Edito
2017 : du pain sur la planche
Jean Kouchner *
Nos vœux pour 2017 iront sans surprise au développement de médias pluralistes et indépendants dans tout l’espace francophone, comme les 45e assises internationales en ont souligné la nécessité à Madagascar fin novembre. C’est une urgente nécessité, parce que, comme nous l’avons souvent dit dans notre lettre, sans cette condition pas de liberté de la presse et par conséquent pas de liberté tout court pour les citoyennes et les citoyens. Nos assises en ont souligné les obstacles, mais aussi esquissé des propositions, des réflexions, pour faire avancer cet objectif. 2017 devrait être une année décisive pour que ces idées deviennent des forces matérielles. Mais si l’on veut voir ce souhait aboutir, il ne suffira pas de vœux, aussi pieux soient-ils ! Il va nous falloir retrousser nos manches, et multiplier les efforts, les démarches… Faire marcher notre capacité d’innovation, de propositions, agir avec toutes les organisations de médias et de journalistes concernées.
Nos actions ne se limiteront pas à cet objectif majeur. Nous ambitionnons aussi d’organiser un nouveau symposium à Marrakech après la tenue dans cette ville de la COP 22 sur le thème : « Médias, environnement et développement durable en Afrique", et nous avons en ligne de mire l’organisation des 46e assises internationales à Conakry en novembre, sur le thème « Journalisme, investigation, transparence ».
Du pain sur la planche ! Mais le développement de l’UPF partout dan le monde francophone, le nombre croissant d’adhérent(e)s, le dynamisme d’un toujours plus grand nombre de sections, le renouvellement des cadres auquel nous assistons un peu partout et qui augure bien de l’avenir sont autant d’atouts pour y parvenir. Nous pouvons donc espérer que 2017 soit un grand cru.
Très bonne année à chacune et chacun de vous, à vos familles et à vos médias. Et très bonne année à l’UPF !
*Secrétaire général international
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On votera en 2017 en France, mais aussi dans plusieurs pays de l’univers francophone, Sénégal, Algérie, Congo, Arménie, Hongrie, Serbie, Liban, pour ne citer que certains scrutins de portée nationale. Le respect des règles déontologiques dans ces périodes est de plus en plus apprécié chronomètre en main, à travers des règlementations sur le temps de parole. Les législateurs les imposent aux médias pour de bonnes raisons. Mais leur application au quotidien n’est pas toujours aisée.
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Au seuil de la nouvelle année, deux associations de défense des journalistes et de la liberté d’informer, la fédération internationale des journalistes (FIJ) et reporters sans frontières (RSF) ont publié les chiffres du nombre de journalistes et de professionnels des médias tués au cours des douze derniers mois.
La FIJ fait état de 93 journalistes et professionnels des médias tués en 2016 lors d’incidents liés à leur travail, soit une vingtaine de moins qu’en 2015. De son côté, RSF indique que 74 journalistes ont été assassinés ou tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2016, contre 101 l’an dernier.
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Le reporter Alain Louyot publie une enquête internationale sur la stratégie des journaux face aux difficultés de la presse.
« The Washington Post », « Der Spiegel », « La Repubblica », « El País »… Ce sont des titres parmi les plus influents de la planète. Ce sont aussi des lieux, des hommes, des histoires, que le journaliste Alain Louyot, dans son dernier ouvrage, décrit en reporter (1). Lauréat du prix Albert-Londres, ancienne plume du « Point », de « L’Express », il est allé dans chacune de ces rédactions, a sondé les équipes sur leurs inquiétudes et leurs stratégies face à un avenir incertain. Son livre propose un tour du monde d’une presse en pleine réinvention.
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La situation des médias et des journalistes en Turquie s’est profondément détériorée en 2016, notamment depuis la tentative de coup d’Etat de juillet dernier. Avec une centaine de collaborateurs de médias emprisonnés, selon Reporters sans frontières, la Turquie est le pays qui affiche le triste record de l’incarcération des journalistes en 2016.
Un journaliste sur trois qui se trouve en détention l’est aujourd’hui dans la Turquie de Recep Tayip Erdogan. Ce qui fait de ce pays « la plus grande prison de journalistes du monde », dit RSF, qui observe que ces détenus sont généralement privés d’avocats et se voient infligés des procès au mépris des droits de la défense.
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Dix jours après la mort en détention du journaliste Mohamed Tamalt, l’organisation publie un rapport alarmant sur les entraves à la liberté d’informer en Algérie.
Pressions politiques et économiques, procédures judiciaires : c’est un tableau inquiétant pour la liberté de la presse en Algérie que l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dressé jeudi 22 décembre à Paris, lors de la présentation de son rapport « Algérie : la main invisible du pouvoir sur lesmédias ». L’organisation passe en revue les obstacles mis au travail des médias dix jours après la mort du journaliste Mohamed Tamalt, qui a constitué un coup de tonnerre.
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En France, la mobilisation en faveur du journaliste Ahmed Abba, le correspondant de RFI en langue haoussa au Cameroun, s’accroît. Notre confrère est en prison depuis près d’un an et demi, il est accusé de complicité de terrorisme. On lui reproche d’avoir été en contact avec des membres de Boko Haram. Depuis, il y a eu plus de dix audiences devant la justice militaire, mais le fond du dossier n’a jamais été abordé et, cette semaine, le procès a été de nouveau reporté. Pour protester, les sociétés de journalistes de plus de quinze grands médias français ont lancé une pétition le jeudi 5 janvier.
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Dans le sillage du pionnier Mediapart, les sites d’info indépendants ("pure players") comme Spicee ou "Les Jours" se multiplient dans le paysage médiatique et séduisent de plus en plus de lecteurs prêts à payer et d’investisseurs.
Leurs points communs : la construction d’une communauté de fidèles autour de choix éditoriaux très marqués, qui les différencient des médias généralistes.
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Le constat est récurrent. Le monde qui se donne à voir dans les médias français est essentiellement masculin. La dernière grande étude sur le sujet ne fait que confirmer cette situation. Malgré une série d’initiatives majeures, par exemple la mise en place du site en ligne des Expertes, les femmes sont toujours aussi « manquantes » dans les médias alors même que la profession journalistique connaît une réelle féminisation (35 923 cartes de presse ont été attribuées en 2015, dont 16 693 à des femmes).
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Sur demande de la section camerounaise de l’Union de la Presse Francophone (UPF), le Programme Forêt du WWF en Afrique Centrale a organisé du 08 au 09 décembre 2016 à l’Hôtel Vallée des Princes de Douala, une formation au profit des journalistes. Objet central de la formation : le reportage sur la gestion durable et la gouvernance forestière.
Forte de son implantation au Cameroun, l’Union de la Presse francophone qui compte plusieurs centaines de membres dans le monde, souhaite contribuer à la sensibilisation des populations sur l’exploitation illégale des forêts et la destruction de l’environnement. Le besoin de formation et d’information sur la gestion durable et la gouvernance forestière est de plus en plus pressant, compte tenu de l’écosystème en pleine dégradation dans les régions aux grands massifs forestiers telles que l’Est, le Sud et le Sud-Ouest du Cameroun.
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2017 pourrait voir l’Allemagne s’attaquer frontalement au phénomène des fausses informations ("fake news") sur les réseaux sociaux. Selon le site Heat Street, qui rapporte les propos du président du groupe parlementaire des sociaux démocrates Thomas Oppermann dans Der Spiegel, le gouvernement songe à faire passer une loi imposant des sanctions financières. En vertu de ce projet, les réseaux sociaux, au premier rang desquels Facebook, se verraient infliger 500 000 euros pour chaque jour de présence d’une fausse information dès lors qu’elle aura été signalée. Les plaintes concernant une fake news pourraient émaner à la fois de sources publiques ou privées.
La loi en question obligerait également les réseaux sociaux à établir une antenne en Allemagne chargée de traiter les demandes de retrait de fausses informations.
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