RFI coupé en République démocratique du Congo, la France appelle à la liberté de la presse

fév 05, 2019

Le signal de la radio publique française Radio France internationale a été coupé mercredi 2 janvier en RDC et l’accréditation de sa correspondante dans ce pays a été retirée.
La France a appelé jeudi 3 janvier au respect de la liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC), où l’accès à Internet et le signal de Radio France internationale (RFI) ont été coupés après l’élection présidentielle de dimanche.
« La France est engagée en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, a déclaré un porte-parole adjoint du ministère français des affaires étrangères. Le respect de ces libertés, qui constitue un fondement de toute société démocratique, est un élément clé pour garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral en cours en République démocratique du Congo », a-t-il ajouté. Paris n’avait pas immédiatement réagi mercredi à la coupure du signal de la radio publique française RFI en RDC et au retrait de l’accréditation de sa correspondante dans ce pays.
Le gouvernement congolais « ne peut laisser des médias annoncer, ou faire annoncer par d’autres sources que la CÉNI [Commission électorale nationale indépendante], les résultats », a de son côté expliqué jeudi le ministre congolais des médias, Lambert Mende, également porte-parole du candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary. « En prenant des mesures conservatoires à l’encontre d’une entreprise audiovisuelle qui viole délibérément cette exigence [de ne pas divulguer les résultats], le gouvernement ne cède pas à un quelconque caprice. Il ne fait qu’accomplir son devoir qui est de veiller à l’application des lois », s’est justifié M. Mende.

RFI demande le rétablissement de sa diffusion

Le ministre congolais a insisté auprès des journalistes couvrant les élections pour des médias étrangers que seule la CÉNI est habilitée à donner le résultat des votes. Ce rappel à l’ordre intervient alors que la CÉNI envisage un report de l’annonce des résultats provisoires, qui était prévue le 6 janvier « au plus tard ».
RFI, qui couvre abondamment l’actualité de la RDC, pays francophone de 80 millions d’habitants, a assuré pour sa part« respecter sur ses antennes les textes en vigueur et n’avoir donné aucun résultat » du scrutin de dimanche. « Radio France internationale soutient pleinement sa correspondante Florence Morice et demande l’annulation de cette mesure de retrait d’accréditation et le rétablissement de sa diffusion », a ajouté la station dans un communiqué publié mercredi 3 janvier.
Parallèlement à l’interruption de RFI, l’ambassadeur britannique en RDC, John Murton, a publié le jour même un message sur Twitter en anglais, en français et en swahili suggérant aux Congolais d’écouter la station rivale BBC :
« Il faut protéger la capacité et les droits des médias comme nous[l’avons] souligné dans notre déclaration récente » a finalement répondu M. Murton à un internaute ayant estimé que la coupure de RFI était « une bonne chose pour la BBC Afrique ». Dès lundi, au lendemain des élections présidentielle, législatives et provinciales, les autorités avaient déjà demandé aux opérateurs de couper l’accès Internet dans le pays pour éviter « un soulèvement populaire », d’après un conseiller du président Kabila.
Joseph Kabila, au pouvoir depuis l’assassinat de son père en 2001, élu en 2006, avait été réélu dans la contestation en 2011. Alors que le pays n’a jamais connu de transition pacifique depuis l’indépendance en 1960, trois prétendants sur 21 candidats se disputent la succession de M. Kabila : le « dauphin » du président Joseph Kabila, l’ex-ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

Source : Le Monde avec AFP