Mobilisation pour la libération d’Olivier Dubois, otage au Mali depuis un an
La famille du reporter veut « faire du bruit » pour sensibiliser le public, tandis que 42 sociétés de journalistes ont publié une lettre ouverte pour plaider sa cause.
Seul otage français recensé dans le monde, le journaliste Olivier Dubois, collaborateur du quotidien Libération, est retenu par un groupe djihadiste au Mali depuis un an et ses proches veulent « faire du bruit » pour cet anniversaire. « Nous sommes en plein stress depuis un an, mais nous gardons de l’énergie pour aider Olivier en faisant du bruit et en parlant de lui », dit à l’AFP sa sœur, Canèle Bernard, avant cet anniversaire, vendredi 8 avril.
Pour cela, la famille du journaliste, représentée par sa mère, sa sœur et le conjoint de celle-ci, a réalisé une vidéo pour sensibiliser le public. Mise en ligne sur YouTube à partir de jeudi soir, elle montre les visages de personnalités françaises, comme les journalistes Elise Lucet, Gilles Bouleau et Florence Aubenas (elle-même otage en Irak en 2005), le groupe de rap IAM ou l’acteur Yvan Attal. Cette vidéo se clôt sur un appel à signer la pétition lancée le 6 janvier, qui revendique plus de 80 000 signatures. « C’est cette pétition qui a permis qu’on parle d’Olivier », estime sa sœur.
Parallèlement, une banderole de soutien sera dévoilée à Montpellier, vendredi à 18 heures, par Reporters sans frontières (RSF), après 19 autres villes ces derniers mois. Une marche est également organisée vendredi à Metz. Et 42 sociétés de journalistes, dont celles de Libération, du Point et de Jeune Afrique, qui emploient Olivier Dubois, ont publié jeudi une lettre ouverte pour plaider sa cause. Elles demandent que sa libération soit « une priorité » de celui ou celle qui sera élu(e) à la présidence de la République française le 24 avril.
Le journaliste indépendant de 47 ans, qui vit et travaille au Mali depuis 2015, a couvert la tourmente sécuritaire traversée par le pays sahélien. Il avait lui-même annoncé son enlèvement dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 5 mai 2021. Il y expliquait avoir été kidnappé le 8 avril à Gao (nord) par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Olivier Dubois est le seul otage français dans le monde depuis la libération, en octobre 2020, de Sophie Pétronin, également enlevée au Mali.
« L’Etat doit informer les familles »
Le 13 mars, une nouvelle vidéo de lui a circulé sur les réseaux sociaux, sans qu’on connaisse sa provenance ni sa date. L’otage, qui apparaît en bonne santé, s’adresse à ses parents, à la mère de ses deux enfants, à ses sœurs et au gouvernement français, auquel il demande de « continuer à faire son possible » pour sa libération. Peu après, le 17 mars, la junte malienne a suspendu la diffusion de la radio RFI et de la chaîne de télévision France 24, dans un contexte de tensions avec la France. Or RFI diffusait régulièrement des messages des proches d’Olivier Dubois à son intention.
« Quatre jours après cette preuve de vie, ça a été une douche froide, puisqu’il qualifiait nos messages sur RFI de “bouffée d’air frais” » dans la vidéo, souligne sa sœur. « Pour lui, c’est une double peine, il n’est plus relié au monde », poursuit Canèle Bernard, qui déplore régulièrement un « manque d’information » de la part du gouvernement français. « Je ne dis pas que l’Etat ne fait rien, mais qu’il doit informer les familles. Sinon, ça laisse supposer qu’il ne se passe peut-être pas grand-chose, et c’est pour ça que nous montons de plus en plus au créneau », assure-t-elle.
« En matière d’enlèvement à caractère terroriste, la discrétion est une condition essentielle », a répondu à l’AFP un porte-parole du Quai d’Orsay. Le ministère des affaires étrangères, via son centre de crise, maintient « un contact très étroit avec tous les membres de la famille d’Olivier Dubois, ses parents et ses sœurs en France, comme son ex-compagne au Mali. Il les accompagne et leur transmet toutes les informations qu’il est en mesure de partager », a-t-il ajouté.
Le Monde et AFP