Julian Assange : la justice britanJulian Assange : la justice britannique autorise la contestation de son extradition vers les Etats-Unis devant la Cour suprêmenique autorise la contestation de son extradition vers les Etats-Unis devant la Cour suprême

jan 26, 2022

L’autorisation de faire appel n’est cependant pas acquise. La Cour suprême doit désormais examiner le dossier du fondateur de WikiLeaks et décider si elle accepte l’audience ou non.

La saga judiciaire n’est pas encore terminée. La Haute Cour de Londres a autorisé, lundi 24 janvier, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, à contester devant la Cour suprême du Royaume-Uni la décision de justice autorisant son extradition vers les Etats-Unis. La Cour suprême doit désormais examiner le dossier et décider si elle accepte l’audience ou non.

La justice britannique avait initialement tranché en faveur de M. Assange, il y a un an, lorsque la juge Vanessa Baraitser s’était opposée à la remise aux autorités américaines de l’Australien, invoquant le risque de suicide. Mais Washington a remporté une victoire majeure en décembre, lorsque les hauts magistrats britanniques ont annulé cette décision, estimant que les Etats-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes de la juge.

L’Australien de 50 ans risque jusqu’à cent soixante-quinze ans de prison aux Etats-Unis pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.

« Aujourd’hui, c’est une victoire partielle », mais « la punition est maintenue » pour M. Assange, détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh « depuis plus de mille jours », a déploré le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, évoquant « des violations graves des droits humains ». Il a dénoncé les poursuites américaines comme « une attaque terroriste flagrante contre la liberté de la presse dans le monde ».

Incarcéré depuis deux ans et demi

Si sa demande à la Cour suprême est rejetée, le fondateur de WikiLeaks aura épuisé un nouveau recours judiciaire. Sa demande d’extradition sera de nouveau transmise à un tribunal britannique avec la recommandation de l’envoyer à la ministre de l’intérieur, Priti Patel, chargée de prendre la décision finale – elle-même susceptible d’être à son tour contestée devant la justice.

« Sauf en cas d’appel, la personne recherchée doit être extradée dans les vingt-huit jours suivant la décision du secrétaire d’Etat d’ordonner l’extradition », précise le site du gouvernement. Incarcéré depuis deux ans et demi, M. Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade de l’Equateur à Londres, où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution.

Il craignait alors une extradition vers les Etats-Unis ou la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol, abandonnées depuis. Lors de l’audience en appel au sujet de son extradition, à la fin d’octobre, les Etats-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de WikiLeaks.

Des partisans d’un asile politique en France

M. Assange a obtenu de porter devant la Cour suprême un unique point de droit, concernant les garanties apportées par un Etat demandeur de l’extradition entre le jugement en première instance et l’appel. C’est justement ces garanties, apportées au cours de l’été, qui avaient permis aux Etats-Unis d’inverser en appel la décision initiale de refuser l’extradition.

Washington a assuré qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée « L’Alcatraz des Rocheuses » – où sont notamment détenus à l’isolement quasi total des membres d’Al-Qaida –, et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Ils ont évoqué aussi la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.

Des garanties qui ont convaincu les juges britanniques, mais pas la fiancée de M. Assange, Stella Morris, qui craint pour sa santé s’il est extradé vers un pays qui a, selon elle, « comploté pour tuer Julian à cause de ce qu’il a publié ».

Mme Morris, avec laquelle M. Assange a eu deux enfants lorsqu’il était reclus à l’ambassade d’Equateur, était présente lundi matin à la Haute Cour de Londres, où elle a donné une conférence de presse après la décision du tribunal. « Notre combat se poursuit. Nous nous battrons jusqu’à ce Julian soit libre », a-t-elle déclaré. L’Australien a reçu le soutien d’une quarantaine de députés français de tous bords qui ont plaidé pour qu’il puisse bénéficier de l’asile politique en France.

Le Monde avec AFP