RSF : « En Serbie, la liberté de la presse est bafouée au quotidien »

avr 04, 2018

« La situation de la liberté de la presse s’est détériorée de façon spectaculaire ces dernières années », a déclaré Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE/Balkans de Reporters sans Frontières (RSF). « La situation en Serbie est pire qu’ailleurs dans les Balkans, selon les témoignages que l’on reçoit. Au moment où la Serbie essaie de montrer patte blanche auprès des institutions européennes, il est temps de dire que l’État de droit n’est pas respecté et que la liberté de la presse est bafouée au quotidien. Les institutions européennes doivent faire pression sur la Serbie, car aujourd’hui, elle ne remplit pas les conditions d’adhésion. Les médias pro-gouvernementaux, qui ne sont pas des médias d’information, diffusent du contenu visant à discréditer et à diffamer certaines personnes. Il existe actuellement un climat de peur qui me fait craindre que la situation se détériore encore plus. La Serbie a des manières de dictature, avec un président omniprésent qui semble régner sur tout, ce qui n’est pas conforme à l’État de droit. »
Slaviša Lekić le président de l’Association des journalistes indépendants de Serbie (NUNS) s’est dit « heureux » que notre correspondant Philippe Bertinchamps, qui était menacé d’expulsion par le ministère serbe de l’Intérieur, ait pu rester en Serbie, mais il a également fait part de sa colère, avouant sa « honte » face à ces événements. « Dans ce pays, tout dépend de la volonté politique d’un seul homme », a-t-il affirmé. « Les décisions concernant Philippe Bertinchamps n’ont pas été prises pas les autorités compétentes, le ministère de l’Intérieur (MUP) et l’Agence de sécurité (BIA), mais par un homme à qui cette information est parvenue, un homme qui apparaît comme une force qui surgit et résout tout. »
Notre correspondant a finalement obtenu son visa, suite à une forte mobilisation lancée par RSF afin de sensibiliser aux atteintes contre la liberté des médias dans ce pays. Il s’était auparavant vu refuser sa demande de séjour temporaire sous prétexte qu’il représentait un « obstacle à l’ordre public et à la sécurité nationale ».

Source : Le Courrier des Balkans