Les reporters sont de plus en plus souvent la cible des dirigeants politiques et de leurs soutiens en période électorale. À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse ce 3 mai, les journalistes du monde entier se mobilisent et publient des conseils pour une couverture sûre et juste des élections.
Dans le cadre de sa campagne, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) met en lumière les abus de pouvoir, la désinformation, les blocages d’Internet, l’autocensure, le harcèlement et la violence – autant de défis auxquels sont confrontés les journalistes qui couvrent les élections.
Cette campagne appelle les gouvernements à garantir aux journalistes un environnement de travail sain afin qu’ils puissent informer avec objectivité, impartialité et équilibre. Elle appelle aussi les politiciens à ne pas stigmatiser les médias.
Les affiliés de la FIJ se sont également engagés activement pour une couverture libre des élections. En Indonésie, l’AJI a soutenu un processus de vérification des faits (fact-checking) pendant les élections du mois d’avril. En Uruguay, l’APU a poussé les médias à signer un Pacte éthique pour lutter contre la désinformation. En Ukraine, le NUJU a appelé les politiciens à endosser une déclaration sur la liberté d’expression. En République démocratique du Congo, en novembre 2018, le SNPP et l’UNPC ont collaboré avec les belges de l’AJP et la FIJ pour former des journalistes dans tout le pays en amont des élections présidentielles.
Cette année, le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse des Nations Unies est : « Les médias pour la démocratie : journalisme et élections à l’heure de la désinformation ». La FIJ souligne les défis qu’affrontent les journalistes en période électorale, mais aussi le besoin d’une couverture large et libre pour permettre aux citoyens à travers le monde de prendre des décisions éclairées.
« Les élections représentent un véritable test pour les démocraties car la volonté des dirigeants politiques au pouvoir comme des candidats de l’opposition de manipuler les médias et de contrôler l’information se manifeste de manière plus intense, commente Philippe Leruth, le président de la FIJ. Trop souvent, les journalistes sont soumis à des pressions très fortes et non nécessaires. Nous appelons les gouvernements à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour permettre aux journalistes de travailler librement. »
La FIJ a réuni une série de témoignages de militants syndicaux à travers le monde, dans des pays qui ont organisé des élections ces derniers mois ou qui en organiseront cette année, et où la couverture électorale est mise en danger par l’autocensure, la désinformation et les attaques contre les journalistes et la liberté d’informer.
Aux Philippines, le président du NUJP (National Union of Journalists of the Philippines) Nonoy Espina souligne la récurrence du harcèlement et des menaces qui mènent de plus en plus de journalistes à l’autocensure. « Cela a tendance à nuire grandement à la qualité de la couverture médiatique, relative au processus électoral comme aux candidats, même si le reportage superficiel reste également un problème pérenne aux Philippines », dit-il.
« Il y a une cacophonie de voix qui crient partout. La désinformation est la menace la plus dangereuse pour les processus électoraux, quelle que soit la qualité du cadre démocratique, et l’Afrique du Sud n’est pas une exception », dit Tuwani Gunami, secrétaire général de la MWASA (Media Workers Association of South Africa).
« Une tendance que nous remarquons, c’est pour les hommes et femmes politiques de réagir aux informations qui ne leur plaisent pas en disqualifiant le travail du/de la journaliste », ajoute Sophie Lejoly, secrétaire générale adjointe de l’AJP (Association des journalistes professionnels) en Belgique.
La FIJ a publié des conseils sur la couverture des élections à l’intention des journalistes du monde entier, couvrant à la fois l’éthique professionnelle et la sécurité.
« Élever les normes du journalisme aux attentes du public en période électorale est plus nécessaire que jamais, dans un contexte actuel où les fausses nouvelles alimentent la désinformation sur des réseaux sociaux de plus en plus influents. Dans le même temps, la couverture d’élections présente des risques pour la sécurité des journalistes et ils doivent être à même de les évaluer, les combattre et les réduire », conclut Philippe Leruth.
La FIJ rappelle que 15 journalistes ont été tués cette année sur leur lieu de travail.
FIJ