|
|
EDITORIAL
Surmonter les difficultés
|
|
Par Zara Nazarian,
Secrétaire générale internationale
Chère amie, cher ami, cher(e)s membres et sympathisants de l’UPF,
Je ne dois pas être la seule à lancer un regard un peu triste, un peu déboussolé sur cette année 2020 qu’on espérait être celle de tous les succès pour notre Union – une « année platine », comme l’avait définie le président international Madiambal Diagne dans son message de vœux.
Cette année où l’UPF devait célébrer comme il se doit, dans un grand rassemblement international festif, son 70ème anniversaire. Cette année où l’on allait également fêter le 50ème anniversaire de notre partenaire, l’Organisation internationale de la Francophone (OIF).
Lancée sous des meilleurs auspices pour l’UPF, l’année 2020 devait voir l’aboutissement de nombreux projets : un travail de grande échelle de rénovation et de construction de sections nationales (la Belgique, l’Algérie, le Liban, la Macédoine du Nord, la Corée du Sud…), des événements internationaux (le Symposium sur la prévention des génocides et la lutte contre la négation à Erevan, le 19 mai, les Assises internationales à Tunis, les 7-9 décembre), tout comme de nombreux autres projets et partenariats en cours de préparation ou en gestation. Ces initiatives ont été soit annulées, soit décalées, le temps de reprendre le souffle et de s’adapter à un fonctionnement dans les conditions de crise devenues une nouvelle réalité permanente.
Nous nous sommes adaptés à ces nouvelles conditions de fonctionnement : le premier webinaire sur la liberté d’expression qui a eu lieu il y a quelques jours a été un franc succès, et il inaugure le cycle de visioconférences qui seront tenues tout au long de l’année 2021.
Nous avons également noué des partenariats qui nous permettent de continuer notre mission et de maintenir la réflexion sur les fondamentaux du métier, ainsi que veiller à la défense de nos collègues journalistes, souvent victimes de crimes dont l’impunité continue de prévaloir.
Oui, le journalisme devient un métier à très gros risques, et ceci indépendamment du fait qu’il s’agisse de l’exercice dans les pays en proie à un conflit armé (les récents événements de la guerre du Haut-Karabagh en témoignent fortement) ou tout simplement, dans le cadre d’exercice de la profession, comme c’est le cas de notre collègue, représentant de l’UPF en Algérie Khaled Drareni, toujours emprisonné. Notre Union a toujours été et reste attachée aux valeurs essentielles qui sont le socle même de la profession.
Nous allons donc surmonter les difficultés et retrouver notre élan qui caractérise tout particulièrement notre organisation depuis quelques années. Plusieurs sections nationales qui ont su poursuivre leurs activités malgré le contexte en sont le meilleur témoignage – merci et bravo pour leur pugnacité !
Je vous souhaite, à chacune et à chacun, d’excellentes fêtes de fin de l’année !
Avec toute mon amitié,
ZN
|
|
LA VIE DE L’UPF
UPF Suisse : Etat des projets 2020-2021
|
|
La section suisse de l’UPF a tenu une réunion de son comité exécutif le 18 novembre 2020. En raison de la situation sanitaire, le comité s’est tenu à distance sous la présidence de Romaine Jean, présidente de l’UPF Suisse. Lors de cette réunion, les membres présents ont notamment passé en revu les projets au programme de l’année 2020 et ont analysé l’état des finances de la section.
En début de la réunion, les participants ont voté et adopté le PV de la séance du comité, tenue le 25 mai 2020.
Dans sa programmation 2020, l’UPF-Suisse annonce ainsi l’organisation d’un évènement en partenariat avec l’association EQDA (En quête d’ailleurs). La thématique choisie est « les déchets du Nord envoyés au Sud : qui a finalement la responsabilité de ces déchets ? ». La date sera fixée lors d’une réunion de comité le 28 janvier ; selon l’état sanitaire, cette semaine pourrait avoir lieu fin juin / début juillet ou alors en septembre.
Le comité annonce, par ailleurs, que les rencontres « Les grandes voix de la francophonie » 2020 ont toutes été annulés pour cause de pandémie. Seul évènement maintenu, en lien avec l’Université de Genève : Jean Ziegler présentera depuis chez lui, mardi 24 novembre de 18h à 19h00, via Zoom, « Lesbos, la honte de l’Europe ». Roger Juillerat, membre du bureau de la section Suisse est chargé de confirmer cette conférence. L’annonce sera faite sur le site de la section (francophonie.ch).
Le Comité fait également des projections sur l’année 2021. Il annonce ainsi que les dons recueillis permettront d’organiser des conférences en 2021, en collaboration avec l’Université de Genève, la Ville de Lausanne, le Club 44, et d’autres associations. Les conférenciers prévus en 2020, ont donné leur accord pour 2021.
Par ailleurs, l’OIF devait fêter ses 50 ans cette année, mais toutes les manifestations prévues ont été annulées. Idée transmise par Romaine Jean : y organiser une table ronde avec
|
quelques grands noms de la francophonie, avec Amin Maalouf comme invité.
Côté subventions, le comité déclare avoir avons reçu 10'000 CHF de la Fondation Aventinus pour financer principalement les conférences. Une personne privée a également offert CHF 2'500.- pour les activités de la section.
Le comité annonce également un équilibre de ses finances. Un bilan provisoire des comptes, à la date du 9 novembre fait état d’un bénéfice potentiel d’environ CHF 2000 (Sans tenir compte des 2 derniers dons récoltés en 2020). A condition que des dépenses imprévues ne viennent pas puiser dans ce montant.
Le comité s’est enfin félicité du déroulement de la campagne des adhésions 2021. Celle-ci se déroule normalement. Les adhésions sont gérées et suivies par le secrétaire de la section, Michel Dysli qui en fait la coordination avec le secrétariat international. La validation des dossiers et les règlements se font en amont ce qui raccourcit considérablement les délais de traitement et de fabrication des cartes d’adhésion. La section Suisse est ainsi première de la classe cette année et une bonne moitié des 135 a déjà reçu la carte 2021.
Aux termes de cette réunion, la présidente Romaine Jean a informé les membres que le site www.francophonie.ch, qu’elle entretient tous les jours, a une communauté de fidèles qui va en augmentant ; soulignant qu’il faudrait l’améliorer.
En plus d’apporter plus de visibilité aux actions de la section, le site web lancé en début d’année se veut un espace d’information et de partage autour des médias et de la francophonie. La réflexion est ainsi lancée pour lui donner « un coup de jeune ».
|
|
UPF Maroc : Lancement d'un cycle de formations au profit des journalistes
|
|
Dans le cadre de ses activités de formation continue et de renforcement des compétences, l’UPF Maroc a organisé vendredi 4 décembre, en collaboration avec le Service de coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Maroc, une formation en ligne intitulée «Le traitement de la pandémie Covid 19 par les médias ».
La séance était animée par le Pr Chakib Nejjari, Président de l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé de Casablanca. L’intervenant a évoqué de nombreuses questions liées à la pandémie et à la propagation du virus,
|
aux gestes barrières, à la recherche et développement ainsi qu’aux vaccins. Sa présentation a été suivie par une séance de questions auxquelles Pr Nejjari a pris le temps de répondre.
Profitant de tous les avantages que le digital nous offre en ces temps de distanciation, l’UPF Maroc, soutenue par l’UPF Internationale, a ouvert cette formation aux membres de toutes les sections membres, créant ainsi une nouvelle occasion de partager et d’échange.
Il s’agit de la première session d’un cycle qui porte le nom de «Mieux comprendre pour bien informer» et qui se propose d’inviter un/e expert/e autour d’une thématique pour permettre aux journalistes d’en cerner surtout l’aspect sémantique et ainsi la traiter du mieux possible avec pour but de mieux informer les publics.
La migration, l’environnement, la violence faite aux femmes et les droits de l’Enfant sont au programme des prochaines sessions.
|
|
UPF Moldavie : L'engagement pour la francophonie en temps de la Covid
|
|
L’année 2020 a été différente, sans aucun doute, et pourrait être déclarée par nombreux d’entre nous une année ratée. Au-delà des pertes humaines, irrécupérables, des millions de contaminés et d’une crise sanitaire sans précédent dans le dernier siècle, cette année restera dans la mémoire collective comme l’année qui nous a distancés.
Beaucoup, souvent trop. L’expression «distanciation sociale» a atteint son but plus que «la distanciation physique», dans le sens sanitaire du terme. Des événements annulés, des rencontres suspendues, des milliers de câlins ratés et les efforts pour sauver le maximum possible via les écrans des ordinateurs - c’est ça le triste visage d’une année «historique».
Toutefois, pour la section moldave de l’UPF, l’année qui a changé la vie, mais aussi, peut-être, l’optique de l’humanité vis-à-vis des choses qui comptent, restera dans la mémoire comme une victoire de la chaleur humaine, le désir et le plaisir des gens de communiquer en se regardant dans les yeux, tout en respectant les règles imposées par la situation sanitaire. Pourquoi ? Parce que nous avons réussi, grâce aux efforts communs de la section et de l’Ambassade de France en Moldavie, à organiser une belle, utile et intéressante conférence sur le thème «Déontologie et indépendance : quelles évolutions du métier de journaliste ?».
La conférence a eu lieu à Chișinău, le 6 novembre 2020, avec la participation du journaliste français Olivier Piot, Grand reporter, qui publie régulièrement dans «Le Monde Afrique», «Le Monde diplomatique», «Orient XXI», «Géo» etc. Il a fondé, également, en 2016, la plateforme franco-africaine «Médias & Démocratie», consacrée à la formation de journalistes professionnels africains. Olivier est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont «Kurdes, les damnés de la guerre» (2020), «Le peuple kurde, clé de voûte du Moyen-Orient» (2017), «La révolution tunisienne : dix jours qui ébranlèrent le monde arabe» (2011), «Les idées reçues sur l’extrême gauche» (2008), «L'État face à la mondialisation» (1998).
Olivier Piot a accepté l’invitation de venir en Moldavie en 2019, lors de la rencontre avec les membres de la section moldave au Cameroun, aux Assises de l’UPF.
À l’époque, la mission semblait facile à réaliser, étant donnés la volonté des deux parties, les sujets proposés pour un débat intéressant, mais aussi le combat et les défis similaires pour un journalisme déontologique.
|
Malheureusement, l’année 2020 nous préparait des scénarios différents et compliqués, en mesure de rendre impossible une mission noble. Mais, comme la chance sourit aux audacieux et aux audacieuses, la section moldave a insisté et a gardé l’espoir tandis que l’Ambassade de France a soutenu notre audace. Résultat : Olivier Piot est venu en Moldavie pour une mission de 5 jours.
À part la conférence suivie d’un échange intéressant avec les journalistes moldaves, les membres de la section de l’UPF, les professeur(e)s et les élèves et étudiant(e)s présent(e)s à l’événement, le journaliste français a aussi participé à la cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours d’essais journalistiques « Le coing d’or 2020 », organisé par la section moldave de l’UPF, arrivé à sa XIVe édition. Le sujet proposé cette année aux jeunes francophones moldaves était « Je choisis moi-même mes sources d’information », et il a été spécialement utile à débattre dans les conditions sanitaires qui ont augmenté parfois le risque de tomber dans les pièges des fausses nouvelles ou de la désinformation. Impressionné par les idées des jeunes, mais aussi par leur niveau de la langue française, Olivier Piot a offert un de ses livres (avec un autographe) en tant que prix spécial, encourageant ainsi d’avantage l’apprentissage et la lecture dans la langue qui nous unifie autour des mêmes valeurs.
Pendant ces 5 jours en Moldavie, qui ont été remplis des rencontres avec des journalistes moldaves au niveau national et local, des interviews aux divers médias, des échanges avec les collègues moldaves sur les enjeux du métier et la « vieille » importance de la déontologie, dans tous les temps et toutes les conditions, nous avons encore renforcé notre conviction que le vrai humanisme, les vraies relations et les vrais échanges ne peuvent se produire qu’en présentiel, en gardant, si nécessaire, la distance physique, mais en réduisant au maximum voire totalement «la distanciation sociale».
Aneta Gonța
|
|
UPF Tunisie inaugure deux clubs de la presse francophone à Tunis
|
|
L’UPF-Tunisie a inauguré, dans la semaine du 30 novembre au 5 décembre 2020, deux clubs de la presse francophone à Tunis : l’un dans un établissement universitaire, à savoir l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), l’autre dans un collège à la Marsa (banlieue de Tunis).
Ces deux clubs sont les premiers d’une série de clubs de presse francophone qui seront lancés à partir de 2021 dans plusieurs lycées et collèges tunisiens, afin de promouvoir la culture francophone et d’initier les jeunes à la production journalistique en langue française.
|
Cela s’inscrit dans un projet financé par l’Institut Français de Tunisie (IFT) qui s’étalera sur toute l’année scolaire et universitaire de 2020-2021.
Les clubs seront animés régulièrement par des membres de l’UPF-Tunisie, mais aussi par d’autres journalistes professionnels qui viendraient partager leurs expertises avec les élèves et les étudiants. Des visites à des entreprises médiatiques sont prévues, ainsi que des rencontres avec des personnalités prestigieuses du monde des médias en Tunisie.
Dans le cadre de ces clubs, les participants seront appelés à produire des articles, des reportages et des interviews en langue française, qui seront ensuite publiés sur des plateformes scolaires ou sur des pages spéciales sur les réseaux sociaux.
Les meilleurs parmi les étudiants et les élèves participeront plus tard à la rédaction du journal des prochaines Assises internationales de la presse francophone, qui se tiendront en 2021 en Tunisie.
|
|
Chronique de Pierre Ganz :
Fallait-il interrompre la diffusion d'un discours de Donald Trump ?
|
|
Les récentes élections américaines sont remarquables à plus d’un titre. Pour le journalisme, elles resteront comme celles où des chaînes de télévision ont choisi d’interrompre la diffusion en direct du discours d’un des candidats, le président sortant. Une décision surprenante d’un point de vue déontologique.
Le 5 novembre dans la soirée, Donald Trump se présente dans la salle de presse de la Maison Blanche pour sa première intervention depuis le scrutin. Il est en direct sur toutes les grandes chaînes de télévision. Ses premiers mots sont sans détour : « If you count the legal votes, I easily win. If you count the illegal votes, they can try to steal the election from us » - si vous comptez les votes légaux, j’ai largement gagné. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection.
Cinq grandes chaînes - MSNBC, NBC News, CNBC, CBS News et ABC News - et la radio publique nationale interrompent alors la retransmission. Sur MSNBC, le présentateur Brian Williams explique : « Nous voilà encore dans une position inhabituelle d’interrompre le président des États-Unis, mais aussi de le corriger ». Ce qui justifie l’interruption du discours de Donald Trump pour ces rédactions est qu’il qualifie les votes par correspondances de votes illégaux favorisant la fraude. Rien ne permet de l’affirmer, et il n’apporte aucune preuve de ce qu’il avance. Au mieux il est mal informé, au pire il affabule. Mais faut-il pour autant le couper ?
Réduire au silence un responsable public dans l'exercice de ses fonctions officielles est une décision grave, qui rompt avec les missions traditionnellement dévolues aux médias. En démocratie, chacun a le droit de parler. Il n’y a pas de débat sans respect de la parole de l’autre camp, ce qui ne signifie pas approuver ce qu’il dit. En terme déontologique, faire connaître les propos du président sortant sur l’élection qui vient de se tenir est d’intérêt public.
Les équipes qui ont choisi de couper la retransmission en direct du discours de Donald Trump ont considéré que l’intérêt public était de ne pas diffuser de mensonges. Elles invoquent une éthique de la responsabilité, car le journalisme n’est pas hors sol. Donald Trump s’en prend à la démocratie en mettant en cause sans preuve l’honnêteté du scrutin, estiment elles en substance ; leur devoir est donc de ne pas servir de relais passif à une propagande qui sape la démocratie ; le fact checking en direct est extrêmement difficile, et la seule solution qui leur restait était d’interrompre la retransmission. Brian Williams de MSNBC a justifié ainsi la coupure du discours : « Il [ Donald Trump] n'était pas ancré dans la réalité et à ce stade, là où se trouve notre pays, c'est dangereux ».
L’argument est fort. Mais d’autres mensonges passent à l’antenne sur ces chaines, immédiatement corrigés ou pas. Certaines ont reconnu après l’élection
|
de 2016 qu’elles avaient été trop complaisantes avec les propos de Donald Trump. Longtemps ses affabulations ont été relayées intégralement en direct, par exemple sur le lieu de naissance de Barack Obama ou depuis plusieurs mois sur le caractère nécessairement frauduleux du vote par correspondance. Ces médias n’en peuvent plus des vérités alternatives que Donald Trump distille sur Twitter et du rôle qu’ils ont joué volens nolens dans leur diffusion. Ils sont lassés d’avoir été sa cible depuis 4 ans. Leur réaction à chaud est autant militante que journalistique. Comme l’écrivait quelques jours après Denis Muller, un enseignant en journalisme de l’université de Melbourne « les journalistes doivent garder leur sang-froid ».
D’autres chaînes américaines, CNN et Fox News, ont précisé dès la fin de l’intervention de Donald Trump que celui-ci n’avait aucune preuve de ce qu’il avançait, et qu’on ne pouvait qualifier d’illégaux tous les votes par correspondances. Sur Fox News, la présentatrice a été claire : “Il prétend qu’il y a énormément de preuves que la victoire lui est volée. Si elles existent, il doit les présenter ”. Certains journalistes ont ajouté à ce constat un commentaire éditorialisé. Daniel Dale de CNN a par exemple déclaré qu'il s'agissait du discours le plus « malhonnête » que Trump ait jamais tenu, et Jake Tapper présentateur sur la même chaine que ces déclarations étaient « pathétiques » et « un tissu de mensonges ».
Ce choix est plus responsable. Si le président sombre dans la désinformation, c’est en soi une information qui doit être portée à la connaissance du public, en exposant ses propos puis en les décryptant, en expliquant pourquoi ils sont erronés. Qu’un leader soit un menteur avéré est un fait d’importance. Le rôle du journaliste est d’en informer les citoyens preuves à l’appui. Le censurer le positionne en victime des médias et crédibilise ses mensonges.
Il y a cependant une situation où il peut être justifié d’arrêter la diffusion d’un discours en direct : lorsque l’orateur incite son auditoire à la haine, voire le pousse à la violence contre des personnes nommément citées ou une partie de la population. Dans ce cas, ne pas interrompre le direct est se rendre complice. Et il vaut mieux ne pas diffuser en direct certains orateurs connus pour leurs dérapages, ou leurs appels à la haine et à la discrimination. Le différé permet de choisir les séquences qui restituent le propos sans inviter à la violence, et de préciser que des propos dangereux ont été tenu.
Dans tous les cas, rien ne sert de cacher le mensonge. Un des premiers devoirs du journalisme est d'informer le public. En respectant les faits et en étant le plus honnête possible. « Mais si les nouvelles contiennent des mensonges » dit avec justesse Denis Muller « la norme est de les publier, puis de les dénoncer et de rétablir la vérité le plus rapidement possible ».
Pierre Ganz
|
|
Chronique de Jean-Claude Allanic :
Lu, vu, entendu
|
|
Glanés au gré des lectures des journaux et des publicités ainsi qu’à l’écoute des radios et télévisions, ces mots, phrases et expressions seront mon cadeau de Noël (ou si vous préférez, de fin d’année).
Pour commencer, justement à propos de Noël, certains magasins ne vendent plus de calendriers « de l’avent » mais des calendriers « festifs » ; c’est, sans doute, « laïquement » plus correct ?
Parmi les perles de langage recueillies ce mois-ci, j’ai dû recourir, une fois de plus, à mon « Harraps » (vous pouvez préférer le « Collins ») pour partager le bonheur de la célèbre « influenceuse » Léna Mahfouf dont le livre était « sold out » dès sa parution. Comme disait cet autre « influenceur », un certain Charles De Gaulle : « Avant trois cents ans, nous ne parlerons qu’anglais ».
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Léna Mahfouf produit des « vlogs sur la mode et le lifestyle ». Elle vient d’écrire un « best-seller » : « Toujours plus : ma méthode + ». Le livre s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires et son « auteuse » a été proclamée « social star France 2020 » à Los Angeles. Wikipédia nous apprend qu’elle a eu « une enfance équilibrée » mais qu’à l’adolescence, « elle a subi du harcèlement à cause de ses cheveux bouclés et (…) de sa petite poitrine ». On compatit.
Puisqu’on parle de culture, j’ai appris un nouveau mot : la « glottophobie », attitude qu’un député français veut légitiment combattre. Comme chacun sait, le mot vient des racines grecques « phobie » et « glotto » - les « parlers ». Aucun rapport avec nos ordinateurs et nos smartphones qui refusent les accents graves, aigus ou circonflexes mais tout à voir avec un ostracisme linguistique à l’égard des parlés et des accents régionaux.
Les « glottophobes » n’aiment pas les accents belges, québécois, africains, créoles, suisses, marseillais, bourguignons, alsaciens, etc.
Il est vrai que les journalistes de radio, vous diront que certains accents sont difficiles à comprendre si on n’y est pas habitué. Je me souviens d’avoir interviewé un berger pyrénéen à la télévision, en direct (pour les jeunes, je précise « en live »). L’interview a vite tourné au dialogue de sourd. J’ai souffert car je ne comprenais pas ses réponses et lui a dû
|
me prendre pour un demeuré mental.
On saisit mieux pourquoi les Réunionnais appellent les Français métropolitains, qui leur font répéter plusieurs fois ce qu’ils disent, les « z’oreilles » !
Le mot « glottophobie » n’est pas encore reconnu par l’académie française. A propos, je vous recommande la rubrique « Dire, ne pas dire » sur le site de l’académie. Ensuite, vous réfléchirez à deux fois avant d’annoncer qu’un gouvernement a pris un virage à 360° en pensant expliquer qu’il a changé radicalement de position. Si tel est le cas, un virage à 180° est bien suffisant. A 360°, on revient à sa position initiale. Il est vrai qu’en politique ….
Vous y apprendrez aussi qu’on ne devrait pas parler, en cette période de crise économique mondiale, de « coupes sombres » dans les effectifs des entreprises ou les crédits des ministères. Une coupe « sombre » signifie qu’on a coupé quelques arbres ou quelques plantes mais pas suffisamment pour que la lumière traverse toute la végétation. En cas de licenciements nombreux, il faudrait parler plutôt de « coupe claire » qui se caractérise par un important défrichement qui laisse passer la lumière du soleil. Avouons que « sombre » est davantage « vendeur » et s’accorde mieux avec une mauvaise nouvelle ; c’est clair.
Parmi les expressions journalistiques en vogue, vous avez peut-être remarqué cette propension à remplacer des mots simples par des mots plus longs qui se veulent, sans doute, plus savants. Entendu, par exemple à la radio, qu’un « ordinateur n’était pas en capacité ... » ou que les recherches sur un vaccin contre la covid « n’étaient pas suffisamment documentées ». On a bien compris que l’ordinateur était « incapable » et que le vaccin en était encore au stade expérimental. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
La cerise sur le gâteau du mois nous est offerte par le premier ministre français qui a inventé un nouveau concept avec les stations de ski où on ne peut pas skier. « Les stations de ski pourront ouvrir » en décembre mais « les remontées mécaniques devront rester fermées ». Comme disait Alfred de Musset : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ».
jcallanic@gmail.com
|
|
|
|
Eugénie AW :
Patronne du tribunal des pairs
|
|
Facebook lance Facebook News, un espace dédié aux actualités nationales et locales, en janvier 2021. Le premier groupe d'éditeurs présenté dans News au Royaume-Uni comprend notamment Archant, Conde Nast, The Economist, ESI Media, Guardian Media Group, Hearst, Iliffe, JPI Media, Midland News Association, Reach et STV.
_________________________________________
|
|
RTL Groupe :
À 100% dans RTL Belgique
Déjà actionnaire majoritaire de RTL Belgique, RTL Group a indiqué qu’il avait obtenu « l’accord de principe » des co-actionnaires pour l’acquisition de leur part et ainsi atteindre les 100% du capital, pour un montant non dévoilé. Ajoutant que les actions seront payées « en espèces et en actions RTL Group », sans plus de précision.
|
|
Jeune Afrique :
Dégraissement des effectifs
Touché par la baisse des ressources publicitaires liée à la crise du Covid-19, l’hebdomadaire panafricain lance le premier plan de départs de son histoire.
Le plan de sauvegarde de l’emploi à «Jeune Afrique» pose problème aux élus du personnel : aucun doute sur l’identité des salariés appelés à quitter le journal et trop peu de possibilités de reclassements.
|
|
|
|
|
Facebook News propose un mélange de «top stories» personnalisées. Les négociations sont lancées avec les éditeurs en France et en Allemagne.
|
|
|
Les investissement cibleront les services de streaming, les technologies publicitaires et celles liées aux données.
|
|
|
Les dernières propositions des élus pour atténuer ce dispositif qui prévoit une vingtaine de départs sur les 134 salariés que compte le groupe ont été repoussées.
|
|
|
|
|
|
|