|
|
Éditorial
Une profession à haut risque qui est la nôtre
|
|
Par Zara Nazarian,
Secrétaire générale internationale
Chère consœur, cher confrère,
C’est d’un tout autre sujet que je voulais vous parler dans cette colonne, un sujet qui concerne la vie et les projets de notre Union, mais le contenu de ce numéro d’Infolettre m’a obligée de changer de thématique.
Il suffit de regarder les titres des articles ici-bas : ils parlent des journalistes emprisonnés, kidnappés, menacés, qui se battent pour leurs libertés les plus fondamentales… Et on pousse un souffle de soulagement quand on apprend qu’un collègue a été libéré. Triste réalité !
Cela a été le cas de notre confrère algérien Khaled Drareni il y a quelques mois seulement. Aujourd’hui, c’est lui qui se bat pour ses collègues : Kenza Khatto, Rabah Kareche…
L’un des articles de cette Infolettre est intitulé « Journalisme, un métier « à très haut risque » dans le Sahel », où sont cités différents pays de la zone où nos confrères sont exposés à des risques importants.
Mais ni l’Algérie, ni le Sahel n’ont, malheureusement, l’exclusivité d’être des « zones à risques » pour l’exercice de notre métier. L’oppression des journalistes et la restriction de leur liberté de parole, souvent accompagnées des privations des droits civiques et/ou de la liberté physique, ne sont pas réservées aux seuls pays en difficulté économique ou politique. Les pressions, les intimidations, les emprisonnements, les enlèvements voire les tortures et les tentatives de meurtre sur les journalistes sont répandus dans les quatre coins de la planète. Même les pays leaders du point de vue économique et où la démocratie paraît être acquise ne sont pas exclus de cette liste.
Ainsi, le constat s’impose : le journalisme devient une profession à haut risque. Face à cette réalité, un seul remède : la solidarité. Qu’on soit directement concerné ou pas, qu’on partage ou non le point de vue de nos collègues persécutés, il faut être solidaire et faire tout ce qui est dans nos forces pour les aider. Souvenez-vous des paroles du Pasteur Niemöller : « Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste ; quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas Juif ; quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai rien dit, j'étais protestant... Puis, ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour dire quelque chose »…
J’espère qu’on sera nombreux à Paris et à Bamako - et peut-être pas seulement - ce 8 juin, à réclamer la liberté de notre collègue Olivier Dubois.
|
|
UPF solidaire :
Ensemble pour Olivier Dubois, journaliste français otage au Mali
|
|
UPF internationale a rejoint le comité de coordination et de soutien pour la libération du journaliste français, Olivier Dubois, otage au Mali. Initié par Reporters sans frontières, le comité de coordination et le comité de soutien appellent à un Rassemblement, mardi 8 juin, à Paris et à Bamako.
Bientôt deux mois qu’Olivier Dubois, le correspondant de Libération, du Point et de Jeune Afrique au Mali, a disparu. Parti faire son travail de journaliste à Gao, une ville du nord du pays cernée par des groupes islamistes armés, il n'est jamais remonté dans l'avion qui devait le ramener à Bamako.
Dans la nuit du 4 mai, Olivier est réapparu pendant vingt petites secondes. Le temps d’une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, dans laquelle il indique avoir été «kidnappé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans» (Jnim, selon l’acronyme arabe de l’organisation, qui a prêté allégeance à Al-Qaeda).
|
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a confirmé quelques jours plus tard qu'Olivier Dubois était bien «otage d’un groupe jihadiste». Le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire pour «enlèvement en bande organisée» et «en relation avec une entreprise terroriste». Au Mali, une information judiciaire a également été ouverte au pôle judiciaire spécialisé.
Le comité de soutien d’Olivier Dubois et le comité de coordination initié par Reporters sans frontières organisent un rassemblement, le 8 juin - date anniversaire de son enlèvement -, à 11h30, place de la République à Paris, pour appeler à sa libération. Des proches, des journalistes, d’anciens otages, sont invités à y prendre la parole. Au même moment, au Mali, une manifestation similaire se tiendra à la Maison de la presse de Bamako. En espérant qu’Olivier, où qu’il soit, en ait un écho...
|
|
ACTUALITES :
Journaliste, un métier "à très haut risque" dans le Sahel
|
|
Après la mort de deux journalistes espagnols au Burkina Faso et l'enlèvement d'un Français au Mali, on observe combien exercer ce métier au Sahel est devenu risqué. Jihadisme, criminalité, la quasi impossibilité d'accéder à de vastes étendues de territoire et à certaines sources, ainsi que les pressions et les intimidations pèsent sur la profession.
La peur chevillée au corps. Les journalistes travaillant dans plusieurs pays du Sahel font un métier à haut risque, trop souvent exercé "la peur au ventre", expliquent un certain nombre d'entre eux après la mort de deux confrères espagnols au Burkina Faso et l'enlèvement d'un collègue français au Mali.
Ces journalistes racontent la difficulté de continuer à informer malgré la propagation jihadiste et les agissements criminels, la quasi impossibilité d'accéder à de vastes étendues de territoire et à certaines sources, ainsi que les pressions et les intimidations multiples, qu'elles viennent du pouvoir ou d'ailleurs, sans parler du manque de moyens de la profession.
Olivier Dubois, collaborateur de divers médias maliens et français, est apparu la nuit du mercredi 4 mai dans une vidéo où il dit avoir été enlevé début avril à Gao, dans le nord-est du Mali, par un groupe affilié à Al-Qaïda.
Un métier exposé
Ce journaliste aguerri de 46 ans, qui vit et travaille depuis 2015 au Mali, avait arrangé un rendez-vous avec le commandant d'un groupe jihadiste de la région, Abdallah Ag Albakaye. Il a été vu pour la dernière fois alors qu'il embarquait dans une voiture avec plusieurs hommes.
Au Burkina Faso, les reporters espagnols David Beriáin et Roberto Fraile, ainsi que l'Irlandais Rory Young, président d'une ONG de protection de la faune sauvage, ont été tués alors qu'ils se trouvaient avec une patrouille antibraconnage qui a été attaquée fin avril par des hommes armés.
Leur mort "vient encore rappeler combien on peut être exposé dans notre métier", confie le journaliste reporter d'images burkinabè Salif Zangre. "Cela n'entame pas notre volonté de couvrir l'actualité", assure-t-il, mais en prenant toutes les précautions possibles.
|
Il est désormais "quasiment impossible" de faire du terrain au-delà des villages environnants, admet un journaliste burkinabè en poste dans la région du Nord, frontalière du Mali, dont l'AFP a choisi de ne pas divulguer l'identité.
Les journalistes, des cibles de choix
Le Burkina Faso figure au 37e rang du classement mondial de la liberté de la presse 2021 de Reporters Sans Frontières (RSF), le Niger au 59e et le Mali au 99e.
RSF décrit même le Burkina comme "une des réussites du continent" en la matière. Mais l'organisation évoque les vicissitudes de la presse dans les pays sahéliens : insécurité largement répandue, restrictions de mouvement et sanctions imposées par les autorités au nom de la lutte contre les jihadistes, tours de vis justifiés par la pandémie de Covid-19.
Les journalistes étrangers sont des cibles, pour ce qu'ils représentent et pour leur valeur d'échange. Mais les locaux sont aussi exposés. "La vie d'un journaliste au Sahel n'est pas toujours gaie, même à Bamako (relativement préservée, NDLR) : barbelés autour de la maison, précautions à prendre dehors", constate Serge Daniel, le correspondant dans la capitale malienne depuis plus de 25 ans de RFI et de l'AFP.
L'assassinat d'une journaliste et d'un technicien de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, en 2013, a marqué les esprits. Pourtant la situation est peut-être plus dangereuse aujourd'hui qu'au début de la poussée jihadiste dans le Nord en 2012, assure-t-il.
Haut risque
Au-delà des risques courus en déplacement, les journalistes locaux évoquent le sentiment d'une menace permanente. Le rédacteur en chef de la télévision privée malienne Renouveau TV, Bréhima Sogoba, rapporte que certains de ses correspondants, par crainte des représailles, renoncent à signer leurs reportages.
Au Niger, où les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l'année, le responsable d'une radio communautaire ayant requis l'anonymat reconnaît qu'il vaut mieux "tourner mille fois sa langue (dans sa bouche) avant de parler".
"Le métier est désormais à très haut risque. Les jihadistes et autres bandits écoutent très bien nos émissions" et ont "l'habitude d'adresser des menaces aux radios en leur demandant de ‘faire très attention’", ajoute-t-il.
Un journaliste de la même région dit redouter surtout l'enlèvement. Sa radio n'organise plus de débats parce que "les gens ne se bousculent plus devant nos micros", et rediffuse surtout d'anciennes émissions, dit-il.
Continuer à rapporter une information complexe dans un tel contexte est un défi constant. Pour le rédacteur en chef de Renouveau TV, il faut avant tout "maîtriser le terrain" et mesurer "tous les enjeux". "Le bon journaliste, c'est quand même celui qui vit", dit Bréhima Sogoba.
France 24 avec AFP
|
|
Algérie : La journaliste Kenza Khatto condamnée à trois mois de prison
avec sursis
|
|
Jugée le 25 mai dernier au tribunal de Sidi M’Hamed pour plusieurs chefs d’accusation, la journaliste Kenza Khatto a écopé de trois mois de prison avec sursis, assortie d’une amende de 20 000 DA. Le verdict est tombé le mardi 1er juin. La journaliste a été condamnée pour « outrage à corps constitué ».
Ainsi, la main de la justice a encore frappé une journaliste arrêtée lors de la couverture médiatique d’une marche du mouvement populaire (Hirak) à Alger, le 14 mai dernier. Le tribunal de Sidi M'hamed a, en outre, relaxé la journaliste pour le chef d’accusation « d’atteinte à l’unité nationale ». Le parquet avait requis, lors du procès de Kenza Khatto, tenu le 25 mai dernier, un an de prison ferme.
La journaliste était poursuivie pour « atteinte à l’unité nationale, publications de nouvelles pouvant porter atteinte à l’intérêt national, incitation à attroupement non armé et outrage à corps constitué ». Elle a été arrêtée alors qu’elle assurait la couverture médiatique d’une marche du mouvement populaire. Elle a été, par la suite, maintenue en garde à vue durant plusieurs jours, avant d’être présentée devant le procureur de la République, le 17 mai.
|
Le procureur avait décidé de sa comparution immédiate avant que la justice ne décide de renvoyer son procès au 25 mai.
Il faut dire que ces derniers temps sont difficiles pour la presse en Algérie. Après le blocage de plusieurs sites, dont Observ'Algérie, des journalistes sont régulièrement interpellés pendant l’exercice de leur travail. Ces arrestations confirment la volonté du pouvoir de museler toutes les voix discordantes. La condamnation de la journaliste Kenza Khatto est une nouvelle preuve de la précarité dans laquelle les journalistes algériens exercent leur métier et de la pression qu’ils subissent. Elle intervient aussi au moment où le journaliste Rabah Kareche, correspondant du quotidien francophone Liberté à Tamanrasset, croupit en prison depuis plus d’un mois.
Observ’Algérie
|
|
Maroc : Procès du journaliste Omar Radi,
la défense liste les vices de forme
|
|
Le procès du journaliste marocain Omar Radi, en détention préventive depuis dix mois, a été renvoyé au 8 juin, après une audience au cours de laquelle la défense s’est efforcée de démontrer les multiples « vices de forme » dans cette affaire.
«Violation du secret judiciaire», «procès-verbaux non-signés» ou «certificats médicaux joints au dossier sans notifier la défense»: les avocats ont listé pendant quatre heures les «irrégularités» de procédure émaillant l’affaire de «viol» jugée par la Cour d’appel de Casablanca.
Le journaliste de 34 ans, connu pour son ton critique et son engagement pour les droits humains, est également poursuivi pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat» avec «financement de l’étranger», sans lien avec les accusations de «viol».
Omar Radi a toujours clamé son innocence, et ses soutiens dénoncent un «procès politique». Les autorités marocaines, elles, ont constamment mis en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.
«Un site (marocain) a publié l’information de l’arrestation de Omar Radi et les détails de son interrogatoire (…) l’article est une version réécrite du procès-verbal», s’est indigné Me Miloud Kandil.
|
Selon lui, certains procès-verbaux ne portent « ni les noms ni les signatures de leurs auteurs ou des personnes interrogées ».
Les avocats ont aussi qualifié de « surréaliste » la décision du juge de poursuivre pour « complicité de viol » l’unique témoin à décharge: le journaliste Imad Stitou, 32 ans, est jugé en état de liberté en même temps que son ami et confrère, Omar Radi.
Souriant mais amaigri après 21 jours de grève de la faim, M. Radi a affirmé pendant l’audience que son « état de santé se dégrade ». « J’ai besoin d’un suivi médical quotidien », a-t-il dit avant que ses avocats ne déposent une nouvelle demande de liberté provisoire.
Jusqu’à présent, la justice a rejeté toutes ses demandes, comme celles d’un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, 48 ans, lui-même en grève de la faim depuis 55 jours. Après plusieurs reports, son procès pour « agression sexuelle » doit reprendre le 8 juin.
Le cas des deux journalistes mobilise au Maroc et à l’international, beaucoup dénonçant une répression de la liberté d’expression.
Différents partis politiques marocains ont appelé à un « apaisement » en demandant qu’ils soient libérés, après deux pétitions signées par des centaines de personnalités marocaines parmi lesquelles des anciens ministres, des intellectuels et des journalistes.
H24
|
|
La Tunisie arrête un blogueur populaire
pour insulte au président
|
|
Salim al-Jabali, animateur d’une page Facebook qui commente la politique, est poursuivi devant un tribunal militaire après une plainte de la présidence tunisienne
Les autorités tunisiennes ont arrêté, lundi 31 mai, un célèbre blogueur accusé d’avoir insulté le président Kais Saïd, ont rapporté plusieurs médias locaux.
Salim Jabali, qui gère la populaire page Facebook « le ministre de l’Hypertension et du Diabète », un compte humoristique qui fait référence aux maux associés au stress, a été arrêté après un dépôt de plainte de la présidence tunisienne, a annoncé Nessma TV. Al-Masdar Tunis a signalé que Jabali serait poursuivi devant un tribunal militaire.
« Salim Jabali, ministre de l’Hypertension et du Diabète, n’a pas volé ou kidnappé ni même insulté qui que ce soit… Il est accusé de critiquer sa majesté la dirigeante et [conseillère du président] Nadia Akacha, alors il s’est retrouvé devant la justice militaire après son arrestation aujourd’hui », indique la page dans une publication confirmant l’arrestation de Jabali ce lundi.
Dans d’autres commentaires, les administrateurs de la page ont reproché à l’armée tunisienne son implication dans les poursuites.
« Pourquoi l’institution militaire accepte que le président se serve d’elle comme bâton pour effrayer le peuple ? », s’interroge une publication.
Le plus parti politique tunisien, Ennahda, qui est en désaccord avec Kais Saïd depuis son arrivée au pouvoir fin 2019, a déclaré dans un communiqué qu’il s’opposait aux arrestations de blogueurs et à ce qu’ils soient déférés devant les tribunaux militaires.
Inquiétudes pour la liberté d’expression
La transition vers la démocratie de la Tunisie est souvent saluée comme la seule réussite des soulèvements du Printemps arabe contre les autocrates au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2011. Mais les restrictions s’appliquant à la liberté d’expression et les arrestations d’activistes et de blogueurs continuent,
|
près de dix ans après la révolte populaire qui a évincé le président Zine El Abidine Ben Ali.
L’année dernière, Amnesty International a prévenu que la liberté d’expression en Tunisie était en danger en raison de la multiplication des poursuites pour des publications sur les réseaux sociaux, notant qu’au moins une quarantaine de blogueurs ont été arrêtés entre 2018 et 2020.
« Il est extrêmement perturbant de voir des blogueurs et des activistes être visés par des poursuites pénales en vertu de lois qui remontent à l’époque de la répression en Tunisie, et ce, dix ans après la révolution, simplement pour avoir publié leurs avis sur Facebook », estimait Amna Guellali de Amnesty dans un communiqué à l’époque.
« Au lieu d’essayer de museler les critiques, les autorités tunisiennes devrait défendre le droit de chacun à s’exprimer librement et en toute sécurité sans craindre de représailles. »
Kais Saïd, ancien professeur de droit avec peu d’expérience politique avant de se présenter à la présidence, a été élu en 2019, succédant à Béji Caïd Essebsi qui est mort pendant son mandat la même année.
Fin mai, MEE a révélé qu’un document top-secret avait été adressé à Nadia Akacha, esquissant un projet potentiel pour que Kais Saïd organise un coup d’État afin de concentrer les pouvoirs et de déclarer une dictature constitutionnelle dans un contexte de crise économique qui s’aggrave.
La semaine dernière, le chef de l’État a confirmé l’authenticité du document. Il a souligné qu’il l’avait simplement reçu, mais ne l’avait pas approuvé et n’était pas impliqué.
Middle East Eye
|
|
Guinée: Libération du journaliste Amadou Diouldé Diallo
|
|
En Guinée, c’est un ouf de soulagement pour le journaliste Amadou Diouldé Diallo qui recouvre la liberté après près de trois mois de détention à la prison civile de Conakry.
Sa détention était liée à une sortie qu’il a faite au cours d’une émission sur une radio locale où il affirmait que le « seul projet » du président guinéen Alpha Condé est d’« exterminer » la communauté peule de Guinée.
« La prison, je suis content de l’avoir fait, parce que c’est une école de la vie qu’on apprend nulle part ailleurs si ce n’est en prison. »
Ce sont les premiers mots d’Amadou Diouldé Diallo libre. Le tribunal l’a toutefois condamné à une amende équivalente à 420 euros suivant la réquisition du procureur Sidy Souleymane Ndiaye du tribunal de Dixinn pour offense au chef de l’État Alpha Condé, c’était le 13 avril dernier.
|
Me Mohamed Traoré s’est réjouit de cette mise en liberté de son client, mais dénonce : « C’est une joie en demi teinte, monsieur Amadou Diouldé Diallo n’aurait jamais dû passer même une seule journée en prison. On est choqué de constater cette banalisation de la liberté des citoyens. En ce qui concerne le collectif des avocats de la défense de Amadou Diouldé Diallo et d’autres d’ailleurs, nous continuerons à nous battre pour qu’encore une fois, force reste à la loi. »
Les parties civiles ont brillé par leur absence et le juge Aboubacar Maférin Camara a constaté la non réclamation des dommages et intérêts.
Le président de l’Union des radios et télévisions de Guinée adresse un message aux pouvoirs publics. « Il y a une mauvaise lecture que ces pouvoirs publics font généralement de la presse. Ils prennent la presse comme des adversaires alors que loin s’en faut, nous sommes tout juste là pour faire notre travail, interpeller, conscientiser, informer et sensibiliser la population », déclare Aboubacar Camara.
Reporters sans frontières a salué cette libération, mais rappelle que la Guinée avait aboli en 2010 l’emprisonnement pour délits de presse.
RFI
|
|
« Respé ba jounalis » : Mobilisation
pour la liberté d’informer à Fort-de-France
|
|
Samedi 29 mai, le Club Presse Martinique a réuni une soixantaine de journalistes pour dénoncer les agressions dont ont été victimes des journalistes de Martinique La 1ère et de RCI, lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 22 mai dernier au François.
Un cap a été franchi le 22 mai. Des individus cagoulés s'en sont pris à plusieurs journalistes lors des commémorations du 22 mai au François. Samedi 29 mai, les journalistes martiniquais ont tenu à marquer le coup. À l’initiative du Club
Presse Martinique, les principaux rédacteurs en chef des différents médias se sont réunis cette semaine et ont décidé d’une première mobilisation samedi, après une émission, sur la liberté de la presse, sur RCI cette semaine.
Réunis place de l’Abbé Grégoire aux Terres Sainville à Fort-de-France,
|
une soixantaine de journalistes des différents organes de presse (télé, radio, presse écrite, web) ont dénoncé des actes « inadmissibles ».
Ils ont surtout rappelé la nécessité de la liberté d’informer et de rendre compte de ce qui se passe à la Martinique. « Nous sommes de différents médias, tous différents mais nous faisons tous le même métier », ont-ils insisté, soulignant que les différentes rédactions de l’île ne sont sous le joug d’aucune puissance, politique ou économique, et qu’elles ont une totale indépendance dans le choix de leur sujet et du traitement qui en est fait.
France-Antilles
|
|
Luxembourg : La liberté de la presse malmenée
|
|
Le ministère de la Sécurité intérieure, le ministre Henri Kox lui-même, la porte-parole ? Qui est derrière l’ordre adressé à Reporter de supprimer un article de son site ? L’affaire devient politique.
Deux questions parlementaires sur le même sujet et très embarrassantes pour le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox. Elles se réfèrent à un article du magazine en ligne Reporter qui donne une leçon de liberté de la presse à la porte-parole du ministre Kox. Cette dernière, à la suite d’un article concernant le reclassement des carrières dans la police, a tout bonnement demandé au média de retirer l’article de son site parce qu’il ne lui convenait pas.
Ce comportement de la part d’une professionnelle de la communication et des médias est rare dans un pays comme le Luxembourg réputé être une nation de lecteurs de journaux. Du moins, c’était encore le cas en 2003 selon un sondage Eurobaromètre qui révélait que 62,7% de la population luxembourgeoise lisait quotidiennement un journal, soit cinq à sept fois par semaine. C’est l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne, comme le gouvernement le rappelle lui-même via le Service information et presse, en soulignant que «la presse est un important outil de la démocratie».
Alors quand la porte-parole d’un ministère se permet d’ordonner par courriel le retrait d’un article sur un site d’information, ça fait clairement désordre.
Les députées CSV Viviane Reding et Diane Adehm ont sauté sur l’occasion pour interroger le ministre Henri Kox et savoir surtout qui était à l’origine d’une telle demande. Un membre du gouvernement qui veut dompter la presse, c’est du pain bénit pour l’opposition, d’autant que la question s’adresse aussi au ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel.
«Quelle est la position de Monsieur le Ministre des Communications et des Médias à l’égard de ce type de comportement vis-à-vis de la presse nationale ? Est-il d’avis qu’il s’agit d’une atteinte manifeste à la liberté de la presse ?» interrogent les deux députées. Elles veulent encore savoir si c’est une habitude des membres du gouvernement de formuler de telles demandes lorsque le contenu d’un article ne leur convient pas.
|
Ce n’est évidemment pas le cas. Il existe des procédures dans le droit de la presse qui permettent à chacun de se fendre d’un droit de réponse ou d’un démenti. Là encore, la rédaction reste souveraine pour juger de sa publication ou non en ce sens qu’elle ne laisse passer aucun propos calomnieux ou insultant. Selon nos informations, le ministère avait dans un premier temps réclamé un démenti, mais qui était en l’état «impubliable» et il a été invité à faire usage de son droit de réponse. Voilà comment les choses fonctionnent.
Henri Kox ne peut pas l’ignorer, même s’il réclame un droit de réponse quand un éditorial lui déplaît, ce qu’il a déjà fait avec le Land.
«Le comportement de la porte-parole du ministre Henri Kox est tout simplement inacceptable», résume le rédacteur en chef de Reporter dans un article intitulé «La liberté de la presse pour les débutants».
Le Luxembourg à la 17e place
Comme le rappelle l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP), l’indice mondial de la liberté de la presse 2020 ne classe le Luxembourg qu’à la 17e place, loin derrière des pays comme la Norvège, la Suède, les Pays-Bas, la Finlande, la Suisse, la Jamaïque, la Belgique, la Nouvelle Zélande, le Danemark, le Costa Rica, l’Autriche, l’Estonie, l’Islande, le Portugal, l’Allemagne, l’Irlande et juste avant le Canada, l’Australie, l’Uruguay, le Suriname, le Samoa ou encore le Ghana… «La politique d’information restrictive et centralisée du gouvernement lors de la crise sanitaire n’a certainement pas amélioré ce classement. Bien au contraire!», conclut la même association.
Au lieu d’user son énergie à tenter d’intimider les médias, le gouvernement ferait mieux de soigner son accès aux informations. Au Luxembourg, la presse est toujours dépendante de la volonté du gouvernement de publier ou non des informations. «Cette situation intenable a encore empiré pendant la crise du Covid-19, où la presse s’est retrouvée face à un blocage et un contrôle total des informations par le gouvernement. Une situation qui n’a été désamorcée qu’après de multiples interventions de la part des journalistes et du Conseil de presse», relève l’ALJP.
Reste à attendre la réponse des ministres Kox et Bettel, directement interpellés dans la question parlementaire de Diane Adehm et Viviane Reding.
Le Quotidien
|
|
Chez Prisma Media, l'appréhension
des salariés face à leur nouveau propriétaire Vivendi
|
|
L'arrivée de Vincent Bolloré inquiète les journalistes. Pour protéger leur ligne éditoriale, les journalistes demandent la signature d'une Charte de déontologie.
«Les salariés ont compris qu'il n'y avait pas d'inquiétudes vitales à avoir: Vivendi est loin d'être Reworld Media (ndlr: le groupe de presse magazine est connu pour avoir vidé de nombreux titres de ses rédactions). Cependant, il faut défendre notre indépendance», résume Emmanuel Vire, journaliste à Géo depuis 22 ans et délégué CGT. Les journalistes du groupe de presse Prisma Media, racheté par Vivendi, souhaitent la signature d'une Charte de déontologie pour protéger leur ligne éditoriale.
Depuis le 31 mai, l'allemand Bertelsmann a officiellement cédé Prisma et ses magazines Télé-Loisirs, Voici, Femme Actuelle, Capital ou encore Gala, au géant français des médias Vivendi (propriétaire des télévisions de Canal+, du groupe de communication Havas et du groupe d'édition Editis). Depuis les locaux de Gennevilliers mardi, Yannick Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, ont tenu une première présentation officielle, retransmise en visioconférence, devant le président actuel du groupe Rolf Heinz et ses 1000 salariés (dont 400 cartes de presse).
L'arrivée du groupe contrôlé par Vincent Bolloré inquiète les journalistes. Ils évoquent la transformation par l'industriel d'iTélé en Cnews ou le licenciement récent du chroniqueur du Canal Sport Club, Sébastien Thoen, après son sketch parodiant la chaîne d'information en continu. Les salariés de Prisma avaient appris en décembre dernier l'ouverture des négociations exclusives entre Vivendi et Bertelsmann, à l'issue d'un CSE extraordinaire.
«Nous réclamions depuis 2017 l'ouverture d'une négociation sur une Charte de déontologie, sans jamais l'obtenir. Face à l'éventuelle arrivée de ce nouvel actionnaire, nous avons de nouveau insisté. Et Rolf Heinz a fini par accepter,
|
il s'est entretenu avec plusieurs rédacteurs en chef», explique Emmanuel Vire.
Depuis la fin du mois d'avril, cinq réunions formelles ont eu lieu entre Rolf Heinz et l'intersyndicale CGT-SNJ, associée aux sociétés de journalistes (SDJ) du magazine économique Capital, de Géo et de Management. Mais aucun accord sur la Charte n'était envisageable avant la finalisation de la cession à Vivendi. Après un temps d'arrêt, les discussions reprendront la semaine prochaine, avec de nouveaux acteurs autour de la table des négociations.
Indépendance éditoriale
Rédigé par l'intersyndicale et les SDJ, le texte provisoire de la Charte de Prisma évoque la nécessité de mettre en place un comité d'éthique, composé de personnalités qualifiées et indépendantes. Les journalistes souhaitent que «chaque nouvel actionnaire adopte la Charte».
La rédaction de Capital craint que l'arrivée de Vivendi limite leur liberté d'enquête, en particulier sur les activités de Vincent Bolloré. Par le passé, le magazine économique a connu quelques litiges avec l'homme d'affaires. Les rédactions des magazines télé et people redoutent, elles, une mise en avant abusive des chaînes du groupe Canal et de ses personnalités vedettes.
«Bertelsmann faisait preuve de neutralité politique vis-à-vis de nos rédactions. L'arrivée de Bolloré en tant qu'actionnaire pourrait changer la donne, en particulier à un an de la présidentielle», estime Emmanuel Vire. Une clause de cession des journalistes a été ouverte pour les 18 prochains mois. Pour l'heure, l'intersyndicale n'évoque aucune «inquiétude particulière» sur le front de l'emploi.
Le Figaro
|
|
Liberté de la presse : le Parlement européen veut mettre fin aux procédures-bâillons
|
|
La commission des affaires juridiques (JURI) et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) se sont réunies ce matin (11 mai) au Parlement européen en préparation du rapport sur la lutte contre l’intimidation judiciaire que subissent des journalistes et des organisations de la société civile au sein de l’UE.
« Nous vous soutiendrons », s’est engagée auprès de la presse et des ONG l’eurodéputée et co-rapporteure du rapport à venir dit « anti-SLAPP », Roberta Metsola (PPE).
L’acronyme SLAPP (pour « strategic lawsuits against public participation ») fait référence aux poursuites judiciaires destinées à faire taire les journalistes ou activistes de la société civile dans le débat public et qui implique bien souvent des intérêts privés – en français, on les surnomme les procédures-bâillons.
« L’objectif de [ces procédures] n’est pas de gagner, mais de réduire au silence », a souligné Mme Metsola, expliquant qu’elles
|
permettent à « ceux qui en ont les moyens » de mettre les journalistes face à un « choix » : « arrêter de rapporter les faits ou faire face à un procès long et coûteux ». Une menace qui peut également mener à de l’autocensure.
« Les victimes de ‘SLAPPS’ sont poursuivies en justice pour avoir exercé leurs droits fondamentaux », a ajouté le deuxième co-rapporteur du rapport, l’eurodéputé Tiemo Wölken (S&D).
Pour lutter contre cette « forme de harcèlement légal », il défend une approche « holistique » ayant comme objectif de préserver la liberté d’expression et d’information, « éléments clés de l’état de droit » selon lui.
Il s’agit d’abord d’une directive européenne pour instaurer des « normes » dans tout le bloc, mais aussi d’autres mesures non législatives : la création d’un fonds pour aider les victimes à se défendre et la sensibilité des juges et du grand public en la matière.
Mme Costela plaide, quant à elle, pour permettre aux juges des « décisions a priori » ; couper court aux procédures judiciaires manifestement malveillantes ; et établir un guichet unique qui viendrait accompagner les journalistes. Et d’ajouter : « Il devrait y avoir des sanctions pour ceux qui abusent des lois sur la diffamation ».
EURACTIV
|
|
LA VIE DE L’UPF
Visioconférence le 22 juin : « L'Afrique dans les médias, vérité ou infox »
|
|
L'UPF poursuit son cycle de visioconférences.
"L'Afrique dans les médias, vérité ou infox ?" est le thème du prochain rendez-vous, le mardi 22 juin 2021 à 18 heures (TU+2).
Invité de ce débat : Olivier Piot, grand reporter, spécialiste de l'Afrique et fondateur de la plate-forme franco-africaine, Médias et démocratique.
Le débat sera animé par Anne-Cécile Robert, directrice des éditions internationales du Monde diplomatique, spécialiste des instituions européennes et de l'Afrique. Elle est notamment auteur du livre "L'Afrique au secours de l'Occident".
|
|
|
Une étude inédite de l’UPF Maroc :
Les femmes journalistes prennent la parole
|
|
Pour la première fois, les femmes journalistes s'expriment sur le métier qu'elles ont choisi ainsi que sur les pistes d’amélioration pour davantage de présence dans le secteur et aux commandes des entreprises de presse.
La section Maroc de l’Union internationale de la presse francophone (UPF Maroc), avec le soutien du Service de Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France au Maroc, a présenté, lors d’une conférence-débat, les résultats d'une étude inédite sur la place des femmes journalistes dans les médias au Maroc.
«Pour la première fois, des journalistes femmes marocaines se sont exprimées sur ce métier qu'elles ont choisi, leurs parcours, leurs rapports avec leurs confrères et la hiérarchie, les évolutions, les freins, les changements de carrière, ainsi que sur les pistes d’amélioration pour davantage de présence dans le secteur et aux commandes des entreprises de presse», estime l’UPF Maroc.
La rencontre s’est déroulée en présence de Clélia-Chevrier-Kolačko, Conseillère de coopération et d’action culturelle et Directrice Générale de l’Institut français du Maroc. «Cette étude entre dans le cadre global de soutien à la formation des journalistes et s’inscrit dans la préparation du Forum Génération-Egalité de l’ONU Femmes, co-présidé par la France et le Mexique qui aura lieu à Paris du 30 juin au 2 juillet», a-t-elle déclaré, se félicitant de la qualité et du dynamisme du partenariat entre l’UPF Maroc et l’Ambassade de France.
Conduite par le cabinet VQ, mandaté par l’UPF Maroc, cette étude qualitative et quantitative a été menée auprès de 291femmes journalistes pour les écouter, analyser leurs propos et enrichir les débats sur des questions relatives à l’exercice du métier et aux conditions de travail au prisme du genre.
|
De différents âges, elles exercent dans tous les médias confondus, utilisent les 3 langues, arabe, français et amazigh et sont installées dans les différentes régions du Royaume. Sur la partie qualitative, des focus groupes ont été organisés, entre le 26 février et le 4 mars 2021 à Casablanca, en présentiel dans le respect des mesures sanitaires et ont fait l’objet d’enregistrements audio.
Les discussions ont été intégralement retranscrites, pour les besoins du dépouillement thématique et du traitement des résultats de manière à structurer le rapport d’analyse. Afin de susciter une prise de parole crédible et authentique, l’UPF Maroc et le cabinet mandaté se sont portés garants de la confidentialité et de l’anonymat absolu des propos tenus. L'analyse a permis de mettre en exergue plusieurs éléments, qu’aucune enquête n’avait jusque-là mis au jour: identifier les prismes à travers lesquels la femme journaliste se perçoit dans son environnement par rapport à ses confrères hommes, répertorier les éventuelles situations discriminatoires qu’elle vit en raison de son statut de femme, dans l’exercice de son métier ou encore les différents freins à son évolution (familiale et/ou professionnelle).
Au niveau de l’étude quantitative, la répartition de l’échantillon obtenu par médias incarne dans ses grandes proportions, la photographie des journalistes femmes détentrices d’une carte de presse au Maroc. Un listing de 388 contacts de femmes journalistes exerçant au sein des télés, des radios et de la presse papier et numérique a été établi. Pour les besoins de cette étude, un questionnaire par téléphone a été administré auprès de l’ensemble de ces contacts. Le taux de réponse effective a atteint 75%, ce qui constitue un retour très satisfaisant. Les femmes journalistes ont fait preuve d’une collaboration active à l’enquête.
S’il y a une seule grande tendance à retenir, c’est que les journalistes femmes marocaines aiment leur métier en dépit des bouleversements que connaît leur secteur, résistent à la pression professionnelle et familiale, et considèrent, jeunes débutantes ou confirmées, avoir un énorme rôle à jouer et une place de choix dans un environnement en perpétuel changement.
|
|
UPF Rwanda :
"Etre journaliste en temps de pandémie"
|
|
En partenariat avec l'OPFR (Organisation de la presse francophone au Rwanda) et l'Ambassade de France à Kigali, l'UPF Rwanda a organisé, les 3 et 4 juin courant, un symposium sur le thème "Etre journaliste en temps de pandémie".
Un état des lieux minutieux de l'exercice de la profession en ces temps de crise sanitaire a ainsi été dressé.
Comment informer le public ? Dans quelles condition de sécurité pour les journalistes eux-mêmes ? Comment démêler le vrai du faux face aux flots ininterrompu de fausses nouvelles ? Autant de questions soulevées lors de ce symposium.
|
Un focus particulier avait été fait sur les statistiques de la pandémie. "Interpréter les chiffres de la Covid 19 s'avère important pour les journalistes francophones au regard des multiples conséquences de la crise sanitaire", ont assuré les participants.
|
|
UPF Monaco :
A la découverte du journalisme et de la presse responsable pour les collégiens
|
|
A l’initiative de leur professeur de français Corinne Lucas, les élèves de 4ème ont fait la rencontre de trois journalistes de l’UPF-Monaco lors d’une après-midi de conférence le mardi 11 mai 2021.
|
Pierre-Yves Reichenecker, Françoise Rossi et le dessinateur Jean-Jacques Beltramo ont exposé aux élèves les principes et valeurs de leur métier, leurs carrières, leur vision de la presse éthique et responsable, mais également la liberté des journalistes à travers le monde.
S’en est suivi une session de questions/réponses avec les collégiens avides d’en apprendre plus sur leur métier.
De futurs journalistes en devenir !
|
|
Chronique de Pierre Ganz :
Travailler sur des sujets impliquant des enfants
|
|
Des enfants ont été encore une fois victimes d’une guerre lors des récents événements qui ont endeuillés Gaza et plusieurs localités israéliennes. Des quotidiens - Haaretz en Israël, New York Times aux Etats-Unis ont publié sous le titre « C’est le prix de la guerre » les photos et les noms des 67 enfants tués à Gaza lors des derniers bombardements israéliens - 2 enfants ont été tués en Israël par les roquettes tirées par le Hamas. Au-delà du choix éditorial, cette publication rappelle l’attention que les journalistes doivent porter aux enfants. Ce n’est pas leur seule obligation envers les mineurs.
Il existe un texte assez méconnu des journalistes. Les « lignes directrices et principes pour le reportage sur les questions impliquant des enfants »* ont été adoptées par la Fédération internationale des journalistes à son congrès de Séoul en … 2001 ! L’exergue de ce texte affirme que « pour faire leur travail d'information du public, les journalistes doivent être pleinement conscients de la nécessité de protéger les enfants et de renforcer leurs droits, sans pour autant porter atteinte à la liberté d'expression ou à l'indépendance des journalistes ».
Protéger les enfants. C’est un devoir autant en amont, lors d’un reportage, qu’en aval, lors de la publication. Sur le terrain, les enfants ne sont pas des témoins comme les autres. La personnalité d’un mineur est en construction, il est plus vulnérable qu’un adulte. Un journaliste responsable adaptera son ton et ses propos à l’enfant, en employant des mots à sa portée, en lui disant précisément qui il est, ce qu’il fait, ce qu’il attend de lui en lui faisant comprendre que ce qu’il dit va être rendu public.
La promesse d’une récompense en échange du témoignage risque toujours de fausser celui-ci. Les lignes directrices de la FIJ disent à ce propos que les journalistes ne doivent pas payer des enfants, et encore moins leur parents ou leurs tuteurs, « à moins que cela ne soit manifestement dans l'intérêt des enfants » - on peut penser par exemple à l’offre de fournitures scolaires. Ajoutons que la vérification nécessaire du témoignage d’un enfant ne doit pas le mettre en danger. La protection de cette source s’impose d’autant plus qu’elle est vulnérable, peu ou pas apte à de se défendre.
L’anonymat des enfants doit être préservé le plus possible. Ce qui fait information, ce sont les faits qui concernent un mineur. Son nom est rarement un élément d’intérêt public. On peut parfaitement le désigner par une initiale ou un autre prénom, en informant le public de ce choix. En France, la loi interdit de diffuser l’identité d’un mineur en fugue, d’un mineur « délaissé », qui est victime d’une infraction ou qui s’est suicidé. Il est également interdit de divulguer toute information concernant l'identité et la personnalité d’un mineur délinquant. L’objectif de ces textes est bien de ne pas injurier son avenir en rajoutant l’opprobre à la peine. Il faut alors être attentif aux informations secondaires (identité des adultes proches, localisation détaillée d’une habitation etc.) qui permettraient l’identification du mineur.
Pas d’interview ou d’image sans autorisation des parents
Certaines législations ou règles internes à des médias ajoutent une autre règle qui prend en compte la minorité en tant qu’incapacité au sens juridique - c’est-à-dire le placement sous l’autorité parentale même pour les actes ordinaires de la vie en société.
|
Il est exigé de recueillir, sauf cas exceptionnels, l’autorisation des parents ou des responsables légaux des enfants avant de les interroger. Même en l’absence d’obligation légale, c’est une conduite à adopter dans tous les cas où l’image d’un mineur est utilisée.
A défaut, il faut éviter de montrer des enfants, même dans les situations les plus banales dans les lieux publics - dans la mesure où leur minorité d’âge est évidente. C’est ainsi qu’une équipe de télévision qui tournait un sujet sur les conditions de la rentrée scolaire après le confinement a choisi de filmer les adolescents interrogés devant un collège en ne cadrant que leurs pieds !
Lorsque cette identification par l’image est manifestement d’intérêt public, il faut capter celle-ci ouvertement, au su et avec le consentement de l’enfant ou d’un adulte responsable. Rares sont les cas où on peut se passer de ces précautions. On pense par exemple à cette photo d’une fillette nue hurlant de douleur fuyant son village bombardé au napalm en 1972 pendant la guerre du Vietnam. Et il n’est pas hors de propos ici de préciser que le groupe de journalistes qui a photographié et filmé cette fillette l’a également sauvé en l'amenant dans un hôpital. Quant à l’utilisation de « caméra cachée », elle est à bannir, sauf dans des cas où l’intérêt public est très fort et qu’il n’y aucun autre moyen de recueillir un fait, par exemple dans le cas d’un délit dont des mineurs sont victimes.
Le journaliste doit aussi s’interroger sur la nécessité de faire témoigner un enfant. L’exposition médiatique n’est jamais sans conséquence. Elle peut avoir des répercussions matérielles ou même physiques, faire perdre contact avec la réalité, exposer au harcèlement en ligne. Demander à une victime mineure de répéter encore et encore son récit peut lui faire revivre son traumatisme avec des conséquences psychologiques réelles. De même, multiplier les interviews, les invitations en direct, les portraits d’un mineur qui s’est distingué peut créer un sentiment d’euphorie, de gloriole, de starisation qu’il aura plus de mal à ramener à de justes proportions qu’un adulte quand les médias l’auront oublié. Les journalistes ne peuvent ignorer ce risque. La FIJ écrivait en 2001 qu’ils doivent « examiner soigneusement les conséquences de la publication de tout matériel concernant les enfants et réduire au minimum les dommages qui leur sont causés » …
« Renforcer les droits des enfants », dit aussi la première phrase du texte de la Fédération Internationale des Journalistes. On objectera que la mission du journaliste n’est pas de renforcer des droits, mais de décrire le réel. Mais leur devoir de « chien de garde de la démocratie » est ne rien prendre pour argent comptant. Et les mineurs ne pouvant facilement faire valoir leurs droits, la recommandation du la FIJ aux journalistes de « soumettre à un examen critique les rapports présentés et les déclarations faites par les gouvernements sur la mise en œuvre de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant dans leurs pays respectifs » n’est pas dénuée de pertinence.
Ce texte, et ces pratiques recommandées, ne disent au fond qu’une chose. Travailler sur des sujets impliquant des mineurs crée pour le journaliste une obligation éthique nouvelle : arbitrer entre ce qui est au cœur de sa démarche, l’intérêt du public à être informé, et une autre valeur universelle, spécifique, l’intérêt supérieur de l’enfant.
Pierre Ganz
*https://accountablejournalism.org/ethics-codes/guidelines-and-principles-for-reporting-on-issues-involving-children
|
|
Chronique de Jean-Claude Allanic :
Et si on s’enjaillait ?
|
|
A l’école, j’ai toujours été mauvais en anglais. Ce n’est pas que mes professeurs étaient nuls. Mais, j’habitais en France et, à l’époque, les Français parlaient couramment français et c’était plus simple comme cela.
Un peu plus tard, mes mentors en journalisme ne laissaient passer aucun anglicisme dans mes papiers de débutant. Pourquoi parler de footing quand on fait de la course à pied ou de shopping quand on fait d’autres courses tout aussi harassantes ?
Depuis, les choses ont évolué. On ne fait plus de footing mais du running (ce qui change tout) et le click and collect au drive du coin nous libère de tout exercice physique.
Si on voit le bon côté des choses, je n’arrête pas de progresser dans la maîtrise de la langue de Shakespeare.
Certes, je ne prétends pas être au top car j’ai encore d’impardonnables lacunes. A ma grande honte, je ne comprends pas tout ce qu’écrivent ou ce que disent mes jeunes confrères.
Par exemple, je viens de lire dans un très grand quotidien français que la police avait arrêté un « go fast » au péage d’une autoroute.
Probablement quelqu’un qui roulait trop vite ? Dans un louable effort de pédagogie, l’auteur de l’article avait la gentillesse de préciser à l’analphabète que je suis qu’on appelait ainsi les voitures utilisées pour un trafic (fast, je suppose, comme les passages rapides aux télépéages) de drogue. Il enchaînait en précisant que le « go fast » s’était déclaré stupéfait. Information effectivement stupéfiante : c’est bien la première fois que j’entendais une voiture faire une déclaration à la police.
Il y en a qui fument dans les salles de rédaction ?
Plus sérieusement, cette soumission à l’anglais (remarquez que je n’ai pas écrit à l’Anglais) et cette absence de maîtrise du français, y compris dans notre métier, témoignent d’une acculturation inquiétante.
|
Comme le dénonce, dans un pamphlet, l’écrivain Alain Borer* : «Les métaplasmes (terme employé ici au sens d’avarie) détériorent le logiciel de la langue française : perte de la claire diction, rétrécissement du lexique par des silures, ces mots qui, comme le poisson du même nom, absorbent la diversité de la flore (comme impacter, nickel ou booster), réduction à deux syllabes, développement de la transitivité, du neutre (lequel à la place de ses déclinés), aplatissement des temps au présent perpétuel à chaque journal télévisé, disparition du passé simple, confusion générale de l’imparfait et du conditionnel...». Ce qui donne concrètement et couramment entendu : « habitons plus durable », « demain, on est là », « avançons collectif », « aréoport ». Et, bien sûr, « comme d’hab » : « actu », « télé », « appli », « bi », « récup », etc.
Ah, qu’en termes savants - donc fort peu journalistiques -, ces choses-là sont dites ! Heureusement que les dictionnaires existent (encore).
Ne soyons pas trop pessimistes. La langue française a encore des ressources. En témoignent, chaque année, les mises à jour des dictionnaires. Des mots nouveaux apparaissent en fonction des préoccupations du moment (certains confrères diraient de la «problématique» et des débats «sociétaux» de l’époque), d’autres changent de sens, d’autres, enfin, venus d’ailleurs, viennent enrichir l’univers de la francophonie.
En témoignent ces nouvelles entrées dans petit Larousse 2022, avec l’adjectif «racisé», le nom «quatorzaine» moins désespérant qu’une quarantaine et le verbe «télétravailler». Avec une mention particulière pour saluer l’arrivée remarquée du verbe «s’enjailler», cadeau linguistique de la Côte d’Ivoire à la francophonie.
«S’enjailler» : «Faire la fête, s’amuser : Aller s’enjailler en boîte de nuit».
L’expression vient de l’anglais to enjoy ; nul n’est parfait.
* « Speak White ! » - tracts Gallimard.
|
|
|
|
Décryptages des chiffres Covid-19
Le Soir récompensé
|
|
Le jury des prix de la presse Belfius s'est réuni virtuellement jeudi matin pour désigner les lauréats de cette année. Dans la catégorie "Print & Web" francophone, le journaliste du Soir Xavier Counasse a été récompensé pour ses analyses quotidiennes des chiffres du Covid-19 depuis le début de la crise.
_________________________________
|
|
France Culture
Des podcats sur les idées
France Culture lance en juin le premier podcast français dédié à la vie des idées, conçu avec l'éditeur Gallimard. La station mettra en ligne une adaptation en podcast de "Tracts", collection de courts essais d'actualité lancée en 2019 par Gallimard. Dans ces épisodes, les auteurs des textes (Régis Debray, Xavier Gorce, Nathalie Heinich...) exposeront leurs thèses sous la forme d'une tribune audio, à la première personne.
_________________________________________
|
|
Radio numérique
BILD fait sa télé
Le déploiement de la technologie DAB + (Digital Audio Broadcasting), déjà achevé dans plusieurs pays européens, s’accélérera dès cet été avec le démarrage de 25 stations nationales en France. Le 15 juillet 2021, les émetteurs seront en place pour couvrir l’axe Paris-Lyon-Marseille et les 25 stations retenues pour occuper les fréquences nationales ouvriront leurs micros. Aujourd’hui, 30 % de la population est couverte par la radio numérique terrestre et 40 % le sera fin 2023 (voir encadré). Il était temps.
|
|
|
|
|
"Une démonstration argumentée de l'incohérence des chiffres officiels et des fake news", a souligné le jury.
|
|
|
Conformément à la stratégie de France Culture, ces productions seront diffusées en podcasts avant d'arriver sur l'antenne de la radio, a précisé à l'AFP Sandrine Treiner, la directrice de la station.
|
|
|
La France en retard, en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, la couverture est quasiment totale. La Norvège a même déjà éteint le signal FM, et la Suisse l’a programmé à 2023.
|
|
|
|
|
|
|