Le peuple suisse a été appelé aux urnes le 4 mars dernier. Il devait se prononcer sur une initiative populaire qui demandait la suppression des redevances * radio et télévision. L'enjeu : le montant équivalent à 1,1 milliard d'euros en 2016 dont la plus grande partie, soit 1,04 milliard d'euros versés à la Société suisse de radio-télévision. Le reste étant partagé entre les autres diffuseurs au bénéfice d'une concession. Sont concernées 21 radios locales et 13 télévisions régionales.
Si le peuple souverain avait accepté l'initiative appelée « No billag », la Confédération n'aurait plus pu aider financièrement les radios et télévisions qui vivent dans une large mesure grâce à l'argent public. Les groupes médias étrangers, notamment allemands et français, auraient ainsi pu s'approprier les marchés juteux de la publicité sans avoir à produire des contenus suisses. Pour les syndicats et organisations professionnelles, « No Billag » mettait en danger le journalisme, l'audiovisuel et même la démocratie helvétique puisqu' elle représentait un danger pour la cohésion nationale et les quatre langues officiellement reconnues dans le pays. Quelque 13.000 places de travail étaient concernées. La campagne a été autant virulente qu'émotionnelle. Les ayants droit se sont finalement prononcés largement en faveur du service public. Ils ont rejeté l'initiative par 71,6 % Presse écrite frustrée Cette bataille étant gagnée, une autre se profile déjà dans le monde de la presse. Car les actuelles règles démocratiques d'aides aux médias ne sont pas équitables. Les radios et télévisions pourront à l'avenir continuer de profiter de l'argent public. Or dans leur panel d'activités, radios et télévisions proposent gratuitement des contenus écrits en ligne. Alors que la presse écrite ne reçoit aucun argent de la redevance. Des voix s'élèvent pour demander aux autorités helvétiques de mettre sur un pied d'égalité tous les acteurs qui contribuent au service public. Les éditeurs de journaux, obligés de vendre leurs produits pour financer leurs activités, vont réclamer leur part du gâteau. Jean-Pierre Molliet, président de la section suisse *La redevance perçue auprès de tous les ménages est l'équivalent de 380 euros par année.