Un rappel : les 23 cantons qui composent la Confédération suisse (dont 15 exclusivement alémaniques, 4 francophones, 3 bilingues, 1 italophone) disposent d'un gouvernement et d'un parlement. Ces cantons qui sont autant de circonscriptions politiques possèdent leur propre administration. Ceci pour dire qu'il y a autant de services de l'éducation et de l'enseignement en Helvétie qu'il y a de cantons. L'enseignement relève donc de la compétence des cantons. Depuis quelques années, un vent de fronde souffle de la Suisse alémanique, des cantons s'opposant à l'enseignement de deux langues étrangères à l'école primaire. Ils œuvrent à n'en garder qu'une pour faire passer le français à la trappe au profit de l'anglais.
L'enseignement des langues, combien et lesquelles, alimente les débats politiques depuis plusieurs années dans la partie de la Suisse qui parle l'allemand. Jusqu'à présent, toutes les tentatives de supprimer l'enseignement du français au profit de l'anglais à l'école primaire ont échoué dans les parlements ou lors de votations populaires, que ce soit à Lucerne, en Thurgovie, à Zurich et Nidwald.
L'association suisse des journalistes francophones ne cesse d'exprimer sa profonde préoccupation face aux attaques contre une langue officielle inscrite comme telle dans la constitution. Les Suisses francophones sont en droit d'attendre de leurs compatriotes un minimum de respect et de réciprocité dans l'apprentissage de leur idiome.
Les dernières informations tendent à démontrer que le fossé des langues, heureusement, ne se creuse pas davantage. Le 28 mars dernier, le parlement du canton alémanique de Zoug a refusé par 48 voix contre 20 une motion demandant de supprimer la langue de Molière de l'enseignement primaire.
Cette dernière consultation populaire n'est qu'une nouvelle étape de l'épreuve de force lancée par des chefs de file populistes alémaniques. De tels affronts faits à la minorité francophone mettent en péril la cohésion nationale.
Jean-Pierre Molliet
Président de l'UPF-Suisse