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EDITORIAL
Hervé, nous
avons toujours voulu te ressembler
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Par Madiambal Diagne,
Président international de l’UPF
Hervé Bourges
a tiré sa révérence à l’âge de 86 ans, après une vie bien remplie. Il
avait encore sa place parmi nous, comme on le dit quelque part en
Afrique, à la perte d’un être cher.
Ses amis et proches lui ont rendu hommage, le Lundi 2 mars 2020, à
l’Eglise Saint Eustache de Paris. Méticuleux et avec sa légendaire
délicatesse, Hervé Bourges avait réglé par avance
chaque détail de la cérémonie d’adieu. Hervé (la plupart d’entre nous
l’apostrophaient ainsi) a organisé ses obsèques et a souhaité se voir
entouré par les siens. Il a tenu à y faire une grande place à l’Union
internationale de la Presse francophone (UPF) dont il a assumé les
fonctions de Président international de 2001 à 2007. J’y étais en
compagnie de Jean Kouchner, Vice-Président international de l’UPF.
Ces
dernières années, Hervé était devenu rare à nos manifestations, mais
tenait à chaque fois à nous envoyer un message d’amitié.
J’avais beaucoup insisté pour le déplacer jusqu’à Yaoundé à l’occasion
de nos 48èmes Assises de novembre dernier. Mais les médecins lui
conseillaient, depuis quelques années, d’éviter les longs voyages par
avion. Malicieux, Hervé avait bien deviné que nous cherchions à lui
rendre hommage, «chez lui» en
Afrique et au Cameroun particulièrement. Il n’était
donc pas venu à Yaoundé mais il avait été l’absent le plus présent de nos dernières Assises.
Hervé
le maître…
Ils sont
nombreux, les journalistes africains à être redevables à Hervé
Bourges, leur maître. Hervé Bourges
avait fondé l’Ecole supérieure
internationale de journalisme de Yaoundé, qui a formé des générations
de journalistes de beaucoup de pays africains. Cette école fête cette année son cinquantième anniversaire. Hervé Bourges savait donc qu’il était bien
attendu au Cameroun, mais il avait décliné l’invitation
par une métaphore bien de ce pays, indiquant que «le vieil éléphant
s’éloigne de la troupe…».
Hervé Bourges
a aussi entouré de son expertise le développement du Centre d’études
des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar
(Sénégal). Il a été un modèle de rigueur professionnelle pour ses
innombrables disciples. Chaque pan de sa vie est une leçon de vie et
d’humanité. Il n’était pas qu’un «amoureux de l’Afrique», il était un
véritable africain. Hervé Bourges avait activement lutté pour la
décolonisation de l’Afrique et prôné l’égalité des peuples. La
meilleure preuve aura été qu’il avait pris la nationalité d’un pays
africain, l’Algérie, qui a arraché son indépendance après une âpre lutte.
Hervé Bourges
savait élever ses interlocuteurs à sa hauteur. En 2006 à Bucarest, il était assez contrarié à l’occasion d’une session du Comité
international de l’UPF. Le Président international de notre
organisation qu’il était, n’avait pas supporté un traitement
discriminatoire dans la prise en charge de participants aux 38èmes
Assises en Roumanie. Hervé Bourges avait concédé sa réélection à la
tête de l’UPF, avec la décision irréversible de passer le flambeau
aux Assises suivantes à Abidjan.
Cet homme,
farouchement rétif à toute forme d’injustice, me rappela cette
anecdote en novembre 2014, à Dakar, quand je venais d’être élu
Président international de l’UPF. Hervé Bourges avait renoué avec les
Assises de l’UPF à cette occasion. Il était également porteur d’un message personnel du Président
Abdou Diouf en direction des participants de ces Assises de Dakar.
Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal, terminait
son troisième mandat à la tête de l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF). Hervé Bourges me distilla avec un brin d’humour : « Jeune homme, tu as maintenant une bonne occasion de faire
justice envers tout le monde. C’est un nouveau départ pour l’UPF.
L’Afrique sera une chance pour cette organisation. Je ne suis pas sûr
que ce sera compris de tout le monde, mais enfin… Ce ne sera pas
simple, tu dois le savoir ». Je lui
répondis : «Cher Hervé, en toute
occasion nous voudrons te ressembler.»
Le rôle
d’Hervé Bourges et son investissement personnel dans la vie de l’UPF
ont jeté les bases de notre développement actuel. Intransigeant sur
les principes d’ouverture et de démocratie, il s’est dépensé sans
compter pour aider au développement de médias francophones
pluriels. Défenseur acharné de la liberté de la presse et de la
formation des journalistes, il laisse une empreinte inaltérable.
…tu
continueras de nous inspirer
Chaque étape
de la vie et du parcours d’Hervé est source d’enseignement. A
l’annonce de son décès, chaque membre de l’UPF avait tenu à saluer la
mémoire de ce «Grand Monsieur». D’aucuns ont
salué le formateur, d’autres ont salué le camarade, d’autres encore
ont salué la mémoire du collègue, du patron emphatique, du
visionnaire. Mais aussi, tout le monde a retenu de lui l’image d’un infatigable défenseur et promoteur de la Francophonie. Hervé Bourges a été
porte-parole et directeur de l’Information de l’Unesco, Directeur général de Radio France Internationale, P-DG de TF1, de RMC, de
France-Télévisions,
Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel en France, Haut
témoin de la Francophonie aux Jeux Olympiques.
A Monaco, le
président de la section UPF, Patrice Zehr, témoigne : «Hervé Bourges avait été mon patron à RMC et m’avait confié la
revue de presse du matin sans jamais intervenir. Je l’ai ensuite
croisé à Africa numéro 1 au
Gabon. J’en garde le souvenir d’un pro engagé et sachant vivre.
C’était lui. Condoléances pour ce grand témoin de la Francophonie.» En Guadeloupe,
Jean-Claude Rodes, vice-président international de UPF, garde en
souvenir une conférence donnée par Hervé Bourges sur son «ami Franz Fanon», dans la
ville de Basse-Terre. En Croatie, Silvija Luks nous écrit : «Il y a
16 ans que Monsieur Bourges avait initié la fondation de l’UPF en
Croatie, et pour nous il restera pour toujours un père irremplaçable.
Malheureusement, son initiative à l’Unesco d’accorder aux journalistes du monde un passeport
semi-diplomatique n’a jamais vu le jour.»
En Hongrie,
Eva Vamos a partagé la dédicace que
Hervé Bourges lui avait faite sur son livre «Pardon my
French» et on y lit : «Pour Madame
Eva Vamos de la Section UPF-Hongrie, à une Union francophone exemple
pour ceux qui négligent notre langue commune.» Aimé Robert
Bihina souligne que «le Cameroun porte le deuil. Tous les organes de
presse ont rendu hommage à un monument qui a tant fait pour le
Cameroun. Car c’est Hervé Bourges qui avait fondé la première école
de journalisme du Cameroun. L’amphi Hervé Bourges de cette école est
la marque de la reconnaissance quasi éternelle à une icône qui a formé et inspiré plusieurs générations de journalistes camerounais. Hervé
Bourges, ardent défenseur de la langue française aura
laissé une empreinte indélébile au Cameroun».
En Guyane,
Frantz Montauban dit : «Toute la Guyane salue la mémoire de cette
personnalité qui a marqué des générations de journalistes bien
au-delà du milieu francophone.» En France,
Jean Kouchner écrit : «Je me souviens de chacune de nos conversations, de
l’attention qu’il portait au développement de l’UPF, de ses
connaissances pointues sur l’Afrique et de ses qualités pédagogiques
lorsqu’il me conseillait, alors que je partais enseigner à l’école de
journalisme de Yaoundé qu’il avait fondée et dirigée. Un grand homme
de presse, un grand homme tout court.» A Brazzaville, Gaston Elbin Enkari s’incline
devant la mémoire de «ce grand Monsieur».
Hervé, toute
ta grande famille UPF s’incline devant ta dépouille. Tous les amis te
saluent de Martinique, de France, du Sénégal, de Suisse, du Bénin, du
Tchad, du Burkina Faso, du Mali, du Cameroun, de Belgique, d’Egypte,
de Moldavie, du Québec, du Niger, du Ghana, de Thaïlande, d’Algérie, de
Roumanie, d’Albanie, de Haïti, de Côte
d’Ivoire, du Monténégro, de Géorgie, du Liban, de Hongrie, de Croatie, de Serbie,
d’Espagne, du Gabon, d’Arménie, des Etats-Unis d’Amérique, de
Mauritanie, de Madagascar, de Guinée, d’Italie, de Monaco, de
Bulgarie, de Centrafrique, du Congo, du Japon, de Djibouti, de la
Vallée d’Aoste, du Maroc, de Corée du Sud, du Vietnam, de Tunisie, du
Cap-Vert, des Emirats arabes unis, du Togo, de Chine, de la
République démocratique du Congo, des Seychelles, de la Réunion, d’Ethiopie, d’Angola, de Guinée équatoriale,
des Comores.
Hervé Bourges nous
a quittés en cette année anniversaire des 70 ans de l’UPF.
Sa mémoire restera vive. Repose en paix, cher ami !
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LA VIE DE L'UPF
Vallé d'Aoste : Lorsqu'un concours révèle des
vocations et inculque les valeurs du partage !
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Afin
d'encourager les jeunes à écrire en français, la Section UPF de la
Vallée d'Aoste organise,, depuis le début des années 90, un concours
adressé aux élèves des écoles et aux jeunes de la région.
Le Concours de Trèves a également pour vocation de favoriser la
pratique du journalisme en langue française en direction des plus
jeunes en Vallée d'Aoste dont le premier prix offre au lauréat la
possibilité de faire un stage professionnel dans la rédaction d'un
média tous frais payés, grâce à une bourse d'études.
Selon ses promoteurs, ce concours « offre l’opportunité unique
pour la jeunesse valdôtaine de se familiariser avec la langue
française ». Il est structuré sur plusieurs niveaux. Le premier
s’adresse aux écoles moyennes et consiste en l’écriture d’un texte
sur un thème qui varie chaque année en fonction de l’actualité du
moment. Les plus méritants se voient remettre des prix en livres et
récemment aussi une tablette numérique. Le deuxième niveau cible les
jeunes âgés de 18 à 30 ans. Dans ce cas aussi, le thème change
d’année en année et les prix sont des plus variés. Mais le premier
prix a une valeur toute particulière puisqu’il s’agit de la
possibilité d’effectuer un stage professionnel en immersion au sein
de la rédaction d’un média
francophone, avec une bourse d’une valeur de 2 500 euros couvrant les
frais de déplacement, de logement et de nourriture sur place,
traditionnellement en France ou en Suisse.
Le stage a représenté une expérience de toute première importance
dans le parcours professionnel de ces jeunes.
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La première fois qu’ils quittaient le
parcours académique de l’école et le cocon familial pour être livrés
à « eux-mêmes ». Et la première fois, ça ne s’oublie pas, ça reste
gravé dans la mémoire pour la vie. D’aucuns découvriront ainsi une
passion et réaliseront que l’écriture d’un thème à l’école n’a pas
grand-chose à voir avec la rédaction d’un article sur un fait
d’actualité. Ils en feront leur métier. D’autres ne continueront pas
dans la filière médias/communication mais cette première expérience
professionnelle les marquera et leur permettra d’être plus aguerris
par la suite. Quoi qu’il en soit, au sortir de l’adolescence, le
stage professionnel du concours Trèves représente une opportunité unique
de rentrer par la grande porte dans le monde adulte.
Cette année, l’UPF-Vallée d’Aoste fête les 20 ans du stage
professionnel (qui a démarré une année après la création du concours
Trèves). Pour marquer l’événement, l’UPF-Valée d’Aoste a publié un
livret qui rassemble les témoignages de la plupart des gagnants du
premier prix et a produit un reportage qui sera diffusé sur le site
web de la section (www.upfvda.org)
et sur sa chaîne You Tube.
Enfin, si l’Union internationale de la Presse francophone - Section
de la Vallée d’Aoste peut promouvoir l’organisation de ce stage,
c’est aussi et surtout grâce à la collaboration morale et économique
du Conseil de la Vallée, des Assessorats régionaux compétents en
matière d’éducation et de biens culturels, de l’Université de la
Vallée d’Aoste et du Centre d’études Abbé Trèves. Sans ces soutiens
institutionnels, le concours Trèves n’aurait pas pu perdurer et
croître tout au long de ces années.
Grâce à ces soutiens, les organisateurs promettent une édition
2020, qui sera lancée ce mois de mars, dans une forme
rénovée et modernisée où la formation à l’image et aux nouveaux
médias occuperont une place prépondérante.
Joseph Péaquin,
Président de l’UPF-Vallée d’Aoste
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Communiqué :
UPF Maroc se forme au journalisme de solutions
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L’UPF-Maroc continue son cycle de formation lancé en
décembre. C’est ainsi que la section organisait, Mardi 3 mars à
Casablanca, une session intitulée «Se lancer dans le journalisme
de solutions». Elle a été animée par Nina Fasciaux, Journaliste et ambassadrice
en Europe du Solutions Journalism Network, basé à New York.
Les participants ont pu comprendre ce qu’est le journalisme de
solutions et ce qu’il n’est pas et travailler à la réalisation d’un
sujet orienté solutions grâce à une série d’exercices en groupes. Nina Fasciaux a déroulé les critères d’une couverture
rigoureuse et convaincante des réponses apportées aux problèmes
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de société, précisant que le journalisme de solutions n’a pas pour
but de faire taire les problèmes, mais plutôt d’offrir une vision
plus complète de la réalité.
Ce cycle de formation qui a démarré avec une session sur les
Podcasts, suivie d’une autre sur les Fake News et le Fact
Checking, est organisé avec le soutien du Service de Coopération
et d’Action culturelle de l’Ambassade de France au Maroc. La
prochaine formation aura lieu en avril et portera sur le reportage
mobile.
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UPF Tunisie
et IPSI signent une convention de partenariat
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L’UPF-Tunisie vient de signer une convention avec
l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI). C’était
lors de la conférence organisée conjointement le 3 mars dernier
à l’IPSI, sur le thème « Enseignement du journalisme francophone :
Difficultés et perspectives ».
En vertu de cette convention, l’UPF
Tunisie animera un club de la presse francophone à l’IPSI, adressé
aux étudiants. L’IPSI sera de son côté partenaire avec la Section
Tunisie de l’UPF dans l’organisation des prochaines Assises en
décembre à Tunis et se chargera de produire le journal quotidien des
Assises.
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La conférence a vu la participation de
professeurs de l’IPSI et des membres de l’UPF Tunisie qui sont intervenus
sur les enjeux de l’enseignement du journalisme francophone par
rapport au marché du travail, l’ouverture de l’université tunisienne
sur les écoles francophones du journalisme dans le monde et le rôle
des organisations professionnelles dans la promotion du journalisme
francophone.
Le débat a porté sur les difficultés rencontrées par les professeurs
à enseigner en langue française, vu que les étudiants ne veulent pas
faire un effort d’écrire dans une langue différente de leur langue
maternelle. Les différents intervenants ont souligné l’importance
d’écrire en français, dans l’ouverture de nouvelles perspectives pour
les étudiants, en matière d’études à l’étranger ou en matière
d’opportunités professionnelles plus tard, surtout que le marché
tunisien est très demandeur de journalistes francophones.
L’Institut Français de Tunisie (IFT) était présent lors de cette
conférence et a promis d’appuyer le nouveau partenariat entre l’UPF –
Tunisie et l’IPSI.
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Chronique de Pierre Ganz :
A propos d'un témoin assassiné
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Un éleveur malien assassiné en février par des
djihadistes avait témoigné à visage découvert sur France 24. Il n’y a
pas forcément de lien de cause à effet entre son interview et sa
mort. Mais on ne peut nier que la protection des sources a été mise à
mal dans cette affaire.
Décembre 2019. Une équipe de France 24 accompagne pendant une semaine
une patrouille de la force « Barkhane » déployée par la
France au Mali. Dans un village de la région du Gourma, elle filme un
échange entre les soldats et des villageois de Léléhoy. L’un des
éleveurs rencontré accepte un bref interview. Le 13 janvier, le
reportage est diffusé par la chaîne internationale. Sadou Yehia y
apparaît en gros plan et témoigne de la présence de militants
extrémistes armés dans les environs.
Le 5 février, des hommes armés pénètrent dans le village de Léléhoy.
Selon les témoignages de ses proches, ils cherchent nommément Sadou
Yehia. Il est enlevé puis ramené trois jours plus tard dans son
village et exécuté sous les yeux de ses voisins. Dans toute la
sous-région sahélienne, sa mort provoque un mouvement d’indignation
sur les réseaux sociaux. Des messages en rendent France 24
responsable.
A Paris, l’affaire provoque des interrogations dans la rédaction. Les
syndicats demandent des explications à la direction de la chaîne.
France 24 dit dans un long communiqué son émotion, écrivant « nous sommes
profondément atteints par cet assassinat barbare ». Mais
nie en être en quoi que ce soit responsable. La chaîne explique que «
rien
ne permet d’affirmer que le floutage de Sadou Yehia lui aurait
garanti une quelconque sécurité». Elle invoque un
contexte dans lequel les groupes terroristes son mêlés aux
populations et savent parfaitement qui parle à qui. Elle cite les
chiffres de l’ONG Human Right Watch qui a décompté 4000 assassinats
de notables au Mali en 5 ans, et 200 dans les trois derniers mois de
2019. Pour France 24, « l’anonymisation est illusoire »
Ces données sont réelles, ce contexte existe. On ne peut affirmer que
Sadou Yehia a été tué parce que France 24 l’avait mis en lumière ou
dire qu’elle serait complice voire coupable de cette exécution comme
on l’a lu sur les réseaux sociaux. Mais cela n’exonère pas France 24
de sa faute déontologique. Dans ce reportage, des précautions
multiples
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sont
prises pour préserver les témoins. Les militaires français ne sont
désignés que par leur prénom. Ils s’appellent capitaine Quentin,
sergent John, capitaine Julien ou capitaine Romain. Une précaution
qui vise à protéger leurs familles d’actes de terrorisme sur le sol
français - on notera que curieusement l’officier malien interviewé
est désigné par son grade, son prénom et son nom; sa famille aussi
pourtant pourrait être l’objet de vengeances.
Toujours dans ce reportage, l’anonymat d’une
femme filmée sortant de sa case est protégé par le floutage de son
visage. France 24 le justifie par le fait qu’elle est filmée « à son insu
», alors que les notables montrés brièvement un peu plus tard et
surtout Sadou Yehia, interrogé face caméra, savent qu’ils sont filmés
et donc ne sont pas floutés.
Cette distinction est dangereuse. La
responsabilité des journalistes ne s’arrête pas à vérifier que les
personnes filmées ont identifié la caméra. Elle est de protéger les
sources, et notamment les témoins vulnérables.
C’est par exemple s’assurer que son
interlocuteur a compris que ses propos seront rendus public et que
cette diffusion pourrait avoir des conséquences (et ne les publier
qu'avec son consentement éclairé). Et lorsque quelqu’un qui
accepte de témoigner court de ce fait un risque physique grave, le
journaliste doit lui proposer l’anonymat. Changer son nom, et le
dire, ne pas donner d’indications qui permettent de le localiser. Le
filmer en ombre chinoise, ou de dos, ou selon un cadrage qui le rend
impossible à identifier.
Si cela n’est pas fait sur le terrain, la post
production permet à froid de se poser des questions sur la sécurité
de ceux sur lesquels on va attirer l’attention et de les protéger si
cela semble nécessaire, en tout cas d’éviter d’accroître les risques
qu’ils courent. Un principe de précaution existe aussi pour protéger
ses sources.
Au delà même de ces règles, la connaissance
approfondie de la situation dans cette région du Mali que France 24
revendique aurait du conclure à ne pas rajouter de risque aux risques
existants. Certes l’anonymisation n’aurait peut-être pas sauvé Sadou
Yehia. Mais cela aurait placé les notions de responsabilité
éditoriale et de protection des sources au plus haut niveau.
Pierre Ganz
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Chronique de Jean-Claude Allanic :
Des mots problématiques (et une sextape)
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Pourquoi faire
simple quand on peut faire compliqué ?
Entendu
pendant la crise du coronavirus qu'on avait prévu "des activités
occupationnelles" pour les rapatriés de Chine mis en
quarantaine. Comprenez : des "activités" pour les occuper.
Lu aussi ce titre : "la formation des imams au cœur de la
problématique". Voilà un problème bien
"problématique"!
Dans le même ordre
d'idées, j'ai écouté un général parler de la
"permanentisation" de forces armées, ce qui doit être plus
efficace qu'une présence permanente.
Qu'en termes savants, ces choses-là sont dites!
Quand j'ai débuté
dans la presse havraise, mon rédacteur en chef m'obligeait à écrire
des phrases simples. "On n'est pas là pour briller mais pour
être compris par tous les lecteurs" disait-il. Et il
ajoutait que le principal outil du journaliste était un dictionnaire
pour trouver le mot juste.
A force de vouloir
paraître intelligent, on en arrive à écrire des choses
inintelligibles. Comme dans cet article d'un magazine très branché
vantant les mérites d'une nouvelle gamme de produits cosmétiques pour
hommes. On y apprend que ces mâles produits de beauté abandonnent les
"canons excluants et virilistes (…) des storytellings" au
profit "d'une masculinité contemporaine et plurielle (…) avec
une volonté d'inclusivité". En vente en ligne "ou dans les
pop-up stores"!
Je n'ose dire -
formule hypocrite utilisée dans toutes les langues, pour faire
semblant de ne pas oser - que tout cela s'apparente de la
masturbation intellectuelle. Osons donc.
Porté par un
enchaînement d'idées perverses, me vient à l'esprit la
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mésaventure d'un
ancien ministre français dont l'élan électoral parisien fut
"interruptus" après la diffusion d'une "sextape".
J'ai apprécié
l'effort des confrères qui ont évité l'anglicisme et ont parlé
plutôt d'une "vidéo sexuelle". J'ai noté aussi la prudence
oratoire de ceux qui ont préféré l'expression davantage pudique de
"vidéo intime" .
Sexuel ou
intime? Cherchez la différence. Se faire prendre en photo en pyjama
dans sa cuisine est-elle une divulgation de caractère sexuel ou
intime?
Dans cette
histoire de "porn revenge", on attend que les
"Immortels" nous fassent des propositions honnêtes pour une
bonne traduction.
Tout cela de la
faute d'un "artiste" russe Piotr Pavleski dont le titre de
gloire fut, nous disent les médias, de se clouer les testicules sur
la place rouge. L'artiste en question n'étant pas complètement fou,
il a pris garde de ne pas démonétiser ses bijoux de famille. Il ne
s'en est pris qu'à l'emballage, autrement dit le scrotum. Il est vrai
que la différence entre testicules et scrotum n'est pas au programme
des écoles de journalisme.
Certains trouvent
qu'il n'y a pas de mal à se faire plaisir et d'autres qu'il y a du
plaisir à se faire du mal. Fallait-il, pour autant, qualifier notre
homme "d'artiste" ? Des confrères ont préféré le présenter
comme un "performeur".
Le mot semble plus adéquat. Pour m'en assurer, j'en ai cherché la
définition sur internet. Je vous livre celle du dictionnaire en ligne
Reverso : "Artiste qui pratique l'art performance".
Tout est dans tout
et réciproquement !
jcallanic@gmail.com
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Agence de
presse Australienne :
Cessation d'activité
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L’agence de presse australienne mettra fin à
ses activités après 85 ans d'existence. L’Australian Associated
Press (AAP) a fait part de la décision aux 180 travailleurs,
mettant en avant la pression accrue de la concurrence venue de la
part des portails d’information en ligne. L’agence
héberge en outre un réseau d’une cinquantaine de reporters
européens détachés par des agences de presse qui assurent
depuis Sydney leur service de nuit.
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RFI et France 24 :
Premiers médias suivis en Afrique
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RFI et
France 24 confirment, en 2019, leur succès dans les pays d’Afrique
francophone et leurs
positions en tête des classements de notoriété et d’audience, selon
les résultats de l’étude Africascope* 2019 réalisée par Kantar-TNS
dans huit pays, à Abidjan (Côte d’Ivoire), Bamako (Mali),
Brazzaville (Congo), Dakar (Sénégal), Douala et Yaoundé (Cameroun),
Kinshasa (RDC), Libreville (Gabon) et Ouagadougou (Burkina Faso).
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Lancement en septembre :
Un "Netflix" francophone
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Lors de son audition mi-janvier par le CSA,
l’administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, avait
évoqué l’idée de lancer une plateforme de contenus audiovisuels
francophones afin de contrecarrer Netflix. "La
RTBF concrétisera avec d’autres médias de service public
francophones, la mise en place d’une plateforme multinationale sous
la coupole TV5 Monde", lit-on dans le
compte-rendu de cette audition. "La RTBF concrétisera avec
d’autres médias de service public francophones, la mise en place
d’une plateforme multinationale sous la coupole TV5 Monde."
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Les dernières
dépêches seraient publiées le 26 juin. La filiale d’édition
Pagemasters fermera pour sa part le 31 août.
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Dans
les neuf villes, plus d’un habitant sur deux déclare écouter au
moins l’un des deux médias chaque semaine, soit plus de 10 millions
d’individus qui sont fidèles aux médias de France Médias Monde.
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Baptisé TV5 Monde Plus, il sera lancé
en septembre prochain. Il réunira des contenus de chaînes
partenaires de TV5 Monde (RTBF, France Télévisions, RTS , la
SRC (Radio télévision publique canadienne), les chaînes
africaines...
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