Il l'accuse d'avoir manqué à ses promesses. La menace de grève plane toujours
À l’aube des élections, la liberté de la presse semble piétinée. C’est ce qu’a estimé le président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) lors d’une conférence de presse, tenue ce mardi 26 février 2019 et réunissant les organismes représentatifs du secteur des médias en Tunisie.
Manque de crédibilité, absence de visibilité, crise financière accrue, otage de différends politiques... la situation du secteur médiatique est de plus en plus dramatique. “C’est inquiétant” dit-il en ajoutant que les médias publics qui tentent péniblement de remonter la pente sont encore au fond du gouffre.
Même l’accord-cadre entre le gouvernement et le SNJT qui fait office de “lueur d’espoir” semble être oublié dans les tiroirs du parlement. Ce projet révolutionnaire qui envisage de réformer le secteur et améliorer la situation des journalistes tarde à voir le jour. “Cet accord-cadre n’est pas encore publié dans le JORT” regrette-t-il.
Tourmenté, Bghouri dénonce le blocage du processus d’activation de cette convention signée au mois de janvier dernier, par la partie gouvernementale et les syndicats du secteur. Il a accuse formellement le ministre des Affaires sociales d’avoir confisqué et entravé l’accord entre les deux parties.
Le président du SNJT a exprimé son étonnement de voir le gouvernement, en tant que principal signataire de l’accord, manquer à ses promesses. “Le Chef du gouvernement doit assumer ses responsabilités” lance-t-il.
Dressant un tableau très sombre de la situation médiatique en Tunisie et manifestant sa crainte de voir le secteur se soumettre aux pressions politiques, Néji Bghouri a annoncé la possibilité de recourir à la grève générale dans le secteur. “Tous les scénarios sont possibles” note-t-il en précisant que la grève générale du 14 janvier dernier annoncée par le syndicat a été suspendue et non pas annulée.
Il a rappelé que la grève prévue a été suspendue au lendemain de la signature, le 9 janvier dernier, d’un accord-cadre entre le gouvernement et le SNJT.
Selon lui, le bureau élargi du syndicat devrait se réunir, la semaine prochaine, pour définir les prochaines étapes à entretenir.
Même son de cloche pour Taïeb Zahar, Président de la Fédération tunisienne des directeurs de Journaux (FTDJ), qui a, à son tour, dévoilé les difficultés auxquelles font face les journaux et les sites d’information tunisiens. Il a estimé que la presse écrite et électronique est lourdement frappée par la crise. De nombreux journaux, sous les feux croisés de plusieurs crises, notamment financière, se trouvent sur le point de mettre la clé sous la porte, explique-t-il.
De son côté, le président de la chambre nationale syndicale des chaines de télé privées, Lassaad Khedher, a pointé du doigt la situation catastrophique des télévisions privées. Il a fait savoir que quatre chaînes de télé privés sont menacées de fermeture. “L’Etat doit agir” note-t-il en appelant le gouvernement à alléger les coûts de diffusion et modifier l’échelonnement des dettes.
Des solutions qui selon lui s’imposent pour sauver le secteur qui s’engage à son tour à lutter contre la médiocrité et à présenter un contenu à la hauteur des attentes des Tunisiens.
Source : Huffpostmaghreb