Vous ne le savez peut-être pas - et moi-même je l’ignorais, c’est dire - Elsa Fayer est, une célébrité de la télévision française. Elle était, récemment, invitée sur Europe 1, pour présenter le concept d’un nouveau programme de « télé réalité » où 21 célibataires doivent se fondre en 10 couples parfaits (et tant pis pour le ou la 21e !).
Elle nous a d’abord expliqué, à nous pauvres auditeurs incultes, qu’il s’agissait d’un « jeu de dating », un peu comme « Bachelor », « une sorte de supermeetic mélangé à un master mind ». Evidemment, « les candidats ne se connaissent pas avant d’entrer dans le game » mais ils sont « tous reçus, au préalable, par un match maker qui est à mi-chemin entre un psychologue et un coach » Pendant le jeu, les candidats ont « une love machine à disposition » qui leur permet de savoir « s’ils matchent parfait ». Le couple est désigné compatible après « un date challenge ».
Le présentateur d’Europe, mon sympathique confrère Philippe Vandel, se posant la question existentielle de savoir si les candidats pouvaient utiliser cette mystérieuse « love machine » pour faire l’amour (il faut savoir poser les bonnes questions journalistiques), réponse de la dame Fayer : « voulez que je spy ? ». Comme si c’était une émission pour voyeurs !
Tout ceci n’est qu’un jeu, nous a-t-elle rassurés. : « On n’est pas dans le speed dating » même si « les candidats sont dans les startings blocks ».
Toutes les phrases citées entre guillemets ont bien été prononcées à l’antenne. Comment dit-on ridicule en anglais ? Cela me fait penser à une pièce jouée, de temps en temps, dans les théâtres anglais : « The Pretentious Young Ladies » by Moliere.
Hélas ! Le mauvais exemple langagier vient, parfois, de très haut. Un autre sympathique confrère (car, par définition, tous les confrères sont sympathiques - sauf certains), Cyprien Cini de RTL, a consacré une de ses chroniques aux envolées lyriques du président Emmanuel Macron comparant la France à « une start up nation ».
On connaissait le Macron qui défendait la francophonie, en octobre dernier, au sommet d’Erevan. Mais quand il rencontre des « geeks », adieu les bonnes résolutions … et le français du chef de l’Etat français devient un charabia où le « tech care », se conjugue « à travers les « civic states », les « green states », les « print states », la « silver économy », le « crowdfunding » et le « job mentoring ». Avec ce slogan en apothéose, qui ne peut être suivi que de la « Marseillaise » : « start up en France, c’est scale up ».
Mon grand âge m’a permis de deviner que la « silver economy » a trait au marché économique des séniors et, grâce à ma toute aussi grande culture, je sais que le « crowdfunding » est un financement participatif et le « job mentoring » est le tutorat ou le parrainage des nouveaux employés. Je sais même qu’une « scale up » est une start up (je devrais dire : « jeune pousse ») qui a grandi très vite. Mais, please, mister Président, au nom de la francophonie, parlez français !