Reuters News veut supprimer 30 % de ses effectifs en France
Depuis la cession de 55 % de ses terminaux financiers l'an dernier, Thomson-Reuters a annoncé un plan de réduction de 3.200 postes.
L'agence de presse Reuters envisage de supprimer 26 postes de journalistes dans son bureau français via un plan de départs volontaires, soit environ 30 % de son équipe éditoriale de 84 personnes dans l'Hexagone en comptant la douzaine de pigistes.
Le projet, présenté mercredi aux organisations syndicales, vise un plan de départs volontaires sur 25 postes, le non-remplacement d'un départ à la retraite et la création de 4 postes, a précisé une source syndicale à l'AFP jeudi, confirmant une information du « Monde » . Les employés de l'agence - 91 en tout - craignent que les départs deviennent contraints étant donné les compensations peu généreuses proposées aux partants volontaires. « C'est une base de négociations, mais n'est proposé que 0,75 mois de salaire par année d'ancienneté », dit une source syndicale.
Montée en puissance de Gdynia et de Bangalore
Reuters semble vouloir supprimer en France le desk qui retravaille les dépêches en anglais pour les présenter en français, ainsi que le pôle macro-marché qui produit des dépêches en français. Devraient également être supprimés 3 postes de rédacteurs en chef : pour la France, les entreprises en France et l'information générale en France. Les 59 journalistes restants seront répartis en trois pôles comprenant des francophones et des anglophones : un pour les entreprises, un pour l'information générale et le dernier - le « hub » - pour les alertes et les brèves. Les futurs dirigeants de ces pôles font partie des 4 postes créés.
Il ne s'agit pas de supprimer Reuters en français. Mais les élus craignent que les contenus francophones proviennent de plus en plus de Bangalore en Inde et de Gdynia en Pologne, où des journalistes francophones ont été embauchés. Et que la traduction automatique soit privilégiée.
« Nous nous attendions à une coupe de 10 % des effectifs comme en Allemagne, dit un élu du personnel parisien. L'ambiance est à l'abattement. » Les négociations (période d'information-consultation) devraient débuter le 11 mars.
L'agence de presse de Thomson-Reuters a déjà annoncé la suppression de nombreux postes en Europe (16 postes en Italie, 10 en Allemagne, la fusion des bureaux portugais et espagnol, des suppressions de postes à Londres...). Au total, le groupe de médias et services américano-canadien souhaite supprimer d'ici deux ans 3.200 emplois (environ 12 % des effectifs) dans le cadre d'un plan de restructuration entraînant la fermeture de 30 % de ses bureaux dans le monde, pour arriver à une présence dans 133 villes en 2020 contre plus de 200 aujourd'hui.
Cession des terminaux
Le groupe a cédé l'an dernier à Blackstone 55 % de sa division Financial and Risk, qui comprend les terminaux financiers et les données de marché qui les alimentent, afin de se réorienter vers le conseil juridique et fiscal en conservant l'information. Dans le cadre de cette transaction, Blackstone a promis de verser chaque année, et durant trente ans, 325 millions de dollars à Reuters News, qui lui fournira en échange ses informations.
Reuters News est l'une des grandes agences de presse mondiales, aux côtés de l'Agence France-Presse (AFP) et de l'Américaine Associated Press (AP). Ces médias alimentent en informations leurs clients - journaux, magazines, télévisions, radios - qui sont affectés par l'érosion du lectorat et la chute des revenus publicitaires. L'autre grande agence internationale est Bloomberg, toujours entièrement intégrée aux activités de marchés financiers de l'entreprise américaine. L'AFP prévoit de son côté la suppression nette de 95 postes sur cinq ans dans le cadre d'un « plan de transformation » qui vise à ramener le résultat net de l'entreprise à l'équilibre en 2021.
Source : Les Echos