La République du Mali connait des rébellions cycliques, depuis les premières années de son indépendance jusqu’en 2012. Après celles de 1963-1964, de 1990-1991 et de 2006, le pays connaitra en 2012 une rébellion qui a failli détruire les fondements de la Nation malienne. Pour mettre fin à cette rébellion sécessionniste et avec le concours de la communauté internationale, les plus hautes autorités du pays et les groupes armés signaient à Bamako le 15 mai 2015 l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, parachevé le 20 juin de la même année. Aujourd’hui, plus de deux ans après la signature, en grande pompe du document, la Paix et la Réconciliation escomptées entre les fils du pays ne sont toujours pas au rendez-vous. Tous les acteurs maliens et ceux de la communauté internationale doivent chacun jouer sa partition. La presse, qui est toujours au-devant de la scène, doit jouer pleinement son rôle pour un vrai vivre-ensemble entre Maliens.
Plus que tout autre corps de la société, les médias ont un rôle particulier à jouer dans un processus de paix et de réconciliation. En effet, la presse joue un rôle primordial dans la construction de l’espace public et donc dans l’établissement de conditions propices à l’expression démocratique et au bon fonctionnement des institutions publiques et des organes politiques. Dans tout pays, mais encore dans un pays qui sort d’une crise, aussi profonde que celle qu’a connue le Mali, les médias ont une responsabilité directe dans les processus de paix et de réconciliation. Au Mali, pour la mise en œuvre de l’accord de paix signé le 15 juin 2015 et parachevé le 20 juin de la même année, il revient, en effet, aux médias de continuer le travail d’explication et d’interprétation, en donnant, souvent, la parole à des experts en la matière. Et cela afin que toutes les composantes de la société puissent comprendre le contenu de l’accord.
La presse doit ainsi aider les Maliens à panser les plaies et organiser le vivre-ensemble. Car, l’accord de paix n’aura de valeur que lorsque les Maliens se tourneront résolument vers l’avenir en se pardonnant, en s’acceptant mutuellement pour l’avenir. Les journalistes maliens doivent prendre conscience de leurs responsabilités dans ce processus de paix et de réconciliation tout en respectant les règles d’éthique et de déontologie qui s’imposent à la profession.
Les médias maliens peuvent suivre l’exemple de la radio Okapi au Congo. Selon nos sources, la Radio Okapi, mise en place par la MONUC sur l’ensemble du territoire congolais, avec quelques 80 congolais et 9 stations locales, a accompagné la Transition vers l’unité et la démocratie au Congo. Et cela en offrant aux auditeurs un regard clair sur les processus de paix et en particulier dans la mise en place des institutions et l’organisation des élections.
Avec la rigueur de l’information, tout en respectant leurs principes éditoriaux, les médias maliens doivent travailler à la reconstitution de l’unité nationale, dans le respect, entre autres, de la diversité culturelle, linguistique, politique et des diverses entités géographiques.
Ainsi, selon la communication de Hervé Bourges, anicien président de l’Union internationale de la Presse francophone (UPF), lors d’un séminaire, en 2004, sur la gestion de la Transition en République démocratique du Congo, «la presse écrite et en ligne, la radio et la télévision sont de puissants vecteurs d’influence. Pour lui, «dans un processus de recomposition nationale et de reconstruction de l’unité démocratique d’une nation, il n’y a pas de place pour des discours extrêmes appelant à la haine, à l’exclusion voire au meurtre». C’est dans cette optique que la presse malienne, dans son ensemble, doit œuvrer en faveur de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Car, nous disons avec Hervé Bourges que, l’information est la meilleure des armes contre la guerre, mais la désinformation ou la propagande peuvent également être des facteurs de haine et de division.
Dieudonné Tembely