Les instances chargées du contrôle de l'audiovisuel et des élections en Tunisie ont décidé d'interdire à trois médias émettant illégalement de couvrir la campagne électorale, dont la chaîne privée Nessma TV fondée par le candidat à la présidentielle Nabil Karoui.
La décision, prise conjointement mercredi 21 août par la Haute autorité de contrôle de l'audiovisuel (Haica) et l'Instance indépendante chargée des élections (Isie), concerne les chaînes de télévision Nessma TV, Zitouna et la radio Quran, a annoncé à l'AFP Nouri Lajmi, président de la Haica. «Il n'est pas permis aux candidats à la présidentielle» anticipée du 15 septembre de «mener leurs campagnes électorales à travers ces chaînes qui ne disposent pas de licence et émettent illégalement», a affirmé Nouri Lajmi.
Créée en 2012 pour réformer le paysage audiovisuel tunisien, la Haica est en guerre depuis des mois pour imposer la loi à ces trois médias. Nessma TV, l'une des principales chaînes du pays, fait l'objet depuis octobre 2018 d'une interdiction de diffusion émanant de la Haica mais elle n'obtempère pas et continue la diffusion de ses programmes.
Influence sur «les organes de l'Etat»
La Haica accuse notamment Nessma TV de «se positionner afin d'influencer les organes de l'Etat» et lui reproche de ne pas avoir divulgué l'identité de ses actionnaires, dont ferait partie l'Italien Silvio Berlusconi. Elle a fait saisir en avril les équipements de la chaîne. Son fondateur Nabil Karoui, l'un des principaux candidats à la présidentielle, inculpé début juillet pour blanchiment d'argent, se dit ciblé par «des tentatives pour remettre en cause sa popularité croissante».
La chaîne Zitouna TV, proche du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, et la radio Quran, manquent de transparence sur leur financement, d'autant qu'elles n'ont pas de recettes publicitaires, estime aussi la Haica. Le soulèvement populaire de 2011, qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, a libéré des médias jusque-là largement muselés. La campagne électorale se déroule du 2 au 13 septembre. Prévue en fin d'année, la présidentielle a été avancée à la suite du décès le 25 juillet du chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi à l'âge de 92 ans.
Source : Le Figaro avec AFP