La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a publié aujourd'hui son rapport annuel complet sur les journalistes et les professionnels des médias tués en 2017. Il détaille les assassinats de 82 journalistes et professionnels des médias figurant sur la liste publiée le 31 décembre 2017.
Les témoignages et les tragédies présentées dans le rapport révèlent que bien qu'il y ait de nombreuses raisons de se réjouir que le nombre de décès de journalistes survenus dans le cadre de leur travail soit tombé à son niveau le plus bas en dix ans, le nombre de morts demeure inacceptable.
"La liste des tragédies et des pertes présentée dans ces rapports annuels est dévastatrice pour la communauté des journalistes", a déclaré le Secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger. "Cependant, le meilleur hommage que nous puissions rendre aux victimes est de se mobiliser sans relâche et de travailler inlassablement pour éradiquer l'ombre de l'impunité qui plane sur le journalisme depuis trop longtemps."
Dans de nombreux pays, le journalisme reste une profession extrêmement périlleuse, notamment en Afghanistan, qui a enregistré le plus grand nombre d'attentats suicides et au Mexique, avec un nombre record d'assassinats ciblés (13), pour la plupart causés par la corruption locale et la connivence entre le crime organisé, les trafiquants de drogue et les autorités locales.
Le rapport met en exergue des menaces urgentes pour la sécurité des journalistes à travers le monde. Elles incluent l'opposition aux médias en tant que pilier essentiel de la démocratie dans certaines régions d’Afrique, l'incapacité de certains pays européens à traduire en justice ceux qui tuent des journalistes,, le règne de la terreur imposé par le crime organisé en Amérique latine, les attaques terroristes en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient et dans le monde arabe et la violence sur les lignes de front dans cette dernière région.
Il propose également des initiatives proactives de la FIJ et de ses affiliés démontrant leur détermination à travailler ensemble pour le changement. La FIJ propose notamment une nouvelle convention internationale sur la sécurité et l'indépendance des journalistes et autres professionnels des médias, qui sera proposée aux membres des Nations Unies pour adoption. La convention vise à fournir les moyens de faire respecter les lois existantes et de demander des comptes à ceux qui s’attaquent aux journalistes.
D'autres initiatives concernent la lutte contre la crise sécuritaire des médias dans la région Asie-Pacifique, où des affiliés de la FIJ au Népal (FNJ) et aux Philippines (NUJP) ont mis en place des réseaux efficaces de surveillance des médias afin de surveiller la situation et continuer à faire pression pour obtenir un changement significatif. En Irak, un comité national sur la sécurité des journalistes et l'impunité a été créé à la suite d'une campagne menée par le Syndicat des journalistes iraquiens (IJS), qui a coordonné le processus et organisé plusieurs réunions.
«Grâce à ce rapport approfondi, la FIJ rend hommage à tous nos courageux collègues qui, l'an dernier, ont payé le prix ultime pour avoir révélé la vérité. La FIJ et ses affiliés dans le monde entier continuent de se battre et de développer de nouvelles idées et initiatives afin de mettre fin à la crise de la sécurité dans les médias, en construisant des syndicats plus forts pour protéger les journalistes et les professionnels des médias. Beaucoup de choses ont été faites mais aujourd'hui nous n'oublions pas les défis continus auxquels nous devons faire face au sein de la profession en termes de sécurité et de droit du travail, notamment en luttant contre l'impunité scandaleuse qui protège les assassins des journalistes», a ajouté le Président de la FIJ, Philippe Leruth.
* Sur la photo : une journaliste manifeste à Mexico en juin, un mois après l'assassinat de son collègue Javier Valdez, considéré comme un expert des cartels de la drogue dans le pays.
Crédit photo : AFP/Getty images/ PEDRO PARDO