La liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas

déc 22, 2015

Il ne se passe pas de semaine sans que des informations nous parviennent à propos "d'atteintes" à la liberté de la presse au sein de l'espace francophone. Journalistes arrêtés ou poursuivis, journaux suspendus, émissions télévisées censurées... Cela nécessite de garder la tête froide et de prendre un peu de recul.
Si l'on considère les 20 ou 30 dernières années, la liberté de la presse gagne du terrain partout au sein de la francophonie. Certes, il y a des contre tendances, qui doivent être dénoncées. Mais nous sommes plutôt en progrès.
De plus en plus de pays ont voté une loi portant suppression des peines privatives de libertés pour les délits de presse. Tous ne l'ont pas toujours appliquée de façon constante, mais là encore, c'est bien d'un progrès qu'il s'agit.
Ne soyons pas angéliques : aucune atteinte à la liberté de la presse ne doit être laissée de côté. Mais prenons garde, nous journalistes, nous éditeurs de médias, à ne pas confondre liberté de la presse et calomnie. Le mensonge délibéré imprimé pour servir une cause n'a rien à voir avec la liberté des médias. Pour autant nous pensons qu'il doit faire l'objet de poursuites dans le cadre judiciaire et non d'une décision arbitraire d'interdiction d'éditer ou d'emprisonnement.
L'arsenal juridique est suffisant pour protéger le citoyen d'excès n'ayant rien à voir avec la déontologie des journalistes et des médias.
La démocratie est suffisamment forte pour résister à quelques excès de langage, voire à quelques mensonges. Mieux : elle s'enrichit de sa capacité à respecter ses propres règles.
A l'UPF, nous sommes attentifs au respect de la liberté des médias.
C'est pourquoi nous ne faisons aucune concession aux prédateurs de la liberté, et c'est pourquoi nous encourageons et encouragerons tout progrès de la liberté des médias et de la déontologie.

Jean Kouchner
Secrétaire général international