A Hongkong, journalistes et artistes prennent le chemin de l'exil
Alors que la Chine renforce son emprise sur la cité-état, l’artiste Kacey Wong et le présentateur de télévision Steve Vines ont annoncé leur départ, tout comme le média Initium, parti se réfugier à Singapour.
Le média hongkongais Initium annonce mardi sa délocalisation à Singapour, invoquant le recul de la liberté de la presse dans la ville. Le même jour, l’un des artistes les plus célèbres de Hongkong a indiqué avoir déménagé à Taiwan, pour fuir la répression de la dissidence et retrouver une «liberté totale». Initium est le premier organe de presse hongkongais à quitter le centre financier en raison de la répression de la dissidence par les autorités. Cette nouvelle intervient le jour où le présentateur Steve Vines et l’un des artistes les plus célèbres de Hongkong, Kacey Wong, ont confirmé séparément avoir eux aussi quitté Hongkong, invoquant un recul des libertés.
«Au cours des six dernières années, le chemin vers la liberté est devenu plus difficile et plus dangereux, le monde est de plus en plus polarisé et antagoniste», a écrit Susie Wu, rédactrice en chef d’Initium, dans un article à l’occasion de son sixième anniversaire. Elle a mentionné le recul régulier de Hongkong dans les classements annuels de la liberté de la presse et la montée des «petits roses» – qui désigne les nationalistes exprimant leur colère en ligne – en Chine continentale. Initium est un journal en langue chinoise, relativement peu important, qui compte quelque 60 000 abonnés payants. Ce départ illustre l’inquiétude de certains médias quant à leur avenir à Hongkong, une ville autrefois considérée comme un lieu privilégié d’expression et de liberté.
Après les militants, artistes et journalistes s’en vont
«Nous croyons que, où que nous soyons, tant que la liberté dans nos coeurs est connectée, nous pouvons créer un plus grand espace de liberté», a écrit Susie Wu. Hong Hong est actuellement l’objet d’une reprise en main musclée par le pouvoir central chinois, deux ans après l’immense mouvement de contestation de 2019. La draconienne loi sur la sécurité nationale imposée l’an passé par Pékin a criminalisé toute dissidence dans l’ex-colonie britannique. La plupart des figures du mouvement pro-démocratie ont été arrêtées, emprisonnées ou ont fui à l’étranger.
Le Temps