Une notion qui interroge parfois.
Qui peut-on considérer comme personne vulnérable parmi celles que les journalistes rencontrent lors de leurs reportages et enquêtes ? D’abord les mineurs, qui bénéficient dans de nombreux pays d’une protection légale. Ensuite les victimes de crimes ou de délits, de guerres, de catastrophes et d'accidents ainsi que leurs proches, les personnes en état de choc, les personnes fragiles psychologiquement, les prisonniers. Et tous ceux qui n'ont pas d'expérience dans la communication avec les journalistes, qui ne sont pas conscients de ce que peut impliquer pour eux leur témoignage.
D’une façon générale, il convient de faire preuve avec ces personnes d'une attitude que l’on peut qualifier d’empathie relative : aller vers elles avec respect et attention mais en conservant la distance voire le recul nécessaire pour rapporter les faits sans parti pris.
Le journaliste ne peut confondre son rôle avec celui d’un soignant ou d’un ami. Cela suppose parfois de refuser des demandes qui sortent de la relation d’un journaliste avec une source. Cela implique une vigilance pour éviter, même involontairement, de profiter des émotions et des sentiments des autres, de leur confiance, de leur ignorance ou de leur manque de jugement.
Si une relation de confiance conduit à des récits douloureux, il faut s’assurer que le témoin est d’accord pour que ses propos soient publiés. On peut même affirmer qu’il faut recueillir son consentement éclairé. Dire en substance « je suis journaliste donc vos propos seront publiés » peut ne pas suffire. Il ne faut pas hésiter parfois à demander « êtes vous d’accord pour que ce vous dites soit imprimé dans le journal avec votre nom, à ce que j’enregistre ce que vous me dites pour le faire entendre à la radio ou pour le montrer à la télévision ? ». Ces précautions peuvent paraître excessives, mais il arrive que des personnes ne mesurent pas ce qu’être interrogé a concrètement comme suites et conséquences.
Travailler sur des sujets impliquant des mineurs crée pour le journaliste une obligation éthique nouvelle : arbitrer entre ce qui est au cœur de sa démarche, l’intérêt du public à être informé, et une autre valeur universelle, spécifique, l’intérêt supérieur de l’enfant. D’une façon générale, il faut l’accord des parents ou d’un représentant légal pour interroger un mineur et diffuser ses propos et son image. En France, la loi interdit de diffuser l’identité d’un mineur en fugue, d’un mineur « délaissé » , ou qui est victime d’une infraction ou qui s’est suicidé. Il est également interdit de divulguer toute information concernant l'identité et la personnalité d’un mineur délinquant.
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Des dispositions similaires existent dans de nombreux pays. Les « lignes directrices et principes pour le reportage sur les questions impliquant des enfants » adoptées par la Fédération internationale des journalistes à son congrès de Séoul en 2001 pose le principe suivant : « Les journalistes doivent « examiner soigneusement les conséquences de la publication de tout matériel concernant les enfants et réduire "au minimum les dommages qui leur sont causés ». L’objectif de ces préconisations est de ne pas obérer l’avenir d’un mineur, en évitant de le stigmatiser ou en n’ajoutant pas l’opprobre ou une mise en lumière malsaine à ce qui lui est arrivé. Ajoutons qu’il faut aussi veiller à ce que des informations secondaires (identité des adultes proches, localisation détaillée d’une habitation, d’un établissement scolaire etc.) ne permettent pas l’identification indirecte du mineur.
Il y a d’autres catégories de personnes vulnérables que les journalistes doivent prendre en compte. Les personnes en état de choc, victimes de bombardements, ou lors d’un accident ou d’un attentat, doivent être abordées avec calme et respect. Les harceler de questions, leur braquer micro ou caméra sous le nez est une agression supplémentaire. Il faut prendre le temps de se présenter, leur demander l’autorisation de les interroger, ne pas les filmer si elle s’y opposent ou prendre des précautions pour qu’elles ne soient pas identifiables, dans tous les cas éviter les images qui relèvent d’un voyeurisme sordide.
Il n’est pas inutile aussi d’avoir en mémoire cette prescription du code de déontologie du Presserat (conseil de presse) allemand : « En cas d'accidents et de catastrophes naturelles, la presse doit tenir compte du fait que les services d'urgence pour les victimes et les personnes en danger ont la priorité sur le droit du public à l'information » …
Dans la mesure du possible, il faut ne publier l'identité et les images des victimes qu’après s’être assuré que les personnes les plus proches ont été informées. Cela vaut la peine de perdre du temps pour le vérifier auprès des secours, de la police ou des services hospitaliers, du maire ou d’un responsable local : un parent ou un enfant ne devrait jamais apprendre le décès d’un proche dans des circonstances dramatiques en allumant la télé ou en écoutant la radio. Et les rédactions devraient à chaque fois se demander si le nom d’une victime d’un accident ou d’une catastrophe est un élément d’information indispensable à la compréhension du public de l’événement rapporté.
Ces proches sont aussi des personnes vulnérables. Les journalistes éviteront de s’immiscer dans leur douleur, ils respecteront leur souhait de faire leur deuil en privé. Ils feront preuve de considération, de sensibilité et de discrétion à tout moment lors de la recherche d'informations sur les défunts, notamment pour collecter des images, y compris des photos d'amateurs.
Note : Le second volet de cette chronique sera consacré aux victimes des agressions sexuelles.
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Chronique de Jean-Claude Allanic :
Honneur au féminin
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Comme vous toutes et vous tous, j’ai appris par la presse anglaise, avec un grand bonheur, que madame Camilla Parker Bowles sera reine quand Charles deviendra roi.
Je me suis toujours demandé pourquoi l’épouse d’un roi était toujours une reine et pourquoi l’époux d’une reine n’était pas forcément un roi mais n’était qu’un prince, généralement consort. Remarquez que dans les Républiques, l’époux d’une présidente n’est jamais un « monsieur le président » et que la femme d’un président est rarement appelée « madame la présidente » ; elle est plus simplement la « première dame » (parfois suivie de bien d’autres dames ; mais ceci ne nous regarde pas). Quant au conjoint d’une chef-fe (surtout éviter cheftaine) d’un l’État, c’est encore plus simple : on ne l’appelle pas !
En prémices de nos prochaines assises sur le thème du « leadership* » (sic) des femmes, mettons donc le « féminin » à l’honneur.
En commençant par rendre hommage à nos consœurs journalistes qu’elles soient correspondantes de guerre, envoyées spéciales, présentatrices, rédactrices en chef, directrices de l’information, intervieweuses (malgré sa connotation anglaise, c’est mieux « qu’entreteneuses » ou « qu’interrogatrices »), chroniqueuses, etc. Où le bât blesse, c’est dans le « etc ».
Comment mettre « camerawoman » ou « reporter » au féminin en bon français ? « Cadreuse » (terme a priori réservé pour les caméras de plateaux) ? « Reportrice » ou « reporteuse », comme on dit une « autrice » ou une « auteuse » ? Ou simplement une reporter comme on dit une professeur ?
Je me garderai bien de trancher. En revanche, j’aime bien le fait que tous les mots français n’aient pas d’équivalent féminin.
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Je préfère (façon de parler) ne pas imaginer qu’un assassin ou qu’un escroc puisse être une femme. Et il me paraît rassurant de conserver aux sages-femmes de ce rassurant qualificatif de leur métier. Cela étant, je n’ai rien contre les hommes « sages-femmes » Mais, dit un proverbe arménien : « Si derrière toute barbe il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes ».
Pour rester dans le monde médical, je tiens à lever cette autre ambiguïté de vocabulaire. Ce n’est pas parce que je n’ai aucune confiance dans certaines médecines (plus ou moins douces) que je n’apprécie pas les femmes médecins (plus ou moins douces).
Dans un autre ordre d’idées et selon une information « documentée » - mot devenu très à la mode – il est avéré que certains hommes ont des maîtresses. Curieusement, on n’utilise jamais le masculin quand des femmes, par pure supposition, tromperaient leurs hommes ?
Je remarque, en passant, qu’on parle d’une « maîtresse femme » pour une femme « énergique, volontaire, qui sait commander » (dictionnaires) alors que « maître homme » est rarement utilisé ; serait-ce parce que les hommes seraient génétiquement « énergiques, volontaires et sachant commander » ?
Diable ! Ou devrais-je dire « diablesse » pour ne pas être accusé de machisme ? Chacun et chacune sait que le Diable ou la Diablesse se cache dans les détails ? Y compris linguistiques.
* « Leadership » : « position dominante » selon la définition du Larousse ; pas très excitant ! L’Académie française que j’ai interrogée préconise, selon les cas, « primauté », « domination », « prédominance ». Quand j’entrerai à l’Académie, je proposerai de remplacer le mot « leadership » par « dirigeance ».
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RFI et France 24 :
Définitivement suspendus au Mali
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Le couperet est tombé pour RFI et France 24 au Mali : la diffusion des deux médias audiovisuels français, déjà coupée depuis mi-mars, a été définitivement suspendue mercredi 27 avril, signe d’une escalade des tensions entre Paris et Bamako. France Médias Monde (FMM), maison mère de RFI et France 24, a réagi dans un communiqué, contestant « avec force une telle mesure » et promettant d’utiliser « toutes les autres voies de recours possibles ».
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Du 2 au 3 juin
La France fête la radio
La « Fête de la radio » se déroulera dans toute la France et les DOM-TOM les 2 et 3 juin 2022. Elle sera coordonnée par une toute nouvelle structure associative participative : l'Association de la Fête de la Radio. "Pendant deux jours, les radios et les auditeurs pourront fêter ce média et découvrir toutes ses facettes, de sa diffusion à sa réception qu'elle soit analogique ou numérique, en direct ou en différé".
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TF1-M6 :
Le projet de fusion approuvé
A plus de 99% des voix, l'assemblée générale des actionnaires de M6 a validé la modification des statuts ouvrant la voie au rapprochement avec TF1, annoncé en mai 2021 et qui doit être finalisé début 2023 après avoir reçu l'accord de l'Arcom (ex-CSA) et de l'Autorité de la concurrence. S'il est finalisé, le projet conduirait à la création d'un géant français dans la production audiovisuelle et la publicité.
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« Nous continuerons de couvrir l’actualité au Mali, qui intéresse l’Afrique tout entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer de recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde », souligne FMM.
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Au programme : journées portes ouvertes, expositions, jeux, concerts, animations spéciales à l'antenne. L'objectif : mieux appréhender toutes les manières d'écouter la radio : FM, DAB+, RadioPlayer, Streaming, Podcasts, etc
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Les actionnaires de M6 ont aussi porté à 75 ans la limite d'âge des membres du directoire, permettant à Nicolas de Tavernost « de poursuivre sa mission en tant que premier président opérationnel du nouveau groupe. »
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