L'Initiative des médias d’Afrique (Ami) vient de publier à Nairobi une étude sur la couverture médiatique de l’Afrique. Dans ce rapport, l’Ami a révélé que les médias africains proposent très peu de reportages transfrontaliers, ce qui a pour corollaire une connaissance limitée du continent par les Africains.
Selon l’étude intitulée « Reporting Africa » (couverture médiatique de l’Afrique), la plupart des informations sur l'Afrique proviennent de sources extérieures au continent et elles déterminent, en fin de compte, ce que l'on a appelé « le discours sur l’Afrique ».
« L’étude cherchait à comprendre les thèmes dominants de l’actualité et s'il y a des dialogues convaincants qui font l’objet de reportages et qui peuvent collectivement définir le discours sur l'Afrique. Elle s’est appuyée sur des données empiriques glanées à partir des reportages publiés dans toute la région et des réponses fournies, par les rédacteurs en chef, à une série de questions posées par Ami », a renseigné le rapport. Aussi, l’étude visait non seulement à approfondir la compréhension globale des éléments qui sous-tendent la couverture médiatique à l'intérieur et au-delà des frontières nationales, mais aussi à éclairer les choix éditoriaux et à façonner les perceptions locales et régionales du continent.
Finalement, elle a mis en évidence le fait que les faibles investissements dans les médias et les capacités professionnelles limitées dans de nombreux pays avaient entraîné une dépendance persistante aux sources d’information étrangères, ce qui a limité l'intérêt des journaux africains pour les sujets qui enrichissent l’agenda africain et mettent l’accent sur les expériences partagées.
Selon l'étude, les dirigeants des médias estiment que les lecteurs et les publics préfèrent des histoires intéressantes qui, dans le contexte africain, signifient, selon l'un des répondants, « des récits intrigants d'échec et de défaite contre les forces de la nature ».
« Si nous voulons réinventer l'image de l'Afrique et changer le récit, nous devrons trouver des moyens novateurs pour augmenter considérablement les investissements dans les médias et utiliser la technologie pour alimenter le contenu des médias au-delà des frontières en Afrique. Il doit y avoir un véritable effort local visant à définir et à façonner le récit d'une manière qui reflète la diversité des voix et des images d'un continent en mouvement », a indiqué Eric Chinje, l’un des co-auteurs du rapport.
Rôle émergent des réseaux sociaux
A l'en croire, une réunion importante des chefs d'État et de gouvernement a eu lieu au cours de la période de l’étude. Mais, aucun des points à l'ordre du jour de la réunion n'a été couvert à l'échelle du continent ou dans un groupe significatif de pays. En fait, les médias n’ont pas su être une source fiable d'informations ou de connaissances sur l'Union africaine et l'Institution panafricaine qui a accueilli l'événement.
Les réseaux sociaux sont également responsables de la redéfinition du rôle et de la portée des médias dans la société. « Les blogueurs sont devenus une nouvelle classe de célébrités médiatiques. Les Africains seraient parmi les premiers utilisateurs mondiaux de Facebook et de l'application WhatsApp.
Grâce à la capacité de produire et de diffuser du contenu, bien que limités à un public restreint, les réseaux sociaux comblent des lacunes, dans les secteurs d’information laissées par les médias traditionnels en proie à un déficit de capacités et de ressources », a indiqué l’Ami dans son rapport.
L'Initiative des médias d’Afrique (Ami) est une organisation panafricaine ayant pour but de renforcer les médias privés et indépendants du continent, en mettant l’accent sur les propriétaires et les gestionnaires, afin de promouvoir la gouvernance démocratique, le développement social et la croissance économique.
Maguette Guèye DIEDHIOU
Source : Le Soleil