L’organe de régulation des médias au Gabon doit abandonner la suspension infligée aux hebdomadaires Échos du Nord et Aube. C’est le plaidoyer de l’ONG Comité pour la protection de journalistes (CPJ) qui dénonce une « volonté de censurer les médias ».
Il s’agit des hebdomadaires Échos du Nord et Aube. Le premier a écopé le 20 mars dernier d’une interdiction de parution de quatre mois suite à une plainte en « diffamation » introduite à la Haute autorité de la communication (HAC) par Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la cour constitutionnelle.
C‘était la quatrième suspension depuis sa création l’année dernière. Une sanction imputable à un article publié le 4 février dernier sous le titre « Une stratégie d’accaparement du pouvoir : Mborantsuo veut virer les corps habillés ». Un texte jugé « outrancièrement acrimonieux », « vindicatif », « calomnieux » et « contraire à la déontologie journalistique ».
« Échos du Nord méconnaît volontairement les dispositions légales relatives au pouvoir de nomination des personnels civils et militaires de l’État dévolus au seul président de la République », avait notifié la HAC. Laquelle estimait que « l’article regorge de propos et insinuations suspicieux, tendancieux frisant l’acharnement et la calomnie. Des propos de nature à écorner l’image et la réputation de Mme Mborantsuo ».
Quelques semaines plus tard, le tour revenait à l’Aube, de subir la rigueur de la HAC. Dans une ordonnance rendue publique le 10 avril, l’organe de régulation de la liberté de la presse au Gabon suspendait pour six mois, l’hebdomadaire du groupe de presse Oloumambe à cause de deux articles jugés diffamatoires.
Le premier article en cause, c’est une interview publiée le 25 mars sous le titre « Le fondateur d’Échos du Nord parle ». Selon la HAC citée par le site gabonreview, « cette interview constitue une apologie de l’injure à son endroit, mais également envers ses membres, les qualifiant de sicaires, larbins et bien d’autres expressions et acronymes péjoratifs et sarcastiques ».
« Liberté d’informer sans crainte »
Autre publication incriminée : l’interview intitulée « Limogé vendredi dernier en Conseil des ministres, Maixent Accrombessi parle d’un soulagement ». Ce qui avait poussé l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo de porter plainte pour diffamation auprès de la HAC.
Pour le « gendarme des médias » au Gabon, l’Aube avait violé les articles 44 et 87 du Code de la Communication. « Suite au développement de ce titre en page 3 sous la plume du journaliste Ambroise Reteno, le journal L’Aube va prêter ces écrits à monsieur Accrombessi prétendant que ce dernier lui a accordé une interview », avait encore notifié la HAC.
Parue le 1er avril, la fausse interview attribuée à Acrombessi « n‘était qu’un poisson d’avril », expliquera plus tard l’organe. Insuffisant pour faire fléchir la HAC qui n’a pas eu d’autres options que d’infliger six mois de suspension. Échos du Nord et Aube ont donc subi « la rigueur de la loi », d’après un membre de la HAC.
Et pourtant,…« Les journalistes doivent être libres de transmettre des informations au public sous la forme qui leur convient, sans crainte », estime Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
« Les suspensions des journaux L’Aube et Echos du Nord par l’autorité de régulation des médias du Gabon envoient à tous les journalistes un message alarmant : toute publication mettant en cause de hautes personnalités doit faire l’objet de censure. C’est une forme d’intimidation », poursuit Mme Quintal.
L’ONG de défense des droits des journalistes basée aux États-Unis demande ainsi aux autorités gabonaises de procéder à la levée de ces sanctions à l’encontre des deux organes de presse.
Reste à savoir si Libreville répondra favorablement à cette doléance.
Source : Africa News