UPF Monaco- responsabilité et solidarité

oct 21, 2020

Le 17 septembre notre section s’est réunie. Pour cette rentrée, toujours sous le signe de la Covid, nous continuons à consolider, après la réforme de nos statuts, notre dossier pour obtenir un agrément gouvernemental, étape indispensable à une subvention. Nous avons entamé un cycle de réflexions où chacun donnera son sentiment sur le traitement-Presse à Monaco de la Covid 19 et sur la communication gouvernementale. Mais notre objectif, au-delà de nos spécificités, est bien sûr la défense de la liberté de la Presse, plus particulièrement dans  la Francophonie. C’est pourquoi notre section est solidaire des actions engagées par L’Union Internationale de la Presse Francophone pour la libération de notre confrère algérien Khaled Drareni, lourdement condamné en appel le 15 septembre dernier. Pierre Dévoluy grand reporter et, dans notre bureau, chargé des relations internationales avec la Presse francophone, souligne l'importance de ce dossier et de tout ce qu’il implique :

       Khaled Drareni est donc - disent de hautes autorités - une « main de l'étranger » capable de « porter atteinte à l'unité nationale [et] aux affaires relevant de la sécurité de l’État ». Il serait coupable « d'incitation à un attroupement non armé » - une manifestation d'étudiants qu'il filmait. Il serait même un « informateur » : entendez un espion, un agitateur à la solde d'une « puissance étrangère », un de « ces États qui [n']attaquent pas frontalement mais chargent des organisations non gouvernementales de cette mission »... Les ONG ? Khaled est en effet correspondant de Reporters sans frontières ; il est aussi représentant de l'UPF en Algérie, « notre » ONG - dont il possède d'ailleurs une vraie carte de membre journaliste !

       Quel redoutable pouvoir serait donc celui d'un journaliste couvrant en tant que correspondant professionnel reconnu les événements de son pays, qu'il n'a pas quitté, pour des médias peu soupçonnables de propagande déstabilisante et révolutionnaire !

       Deux ans d'emprisonnement, on n'en est pas encore au démembrement et à la dissolution dans l'acide du corps d'un journaliste, méthode pratiquée ailleurs... Et personne n'oublie l'assassinat de cent-un (cent-un !) journalistes algériens, honneur et modèle de la profession, pendant la « décennie noire » : C'est la réalité qu'il montre qui dérange, pas le journaliste. La prison, c'est intolérable pour les nombreuses voix qui s'élèvent partout et pas seulement dans le monde de la Presse. Un groupe d’experts des Droits de l’Homme à l'ONU a condamné le 16 septembre « la peine prononcée contre le journaliste Khaled Drareni » et a appelé les autorités algériennes « à annuler la sentence et à le libérer de prison ». Sur place, ses confrères lui apportent – avec courage puisqu’ils encourent des risques réels – un soutien sans faille et le Collectif de défense de Khaled Drareni a formalisé (avec le consentement du journaliste) un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. Mais, soulignent ces avocats : « Nous sommes tous convaincus que la grâce présidentielle est accordée aux détenus coupables. Drareni est innocent. »

Patrice Zehr
Président de l’UPF Monaco