La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et ses affiliés, l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et le Syndicat national des professionnels de la presse (SNPP) condamnent fermement les attaques contre la presse et l’emprisonnement de plusieurs journalistes en République démocratique du Congo (RDC) ces dernières semaines. La FIJ exige du gouvernement le respect de la liberté d’expression.
Peter Tiani est le directeur du magazine d’informations télévision « Le vrai Journal », en République démocratique du Congo. Il est accusé de «diffamation, calomnie et imputations dommageables » à l’encontre de la famille du Premier ministre Bruno Tshibala. Il lui est reproché d’avoir relayé une information du site scooprdc.net évoquant le vol, à la résidence de ce dernier, de 400.000 dollars américains. Dans cet article, un des fils du Premier ministre est accusé d’avoir soustrait la somme d’argent.
Le journaliste a été interpellé dans les locaux de sa rédaction, il y a trois semaines, samedi 7 novembre, par quatre agents de sécurité. Il a ensuite été conduit successivement au commissariat de police du district de la Funa, avant d’être transféré, quelques heures plus tard, à la prison centrale de Makala, où il se trouve toujours à ce jour.
Dans un communiqué de notre affilié le samedi 24 novembre, le président de l’UNPC, Kashonga Tshilunde a déclaré : “Au lieu de démentir, si nécessaire, ce fait divers, ou d'accuser le journaliste à la Commission de discipline de l'UNPC, Bruno Tshibala a préféré abuser de son pouvoir pour mettre en prison Peter Tiani. Aucune des promesses faites de le faire libérer n'a été respectée. Nous réitérons notre demande de libération de notre confrère en cette période électorale.”
Plusieurs rassemblements de soutien au journaliste ont été organisés. Le 9 novembre, une dizaine de confrères avaient organisé une marche dans le centre de la capitale (jusqu’aux portes du parquet général) pour demander la libération de Peter Tiani et la fin de la chasse aux journalistes par le gouvernement. Un autre rassemblement s’est tenu vendredi 23 novembre, réitérant ces demandes.
Philippe Leruth, président de la FIJ a déclaré : “Si un journaliste diffuse une information erronée, la procédure la plus courante est de lui demander de rectifier cette information, comme son code de déontologie le lui impose. Et, en cas de refus, de saisir une instance disciplinaire ou déontologique. Emprisonner un journaliste est une mesure inacceptable, tout à fait contraire à la liberté d'expression et à la liberté de la presse, et, dans le même temps inquiétante dans le climat pré-électoral en République démocratique du Congo. La FIJ réclame donc la remise en liberté immédiate et inconditionnelle de Peter Tiani”.
À l’approche de l’élection présidentielle qui se tiendra le 23 décembre 2018, le contexte politique en République démocratique du Congo se tend et la situation déjà critique pour les journalistes s’empire. Les médias et journalistes subissent pressions et intimidations lorsqu’ils expriment ou relaient des voix dissidentes au gouvernement en place.
Le 19 octobre, le journaliste Franck Elameji, ancien journaliste de la Radio télévision Kindu Maniema (RTKM) a été condamné en appel à 5 ans de prison, peine aggravée par rapport à sa condamnation à 6 mois de prison en première instance, pour imputations dommageables à l'endroit du sénateur Ngongo Luwowo. Le 24 octobre, c’est la journaliste Sylvanie Kiaku, directrice de l’hebdomadaire La Percée, qui a été arrêtée puis détenue plus de 9 jours en prison, poursuivie pour diffamation par le directeur général de la Banque commerciale du Congo (BCDC). Remise en liberté conditionnelle par le Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe, elle attend aujourd’hui son procès.
Rappelons également que depuis le début de l’année, les violences à l’encontre de la presse se multiplient, plusieurs journalistes ont notamment été kidnappés et agressés.
Stanis Nkundiye, Secrétaire général du SNPP estime “qu’aujourd'hui comme hier, les puissants dictent la loi à une justice congolaise instrumentalisée. Nous rappelons à ces juges et à tous les prédateurs de la liberté de la presse qu’emprisonner un journaliste, c'est priver les citoyens congolais d’un droit fondamental, qui est celui d’être bien informé. Aussi appelons les juges à constater que les journalistes incriminés n'ont fait que leur devoir d'informer la population. Nous exigeons leur acquittement pur et simple en cette période où la RDC est engagée dans un processus électoral voulu, transparent et... apaisé”.
Source : FIJ