46e assises internationales de la presse francophone. Conakry, du 20 au 25 novembre 2017.

nov 15, 2017

LeaksFeed, le nouveau média qui ne veut ni journalistes ni... média
www.lci.fr
INNOVATION - Ce mercredi, un site d’information d’un nouveau genre fait ses premiers pas aux États-Unis et en France. Son petit nom ? LeaksFeed. Son objectif : permettre à qui veut de partager des informations, de lancer des alertes à la façon d'un wikileaks mais à l'échelle de chacun et surtout sans intermédiation. Révolutionnaire ? Utopique ? Risqué ?
"The truth or nothing", les mails de contact et de confirmation d'inscription de Leaksfeed annoncent la couleur : "La vérité sinon rien". Ce nouveau site de partage d'informations fait ses premiers pas en France et aux Etats-Unis ce mercredi 4 octobre.
Communautaire, le site veut s’affranchir du système médiatique et "des pressions du pouvoir" exercées sur les journalistes. La défiance des citoyens face aux médias étant de plus en plus grande, LeaksFeed souhaite mettre ses utilisateurs au cœur de la création de l’information et en faire des lanceurs d’alerte. Tout ça, sans aucun journaliste.

"Libérer la parole"
Contacté par LCI.fr, Pascal, responsable de la communication du site, explique que LeaksFeed ne "souhaite pas faire de la concurrence aux médias traditionnelles" mais "libérer la parole des citoyens". "Nous voulons créer un média pour les citoyens, fait par les citoyens".
Fondé par l'agence de communication Zeronet, LeaksFeed sera un site totalement gratuit et sans publicité. Il suffira pour les utlisateurs de s'inscrire avec un pseudonyme et chacun pourra publier des informations à l'envi. Ce mix entre média communautaire et réseau social veut permettre aux utilisateurs de diffuser des informations mais aussi de les commenter et de les partager au sein même de la plateforme.
Depuis quelques années, les lanceurs d’alerte comme Julian Assange, Edward Snowden ou Chelsea Manning ont révélé des scandales à l’échelle mondiale. LeaksFeed veut faire la même chose. A petite échelle. "Nous voulons libérer la parole des citoyens, faire ressortir des problèmes ou des informations dont personne ne parle", affirme Pascal. Le rêve des fondateurs serait que les contenus publiés sur LeaksFeed permettent à des journalistes de faire un travail d’investigation en partant des informations publiées par les utilisateurs. "Nous ne sommes pas en opposition avec les médias car nous ne faisons pas la même chose", affirme-t-il.
"Ces nouveaux médias permettent aux citoyens de s’exprimer directement et de court-circuiter les journalistes", estime Clara-Doïna Schmelk, journaliste et philosophe des médias. Selon celle-ci, la création de LeaksFeed est caractéristique du phénomène de "désintermédiation qui consiste en la suppression des intermédiaires dans un circuit de distribution".
Quid des fake news ?
Mais sans intermédiaire et sans vérification, comment indentifier et prévenir les fake news qui sont légions sur le net ? Qu'elles soient fortuites ou volontaires. L’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2016 est une preuve supplémentaire que les fake news sont devenues une arme de déstabilisation. Pour prévenir ces écueils, le site communautaire affirme avoir mis en place une équipe de modérateurs afin de vérifier qu’il n’y a pas de débordements notamment de propos racistes, de diffamation ou de délation.
Mais les fake news seront-elles évitées ou filtrées ? Sans journalistes pour recouper et vérifier la véracité des informations publiées par les membres de LeaksFeed, rien ne garantit que le site ne sera pas soumis à ce problème.
"Il y a un jeu dangereux avec ce genre de sites. Il y a un risque qu’il tombe aux mains de la propagande et des fake news", redoute Clara-Doïna Schmelk.