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EDITORIAL
A nous la vie ! A nous le monde ! A nous le succès !
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Par Madiambal Diagne,
Président international
Nous avons beaucoup espéré, nous avons prié pour que la rentrée 2020 se fasse sous de meilleurs auspices que la situation vécue partout dans le monde, depuis le début de cette année. La pandémie de la Covid-19 résiste aux scientifiques et à nous tous, en dépit des mesures de précaution et d’adaptation de nos comportements. Pis, dans certaines régions du monde, depuis quelques semaines, la flambée de la maladie a repris de plus belle. Nous ne devons pas pour autant baisser les bras. Nous devons nous armer de courage, faire montre de résilience et vivre avec la Covid-19.
Notre organisation a vécu durement cette épreuve avec la perte cruelle de certains de nos membres emportés par la pandémie. Mais aussi, l’économie des médias s’est retrouvée plus que jamais frappée et les effets ont davantage fragilisé les entreprises de médias, ce qui en a rajouté à la précarité des conditions de vie et de travail des acteurs. L’UPF a été obligée de fonctionner au ralenti, de mettre en veilleuse la plupart de ses activités, en cette année qui était tant attendue, celle du 70ème anniversaire de notre organisation. Nos Assises de Tunis (décembre 2020) étaient annoncées comme une apothéose mais ce n’est que partie remise. Aussi, avions-nous prévu de tenir des rencontres régionales notamment un Symposium international en Arménie (Mai 2020). Toutes ces activités sont reportées pour l’année prochaine.
Je peux vous annoncer que nous reprendrons nos activités en 2021, quelle que soit la situation de la pandémie dans le monde. En effet, la marche du monde ne saurait être indéfiniment prise en otage par la pandémie. Nous nourrissons le grand espoir, pour ne pas dire la certitude qu’un vaccin ou un remède sera trouvé contre la maladie. Mais qu’à cela ne tienne ! La marche du monde retrouve de plus en plus son rythme normal, l’UPF s’y fera et s’adaptera aux différents contextes.
Nous invitons alors nos différentes instances à reprendre leurs activités tout en respectant, de manière stricte, les principes de précaution.
Durant ces difficiles derniers mois, l’UPF s’est montrée présente aux côtés de ses membres et de ses différentes sections nationales. Nous avons aussi interpelé les gouvernements sur la situation particulièrement délicate des entreprises de médias. Nous remercions alors les chefs d’Etats ou de gouvernements qui ont bien voulu répondre à notre appel et qui nous ont notifié les mesures de soutien prises en faveur du secteur des médias dans leurs pays respectifs.
C’est à croire que les épreuves devaient nous marquer pour toute cette année. Notre représentant en Algérie, Khaled Drareni, est en prison pour avoir fait son travail de journaliste. L’UPF exige sa libération immédiate.
Cette année peut donc être considérée comme une année purgatoire, l’UPF en sortira plus forte et déterminée mais surtout plus conquérante que jamais.
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LA VIE DE L’UPF
UPF Côte d'Ivoire reçoit le président international, Madiambal Diagne à Abidjan
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Abidjan, 22 septembre (UPF CI) – De passage à Abidjan, le président international de l’Union internationale de la Presse francophone, Madiambal Diagne, malgré un calendrier chargé, a tenu à avoir une séance de travail avec la section ivoirienne, pour s’enquérir de l’actualité et partager certaines informations.
Il est resté fidèle à la tradition: vivre la convivialité et la confraternité partout dans le monde pour un membre de l’UPF. Le président international, Madiambal Diagne, a eu une brève séance de travail avec le bureau ivoirien de l’Union, au bord de la lagune Ébrié, à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Alors qu’il y était de passage, dans le cadre d’un calendrier privé.
La séance de travail a été précédée d’un tête à tête, la veille, entre le président Diagne et le président national, Adama Koné. A ces différents rendez-vous, M. Madiambal Diagne a dit tout l’intérêt de pousser l’organisation sur des chemins de valorisation du métier de journaliste. A l’endroit de la section ivoirienne, il a souligné : « La Côte d’Ivoire est une section importante par son dynamisme. J’ai tenu personnellement à vous saluer et vous encourager. Cependant, nous avons constaté qu’il n’y a pas eu assez de renouvellements de la carte de membre en 2020 ».
Au nom de la section, Adama KONÉ s’est réjoui de ce moment, souhaitant la bienvenue « chez vous, même si vous êtes de passage ». Selon lui, la pandémie à COVID-19 a impacté les activités prévues à savoir les élections, la mise à jour des adhésions et la sortie d’études à l’intérieur du pays.
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Le président Koné a surtout relevé les consultations ophtalmologiques initiées par la section pour permettre aux journalistes ivoiriens de travailler dans de meilleures conditions. C’est un partenariat noué avec une Ong ( Actes), qui non seulement fait les examens de vue, mais aussi livre gratuitement les montures. Seuls les verres sont payants, à un prix très étudié. Allant à une baisse de 70%.
En outre, les familles des membres sont prises en compte par cette opération.
Madiambal DIAGNE a salué cette initiative innovante et pragmatique. Il a conseillé d’inviter le bureau international et les sections environnantes à participer à ce type d’activités inédites à haute portée socio-professionnelle. Toute chose qui permettra d’inspirer d’autres sections par un partage d’expérience et de lui donner une visibilité internationale.
S’agissant des cartes 2020, les demandes ont été faites. Malheureusement, elles n’ont pas pu être déposées à Yaoundé pour la plupart. Celles envoyées par mail étant en cours de production. Toutefois, l’UPF-CI a jugé bon, vu le retard, de différer la production des cartes en 2021 exceptées celles du bureau. Question de prendre une longueur d’avance sur l’année prochaine.
Viviane MOUHI – AKRÉ
Secrétaire générale UPF CI
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UPF Monaco : Responsabilité et solidarité
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Le 17 septembre dernier, notre section s’est réunie. Pour cette rentrée, toujours sous le signe de la Covid, nous continuons à consolider, après la réforme de nos statuts, notre dossier pour obtenir un agrément gouvernemental, étape indispensable à une subvention.
Nous avons entamé un cycle de réflexions où chacun donnera son sentiment sur le traitement-presse à Monaco de la Covid 19 et sur la communication gouvernementale. Mais notre objectif, au-delà de nos spécificités, est bien sûr la défense de la liberté de la Presse, plus particulièrement dans la Francophonie. C’est pourquoi notre section est solidaire des actions engagées par l’Union Internationale de la Presse Francophone pour la libération de notre confrère algérien Khaled Drareni, lourdement condamné en appel le 15 septembre dernier. Pierre Dévoluy, grand reporter et, dans notre bureau, chargé des relations internationales avec la presse francophone, souligne l'importance de ce dossier et de tout ce qu’il implique :
Khaled Drareni est donc - disent de hautes autorités - une « main de l'étranger » capable de « porter atteinte à l'unité nationale [et] aux affaires relevant de la sécurité de l’État ». Il serait coupable « d'incitation à un attroupement non armé » - une manifestation d'étudiants qu'il filmait. Il serait même un « informateur » : entendez un espion, un agitateur à la solde d'une « puissance étrangère »,
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un de « ces États qui [n']attaquent pas frontalement mais chargent des organisations non gouvernementales de cette mission »... Les ONG ? Khaled est en effet correspondant de Reporters sans frontières ; il est aussi représentant de l'UPF en Algérie, « notre » ONG - dont il possède d'ailleurs une vraie carte de membre journaliste !
Quel redoutable pouvoir serait donc celui d'un journaliste couvrant en tant que correspondant professionnel reconnu les événements de son pays, qu'il n'a pas quitté, pour des médias peu soupçonnables de propagande déstabilisante et révolutionnaire !
Deux ans d'emprisonnement, on n'en est pas encore au démembrement et à la dissolution dans l'acide du corps d'un journaliste, méthode pratiquée ailleurs...
Et personne n'oublie l'assassinat de cent-un (cent-un !) journalistes algériens, honneur et modèle de la profession, pendant la « décennie noire » : C'est la réalité qu'il montre qui dérange, pas le journaliste.
La prison, c'est intolérable pour les nombreuses voix qui s'élèvent partout et pas seulement dans le monde de la Presse. Un groupe d’experts des Droits de l’Homme à l'ONU a condamné le 16 septembre « la peine prononcée contre le journaliste Khaled Drareni » et a appelé les autorités algériennes « à annuler la sentence et à le libérer de prison ». Sur place, ses confrères lui apportent – avec courage puisqu’ils encourent des risques réels – un soutien sans faille et le Collectif de défense de Khaled Drareni a formalisé (avec le consentement du journaliste) un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême.
Mais, soulignent ces avocats : « Nous sommes tous convaincus que la grâce présidentielle est accordée aux détenus coupables. Drareni est innocent. ».
Patrice Zehr
Président de l’UPF Monaco
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UPF Hongrie : Tous mobilisés pour la liberté d'expression !
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Cela fait plus d'un mois que de nouvelles initiatives s'organisent autour d'une revendication commune: la défense de la liberté culturelle, académique, médiatique, en somme la liberté d'expression et l'autonomie universitaire.
Les événements s'enchainent à travers tout le pays - partant de l'Université d'Art dramatique et de Cinéma. Les étudiants ont occupé l'Université et y ont introduit leur République.
Nous, journalistes francophones et autres sympathisants sommes, réunis autour de la reproduction humaine du célèbre tableau de Delacroix/ La Liberté guidant le peuple - c'est une symbolique forte pour la liberté de la presse - peu après que l'Index ( média indépendant) se saborde, mais un nouveau média indépendant vient d’être créé : Telex.
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Infos, articles et tables rondes ont évoqué les derniers événements
dans nos médias francophones: hier dans l’émission Mauvaises Ondes, ainsi que dans Courrier d'Europe Centrale et aujourd'hui, le Journal Francophone de Budapest.
Eva Vamos, le JFB
Présidente de l’UPF-Hongrie
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UPF Madagascar lance son site web
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L’Union internationale de la Presse Francophone, section Madagascar se dote d’un site web : www.upf.mg.
Ce site permettra à la section et à ses membres de se faire connaitre auprès du public.
En effet, le bureau de la section est conscient du potentiel de bon nombre de ses membres dans le domaine professionnel, en plus de leur talent artistique.
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Des photojournalistes et artistes sont connus sur le plan international et l’existence de ce site ne peut que les pousser à aller encore plus loin dans leur carrière.
Le site permet aussi la promotion et l'organisation d’événements de levée de fonds au bénéfice de l’UPF section Madagascar, entre autres, une vente aux enchères de photos. Kenny J. Raharison sélectionné parmi les 8 bénéficiaires de la bourse d’études Chevening Membre de l’UPF section Madagascar, Kenny J. Raharison a obtenu une bourse d’études du Gouvernement Britannique par le biais du Foreign Commonwealth and Development Office. A travers Chevening, il a choisi la filière MSC International Business à l’Université de Dundee – Scotland UK.
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Du gel hydroalcoolique et des masques pour les journalistes
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Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, la section Madagascar de l'UPF a reçu un don de gel hydroalcoolique de la part de floreAroma. Cette société spécialisée dans la transformation de plantes aromatiques est un partenaire de la presse à Madagascar depuis des années.
Hanta Tiana Ranaivo Rajaonarisoa, son jeune CEO, a précisé qu'elle sera aux côtés de la section UPF Madagascar surtout en cette période difficile qui met les journalistes aux fronts.
L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à Madagascar
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a également apporté son appui aux journalistes membres de l’UPF section Madagascar en les dotant de 100 masques.
Les journalistes membres de la section n’ont en effet cessé de travailler durant la période de pandémie de Covid-19. A travers ce don, l’OIF n’a pas seulement équipé les journalistes de matériel de protection, mais a surtout montré son soutien moral envers eux en toutes circonstances. Les masques et le gel hydroalcoolique ont été distribués aux 32 membres de la section à travers Madagascar.
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Décès de Farah Raharijaona
Les membres de l’Union internationale de la Presse francophone, section Madagascar, ont le cœur lourd. Fabiola Farah Raharijaona s’en est allée. Elle était membre de l’Union de la Presse francophone depuis 2016. Elle était connue dans le monde du journalisme pour son engagement dans la promotion des droits de l’enfant, de l’équité et de l’égalité. Elle était journaliste de la presse écrite : du Quotidien, de Madagascar Tribune puis du groupe l’Express de Madagascar.
N’ayant pas réussi à suivre toutes les discussions des membres de l’UPF Madagascar sur les réseaux sociaux, Farah insistait par téléphone ou par SMS pour connaître les nouvelles et se renseignait sur ce qu’elle pouvait faire pour l’association. Farah disait « je suis et je serai toujours membre de l’UPF. Quoi qu’il arrive, tenez-moi toujours au courant des activités » et à aucun moment elle n’a failli à ses promesses envers l’Union.
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Chronique de Pierre Ganz :
Les journalistes peuvent-ils payer leurs interlocuteurs ?
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Le journalisme et l’argent ne font pas bon ménage. La mission d’informer dans le seul intérêt du public s’accommode mal d’arrières pensées mercantiles.
Un journaliste digne de ce nom ne saurait payer une information ou un informateur. Pourtant le journalisme de chéquier sévit un peu partout. Il est rarement justifiable.
Il y a bien des raisons pour refuser de payer une source. La première est sans doute que témoigner est un acte civique. Si cela devient source de gain, sa spontanéité est suspecte.
La seconde est que payer les témoins, c’est prendre le risque de susciter des témoignages douteux, de voir des dizaines ou des centaines de sources proposer leur « service » aux journalistes.
Ceux-ci perdraient alors la maitrise de leur enquête en devant démêler l’écheveau des « vraies » informations, des informations à « moitié vraies », des informations totalement bidon. Il est remarquable à ce propos que le journalisme participatif, qui consiste à lancer sur internet ou les réseaux sociaux un appel à témoignage sur un sujet (par exemple récemment « l’école à la maison pendant le confinement »), ne propose jamais
de rémunération aux répondants.
Bien sûr, il arrive que des reporters paient un repas ou un verre ou deux à une source, lui remboursent des photocopies ou la déposent en voiture quelque part. Michael Massing, journaliste américain auteur d’une enquête sur le commerce des drogues, reconnaissait ainsi avoir obtenu certaines informations en échange de cheeseburgers et de cigarettes ! On ne peut parler là de rémunération, tout au plus d’entretien de bonnes relations. Inacceptable par contre le choix de ce reporter français qui avait « aidé » une prostituée à acheter une voiture d’occasion pour « la remercier » de son témoignage, qui s’est avéré faux, contre un élu local.
L’argent trouve plusieurs failles pour s’insérer dans l’échange entre le journaliste et ses interlocuteurs. La plus triviale est le culot de certains, qui avant de répondre aux questions d’un journaliste, demandent tout de go « ce que cela [leur] rapporte ». Ces clients là sont à fuir, ils sont plus intéressés par leur porte–monnaie que par leur contribution à informer leurs concitoyens. On citera cependant, pour l’anecdote, cette exception évoquée par un confrère indien, qui avait accédé à la demande d’une ancienne gloire de Bollywood la justifiant ainsi : « j'ai 85 ans et je dois commencer à économiser pour mon enterrement ».
Ce confrère avait à juste titre averti ses lecteurs dès le premier paragraphe qu’il avait versé une petite somme à la star déchue pour obtenir ses confidences.
La concurrence est un autre facteur
de marchandage. Lors d’événements retentissants, il n’est pas rare de voir des magazines ou des chaînes de télévision se livrer à une surenchère sonnante et trébuchante pour arracher l’exclusivité d’un témoignage. La sincérité et la véracité du témoin n’y gagnent pas.
Il se retrouve en situation de conflit d’intérêt, et aura tendance à vouloir répondre aux attentes de ses interlocuteurs.
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C’est une invite à l’exagération voire à l’affabulation pour en donner « pour son argent » au média qui paie.
La dérive de l’information vers l’info divertissement qui marque depuis plusieurs années les programmes audiovisuels d’actualité n’arrange pas les choses. Les chroniqueurs / éditorialistes piliers des talk show sont rémunérés à la prestation. Cela les oblige à avoir un avis sur le sujet du jour pour justifier leur présence et leur cachet, même s’ils n’y connaissent rien ou pas grand chose
Certains objectent que passer à la télévision, comme expert ou témoin d’occasion, prend du temps. Que ce temps pris sur l’activité principale peut se traduire par une perte de revenu. Cela ne justifie cependant pas une rémunération systématique – sauf dans le cas de chroniqueurs réguliers, qui sont alors plus des comparses de l’animateur que des journalistes. Certains médias compensent en envoyant un taxi chercher leurs invités chez eux (mais cette « largesse » vise aussi à s’assurer qu’ils seront à l’heure en plateau…).
La tentation de « payer pour voir » existera toujours chez certains journalistes. Au delà du rappel des règles éthiques, il y existe des tentatives d’encadrer la pratique pour éviter les dérives les plus graves. Le gendarme de l’audiovisuel britannique, l’Ofcom, a par exemple posé des règles pour tenter de limiter l’achat de témoignage - une tradition dans la presse tabloïd qui risquait de se retrouver dans l’audiovisuel. L’Ofcom interdit l’échange financier pour recueillir les propos « de criminels sur leurs crimes ou leur comportement, de toute personne susceptible d'être témoin dans une procédure pénale, d’enfants de moins de 16 ans ou d’une personne vulnérable, de source confidentielle ou d’un dénonciateur, d’une personne secrètement filmée ou enregistrée, d’un fonctionnaire exerçant une fonction publique à des fins d'information ».
De même, pour tenter de limiter les dérives, l’ombudsman du quotidien indien The Hindu écrivait « vous ne pouvez pas payer les politiciens, les bureaucrates, les diplomates, les généraux, les hommes d'affaires, les décideurs politiques, les avocats, les juges et tous les titulaires de charges publiques », ce qui donne a contrario une idée de l’ampleur du journalisme de chéquier.
Rappelons que la valeur d’une information est déterminée par l’intérêt du public à la connaître, non par l’intérêt d’un journaliste ou d’une source à en tirer profit. Et reprenons la réflexion faite il y a quelques années par le journaliste canadien Ross Howard : « les médias demeurent des endroits où les citoyens peuvent aller pour offrir gratuitement des informations dont ils disposent et qui sont pertinentes et nécessaires pour le bon fonctionnement de notre société et de nos institutions. Les médias agissent comme des chiens de garde publics. Un garde du même acabit que la police, même s’ils sont complètement distincts. Personne n’appelle la police pour signaler un cambriolage en espérant en tirer 5 000 dollars ».
Pierre Ganz
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Chronique de Jean-Claude Allanic :
« Dix petits... »
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Les mots d’une langue sont la boîte à outils des journalistes. Des outils explosifs à manier avec précaution. Ils font peur aux gouvernants qui ne veulent pas entendre les aspirations de leur peuple et ne supportent pas les critiques. Les mots deviennent alors des délits conduisant les journalistes en prison. Notre confrère et ami Khaled Drareni peut en témoigner. Malheureusement, il n’est pas le seul dans le monde.
Un mot peut être trompeur. Un pays dont les dirigeants sont, théoriquement, élus « démocratiquement » est-il vraiment une démocratie quand il bafoue les libertés ? Et quel vocabulaire, nous journalistes, devons-nous employer ? Je me souviens du renversement de Ceausescu, en décembre 89. « La chute du dictateur roumain » titraient les journaux. Quelques jours auparavant, les mêmes avaient annoncé la réélection triomphale du « président Ceausescu ». Si les mots ont un sens, un pays où la liberté de la presse est bafouée peut-être qualifié, légitimement, de dictature ? Encore faut-il avoir le courage, au-delà des considérations géo-politiques et diplomatiques, d’appeler un chat un chat. Un pays où il n’y a ni liberté d’expression, ni respect des citoyens, ni indépendance des juges, est bien « totalitaire ».
Un mot peut en cacher un autre. Par fantasme, par hypocrisie, par pudeur parfois, on se refuse à utiliser ceux qui conviennent. On a longtemps eu peur du mot « cancer » préférant évoquer, par périphrase, « une longue maladie ». Dans les conflits politico-militaires, les « rebelles » des uns sont les « résistants » des autres et les alliés du moment seront, éventuellement, les ennemis de demain. Quant au domaine religieux, ce qui sépare les « fidèles » des « mécréants » n’est souvent qu’une question de sémantique … et de foi.
Les mots peuvent être aussi des outils de manipulation pour servir ou desservir une cause. J’ai souvent été interpellé, quand j’étais médiateur à France 2, sur le vocabulaire utilisé dans le conflit au Proche-Orient. Fallait-il parler du « mur » entourant les territoires palestiniens ou de « clôture » comme le disait le gouvernement israélien ? . Il me semblait qu’une épaisseur de plus d’un mètre de béton s’apparentait davantage au mur de Berlin qu’à la clôture du champ de mes voisins.
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Les mots ne sont pas intemporels.
Ils sont liés à une époque, aux circonstances historiques ainsi qu’à l’évolution des mentalités. Ainsi en va-t-il du politiquement correct du moment.
Les clochards sont devenus des SDF, les homos (comme ils disent) sont devenus gay et les balayeurs sont devenus des techniciens de surface. De leur côté, les noms des métiers se sont féminisés ; pourquoi pas même si ce qui fait le professionnalisme d’une rédactrice en chef, devenue « en cheffe », n’est pas son genre.
Plus fondamental est le débat actuel sur le vocabulaire lié au racisme et aux dominations coloniales du passé.
Dans notre monde contemporain, la connotation raciste des mots « nègre »
et « négresse » n’est plus à prouver.
Ils renvoient l’homme et la femme noirs au statut de dominés, voire d’esclaves. C’est insupportable. Pour autant, faut-il changer le titre des romans comme ces « Dix petits … » d’Agatha Christie ? Doit-on, dans une biographie de Joséphine Baker, ne plus citer « la revue nègre » qui l’a rendue célèbre ?
Aimé Césaire - qui disait : « j’ai plié la langue française à mon vouloir dire » - tombait-il dans le piège du racisme en parlant de « négritude » ?
Devrait-on censurer du passé tout ce qui a été dit et écrit d’odieux, de contestable et de mauvais goût sur les peuples, les femmes, les étrangers, les juifs, les rosbifs, les chintoks ou les pollacks et d’une manière sur toutes les minorités ?
J’évoquais plus haut Khaled Drareni.
Il me revient en mémoire son intervention, lors de nos Assises en Arménie, sur les migrations et les migrants. Avec humour, notre confrère était intervenu sur la stigmatisation du mot « noir » dans des expressions françaises comme le « travail au noir », « la noirceur de l’âme » ou le « marché noir ». Il avait répondu : « blancs-becs », « blanchiment d’argent » et « oies blanches ».
Comment, en 2020, les journalistes doivent-ils aborder ce problème des mots ou expressions désormais jugés abominables ? Voilà qui pourrait être une occasion d’échanges entre consœurs et confrères de l’UPF lors de prochaines rencontres. En souhaitant que Khaled, enfin libéré, puisse y participer.
jcallanic@gmail.com
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Eugénie AW :
Patronne du tribunal des pairs
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Le Tribunal des pairs du conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) a élu à sa tête, vendredi 02 octobre, Eugénie Rokhaya Aw, journaliste et ancienne directrice du CESTI, l’école de journalisme de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar et membre active de l’UPF. Plébiscité par les 12 membres, Mme Aw a été élue, à l’occasion de la première réunion du Tribunal des pairs, installé le 23 septembre dernier, pour un mandat de trois ans.
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Google :
Un milliards de dollars
La direction de Google vient d'annoncer un nouvel investissement d'un milliard de dollars sur trois ans à destination d'un grand nombre d'éditeurs internationaux en Allemagne, au Brésil, en Argentine, au Canada, au Royaume-Uni ou encore en Australie. En plein bras de fer avec les éditeurs de presse internationaux qui réclament d'être rémunérés pour l’utilisation de leurs articles par le moteur de recherche du géant américain, Google tente ainsi de calmer le jeu.
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France :
LVMH au capital de Challenges
Le groupe de médias Challenges va faire entrer dans son actionnariat, à hauteur de 40%, le géant du luxe LVMH via une augmentation de capital, a indiqué son propriétaire Claude Perdriel au journal le Monde.
Le groupe Challenges contrôle le magazine économique du même nom, ainsi que Sciences et Avenir, et les revues L'Histoire, Historia et La Recherche.
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« Les articles 53 et 54 du Code de la presse donnent pleins pouvoirs au CORED pour faire appliquer les décisions du Tribunal des pairs ».
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En contrepartie, les éditeurs sélectionnés devront permettre à Google d'utiliser leurs contenus dans le cadre de partenariats.
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LVMH actionnaire de nombreux médias : Les Echos et Le Parisien/Aujourd'hui en France, de Radio Classique, et des magazines Investir et Connaissance des arts.
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