Actes d'intimidations, meurtres impunis, détentions arbitraires: le Conseil de l'Europe s'inquiète des attaques de plus en plus fréquentes contre la liberté de la presse en Europe.
"La liberté d'expression est cruciale à la réalisation de tous les autres droits humains et mérite la plus grande attention de nos États membres", a déclaré, mardi 12 février, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland. Des "actions politiques fortes" sont nécessaires pour "améliorer l'état de la liberté de la presse", a estimé le secrétaire général après la publication d'un rapport de douze organisations partenaires du Conseil, dont Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), portant sur les "menaces et les attaques contre la liberté de la presse en Europe". "La liberté de la presse en Europe est plus fragile maintenant qu'à n'importe quel moment depuis la fin de la Guerre froide", relèvent ces organisations dans leur rapport.
En Europe, 140 "violations sérieuses" de la liberté de la presse ont été dénombrées en 2018 dans 32 des 47 États membres du Conseil, note le rapport qui cite par exemple une attaque à la voiture piégée contre un journaliste au Monténégro, une attaque au couteau contre un autre à Milan et une tentative d'incendie au sein d'une rédaction en Ukraine. "Au moins deux journalistes ont été assassinés en 2018 à cause de leur travail", relève le rapport: le journaliste d'investigation slovaque Jan Kuciak, abattu à son domicile, et le Saoudien Jamal Khashoggi, tué au consulat du royaume saoudien à Istanbul.
Pour deux autres morts suspectes, les organisations partenaires font part de "doutes" quant à l'exhaustivité des enquêtes des autorités. L'une d'elles concerne la journaliste de télévision bulgare Viktoria Marinova, qui a été violée et assassinée dans son pays en octobre. Le deuxième cas concerne le journaliste d'investigation russe Maksim Borodin, décédé en avril dernier après être tombé de son balcon. "Un climat d'impunité a commencé à prendre pied dans une partie de l'Europe", s'inquiètent les organisations partenaires. Le rapport épingle notamment la Russie, l'Ukraine, la Turquie, plusieurs pays des Balkans et l'Azerbaïdjan pour ne pas avoir élucidé le meurtre d'au moins 17 journalistes depuis le début des années 1990.
Fin 2018, 130 journalistes étaient détenus dans les États membres du Conseil de l'Europe, dont 110 rien qu'en Turquie, un record mondial pour ce pays méditerranéen, selon le rapport.
Le Figaro.fr avec AFP